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un qui produit les meilleurs effets, & qu’il a communiqué à la société royale de cette ville dont il est membre. La connoissance de la cause de la maladie fournira toûjours des vûes efficaces à un praticien suffisamment éclairé. J’ai réussi à vaincre quelques obstacles, & à mettre l’urethre en suppuration avec des bougies, couvertes d’un mêlange d’emplâtres de Vigo cum mercurio, & de diachylam cum gummis, parties égales. Lorsque le conduit a été parfaitement libre, j’ai procuré la cicatrice des ulceres avec des bougies couvertes d’emplâtre de pierre calaminaire.

Aquapendente, au chap. xiv. du livre III. des Ulceres & Fistules, décrit la méthode curative des carnosités de l’urethre. Les personnes de l’art ne lisent point ce qu’on en dit sans en tirer quelque fruit.

Les bougies suppuratives ne sont point capables de détruire les cicatrices, & de remédier aux rétrécissemens de l’urethre par le gonflement du tissu spongieux. Dans quelques-uns de ces cas, il faut avoir recours à l’usage des dilatans, & dans d’autres aux cathérétiques ; remedes dont l’application demande beaucoup de prudence & de circonspection. On trouve un mémoire de M. Petit, dans le I. volume des Mémoires de l’académie royale de Chirurgie, où l’on voit comment ce grand Chirurgien a guéri des rétrécissemens de l’urethre par l’usage des médicamens, & par opération.

Ambroise Paré, qui a fort bien traité des carnosités dans les chap. xxiij. & suiv. de son XIX. livre, propose des sondes tranchantes pour franchir l’obstacle qu’apportent les cicatrices de l’urethre. M. Foubert vient de rétablir & de perfectionner l’usage de ces sondes, que les modernes avoient méprisées. Une personne qui avoit dans l’urethre un obstacle sur lequel les bougies de M. Daran n’agissoient point, consulta, de concert avec ce Chirurgien, plusieurs maîtres de l’art. On ne put jamais parvenir à la sonder. M. Foubert qui fut appellé ensuite, examina attentivement ce qui se passoit lorsque le malade faisoit des efforts pour uriner : il tenoit l’extrémité de sa sonde sur l’obstacle ; & tâtant extérieurement la continuité de l’urethre, il observa que l’urine n’étoit retenue que par une cloison. Il promit de sonder le malade & de le guérir. Il demanda huit jours pour combiner les moyens convenables. Il fit armer une algalie d’une pointe de trocar, qui au moyen d’un stylet, pouvoit être poussée hors de la sonde, ou y rester cachée. M. Foubert introduisit cette sonde dans l’urethre la pointe renfermée ; ayant posé l’extrémité de l’algalie sur l’obstacle, il poussa le stylet, fit sortir la pointe du trocar, & perça le diaphragme contre nature, qui bouchoit la plus grande partie du canal. Il retira la pointe du trocar dans l’algalie, qu’il poussa ensuite très-facilement jusque dans la vessie. Le malade est parfaitement guéri par la cicatrice qui s’est formée pendant qu’on tenoit une sonde d’un diametre convenable dans le conduit de l’urine.

Les autres vices de l’urethre exigent des soins & des opérations particulieres. Voyez Rétention d’urine. (Y)

* CARNUTES, s. m. plur. (Hist. anc. & Géog.) anciens peuples des Gaules. On dit qu’ils habitoient le pays Chartrain.

CARO FOSSILIS, (Hist. nat. & Minéralogie.) M. Henckel, dans ses Opuscules minéralogiques, dit qu’on appelle ainsi une espece d’amiante, qui se trouve près de Dannemore en Norwege, qui a la propriété de rougir au feu & d’en être pénétré ; ce qui le diminue : mais il ne perd point pour cela la vertu de faire feu avec l’acier, comme un caillou ou une pierre à fusil. (—)

CAROCHA, s. f. (Hist. mod.) nom que les Espagnols & les Portugais donnent à une espece de mitre faite de papier ou de carton, sur laquelle on

peint des flammes de feu & des figures de démons, & qu’on met sur la tête de ceux qui ont été condamnés à mort par le tribunal de l’inquisition. Voyez Inquisition. (G)

CAROLINE, s. f. (Commerce.) monnoie d’argent de Suede, sans effigie, ni cordon, ni marque sur tranche ; ayant pour légende, si Deus pro nobis quis contra : elle vaut, argent de France, dix-neuf sous deux deniers.

