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Ce catheter est représenté Planche VIII. fig. 2. & la fig. 8. montre la cannelure & la construction ordinaire de la tête de cet instrument. La maniere de s’en servir est expliquée au mot Cathetérisme.

CATHETERISME, s. m. opération de Chirurgie, qui consiste à introduire une sonde dans la vessie, pour s’informer de l’état de ce viscere, tirer l’urine ou le pus qui y séjourne, ou pour y injecter quelque liqueur.

Les sondes avec lesquelles on pénetre dans la vessie se nomment algalies. Voyez Algalie.

Quand on sonde un malade pour la rétention d’urine, il faut le sonder dans son lit, couché sur le dos, la poitrine un peu élevée, les genoux un peu fléchis & écartés. Si on le sonde pour connoître s’il a la pierre, il faut, autant qu’il est possible, le sonder debout, afin que la pierre qui, dans cette attitude, tombe presque toûjours sur l’orifice de la vessie, étant entraînée avec l’urine, soit plus facilement rencontrée par le bout de l’algalie. Souvent on n’a pas reconnu la pierre faute de cette précaution. Si l’on n’a pû se dispenser de sonder le malade dans son lit, il faut quand la sonde sera dans la vessie, le faire tourner & asseoir sur le bord du lit, si son état lui permet de faire ces mouvemens.

La principale condition pour bien sonder est d’avoir une parfaite connoissance de la figure & de la courbure du canal de l’urethre ; il faut en outre de l’adresse & de l’habitude pour y réussir.

Il y a deux manieres de sonder les hommes ; l’une qu’on appelle par-dessus le ventre ; & l’autre, par le tour de maître. Pour sonder par-dessus le ventre, le Chirurgien placé au côté gauche du malade, tenant le manche de l’algalie avec la main droite, introduit le bec de cet instrument dans l’urethre, la verge étant renversée sur le ventre, & tenue par la main gauche du Chirurgien. Dans ce cas, il ne s’agit que de suivre doucement la route du canal pour entrer dans la vessie en relevant le manche de la sonde, & baissant la verge lorsque l’extrémité antérieure, ou bec de l’instrument, doit passer sous l’os pubis : l’algalie doit être graissée d’huile afin de couler plus aisément dans l’urethre.

Pour sonder par le tour de maître, le dos de la sonde regarde le ventre, & son manche est tourné du côté des genoux du malade ; le Chirurgien doit être placé à droite ; il soutient la verge avec trois doigts de la main gauche à l’endroit de la couronne du gland, évitant de comprimer l’urethre, qui est placé sous le corps caverneux. Il prend sa sonde bien graissée, & l’ayant conduite doucement jusqu’à la racine de la verge, il lui fait faire un demi-tour en la penchant conjointement avec la verge vers l’aine droite, & en conduisant le manche sur le ventre ; il le baisse ensuite pour que le bec puisse passer sous l’os pubis & pénétrer dans la vessie. Dans ces différens mouvemens, l’algalie doit être poussée dans la verge, & la verge doit être tirée sur l’algalie ; il faut qu’il y ait un concert entre les deux mains du Chirurgien pour réussir à cette opération.

Si, la sonde étant prête d’entrer dans la vessie, on sent quelqu’obstacle, il ne faut rien forcer de crainte de faire de fausses routes, qui rendent ensuite l’introduction de la sonde fort difficile, & quelquefois même impossible : mais il faut retirer la sonde de la largeur d’un travers de doigt, & la repousser ensuite doucement pour tâcher de trouver la vraie route.

Si la difficulté de sonder venoit de l’inflammation, une ou deux saignées prépareroient efficacement à cette opération ; je n’ai souvent réussi à sonder qu’après avoir usé de ce moyen. Si les obstacles sont insurmontables, on fait la ponction à la vessie. Voyez Ponction.

La difficulté d’introduire la sonde dans toute la continuité du canal de l’urethre est un signe d’obstacle dans ce conduit. Voyez Carnosité.

Il est plus facile de sonder les femmes, que les hommes, parce que le conduit de l’urine est plus large, fort court & presque droit ; il faut écarter les levres & les nymphes, & introduire la sonde à femme dans l’orifice de l’urethre ; le bout qui est légerement recourbé étant tourné du côté du pubis, on la pousse doucement dans la vessie. J’ai eu occasion pendant mon séjour à l’hôpital de la Salpêtriere, de sonder un grand nombre de femmes, où j’ai observé quelques difficultés. La plus commune vient de la descente de matrice : pour peu que cet organe soit un peu plus bas qu’il ne doit être naturellement, la vessie entraînée par son adhérence au vagin, forme un pli qui empêche l’introduction de la sonde ; il ne faut dans ce cas qu’étendre un peu les parties en introduisant le doigt index de la main gauche dans le vagin ; la sonde entre alors avec facilité. C’est une petite attention sans laquelle néanmoins on peut se trouver dans l’impossibilité de ne soulager une personne qui souffre cruellement, qu’en employant des moyens douloureux tels que la ponction. (Y)

CATHOLICITÉ, s. f. (Théologie.) est un des caracteres de la vraie Eglise, c’est-à-dire son universalité à tous les tems, à tous les lieux, & à toutes sortes de personnes.

La catholicité de l’Eglise se tire, selon nos Théologiens, de quatre chefs principaux : 1°. de l’universalité des lieux dans lesquels l’Eglise est répandue : 2°. de l’universalité des tems dans lesquels elle a subsiste, & de ceux où elle subsistera : 3°. de l’universalité de la doctrine qu’elle a enseignée sans mêlange & sans altération : 4°. enfin de l’universalité des personnes de tout sexe, de tout âge, de toute condition, qui sont entrées dans son sein.

On a prouvé contre les Protestans, que l’Eglise Romaine avoit toûjours eu ces quatre marques. Cependant lorsqu’on parle de sa catholicité ou de son universalité en tous lieux & à toutes sortes de personnes, on convient que ce terme ne doit pas s’entendre d’une universalité physique & absolue, mais d’une universalité morale & relative, ensorte que la société des Catholiques Romains a toûjours contenu & contient encore infiniment plus de personnes, & s’étend en beaucoup plus de lieux qu’aucune des sectes qui se sont séparées d’elle.

Catholicité se prend aussi quelquefois pour la doctrine catholique & l’attachement d’une personne à cette doctrine. Un véritable fidele doit toûjours être prêt à donner des preuves non suspectes de sa catholicité. Voyez Orthodoxie. (G)

CATHOLICON (Pharmacie.) épithete de certains électuaires anciens qu’on regardoit comme universels, ou comme purgeant toutes les humeurs. Voyez Électuaire.

On trouve dans les auteurs différentes descriptions de ces électuaires : voici celui dont on donne la description dans la Pharmacopée de Paris, sous le nom de catholicon double de rhubarbe, qu’on appelle ordinairement de Nicolas. Prenez racine de polypode de chêne coupée par petits morceaux, une demi-livre ; racine de chicorée, deux onces ; semence de fenouil, une once & demie ; feuilles d’aigremoine & de scolopendre, de chacune trois onces.

Faites bouillir à petit feu dans huit livres d’eau commune réduites à moitié, passez en pressant, & faites cuire le tout en consistance d’électuaire : retirez-le du feu & y ajoûtez ensuite pulpe de casse & de tamarins, de chacune quatre onces. Joignez ensuite peu à peu la poudre de rhubarbe à la quantité de quatre onces ; de feuilles de sené mondé, de se-