Caroline, (la) Géog. contrée de l’Amérique septentrionale appartenante aux Anglois : on la divise en septentrionale & méridionale : elle contient six provinces. Elle est bornée au nord par la Virginie, au midi par la nouvelle Géorgie, à l’est par la mer, & à l’ouest par les monts Apalathes. Ce pays est très-fertile. La capitale est Charlestown.

CAROLINS, adj. pris s. (Hist. ecclés.) nom qu’on donna à quatre livres composés par l’ordre de Charlemagne en 790, pour réfuter le second concile de Nicée.

Ce concile avoit fait plusieurs decrets contre les Iconoclastes sur le culte des images ; decrets très-catholiques, mais qui ayant été envoyés mal traduits aux évêques assemblés à Francfort pour la même cause, & par ordre de Charlemagne, leur parurent contenir une doctrine jusqu’alors inoüie, & qui tendoit à faire rendre aux images un culte fort approchant de celui qu’on rend à Dieu même. Cette erreur de fait engagea Charlemagne à faire composer ces quatre livres, qui contiennent cent vingt chefs d’accusation contre les Grecs. Ces livres furent envoyés au pape Adrien I. à qui ils furent présentés par Angilbert, abbé de Centule. Adrien récrivit à Charlemagne pour soûtenir les décisions du concile de Nicée : mais on persista en France à les rejetter, parce qu’on ne les entendoit pas ; opposition qui cessa pourtant lorsqu’on eut démêlé la véritable pensée des Grecs, & réduit à leur juste sens des expressions qui avoient paru outrées, & révolter les esprits. Aussi les prétendus réformés n’ont-ils jamais pû tirer aucun avantage réel, ni des décisions du concile de Francfort, ni des livres carolins.

On a douté de la vérité & de l’antiquité de ces livres, lorsque M. du Tillet, évêque de Meaux, les donna pour la premiere fois en 1549 sous le nom d’Eliaphilyra ; parce qu’on crut qu’ils avoient été supposés par les nouveaux sectaires, dont ils paroissoient favoriser extrèmement les opinions. Quelques-uns les attribuoient à Angilram, évêque de Metz ; d’autres à Alicuin ; & d’autres enfin à tous les évêques assemblés à Francfort : mais quoiqu’on n’en connoisse pas le véritable auteur, il est certain qu’ils ont été écrits du tems de Charlemagne, comme il paroît par la réponse du pape Adrien, par les conciles de Francfort & de Paris, par le temoignage d’Hincmar, qui les cite, & par les divers manuscrits anciens qu’on en a recouvrés. Dupin, Biblioth. des auteurs ecclésiast. du huitieme siecle. (G)

CAROLUS, s. m. (Com.) ancienne monnoie de billon de France frappée sous différens regnes, à différent titre & valeur. Les premiers carolus furent fabriqués sous le regne de Charles VIII. & valoient dix deniers : ils augmenterent sous les regnes suivans, revinrent à leur premiere valeur, puis cesserent d’avoir cours.

Il y a eu beaucoup de différens carolus dans plusieurs états de l’Europe, mais presque tous ont été de billon tenant argent au plus haut titre de cinq deniers deux grains, & au plus bas de deux deniers, si l’on en excepte le carolus d’Angleterre, &c.

Carolus, ancienne piece d’or assez grosse frappée en Angleterre sous Charles I. dont elle porte l’image & le nom ; sa valeur a été de vingt-trois schelins, quoiqu’on dise qu’au tems où elle a été frappée