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de rélâcher pendant leur route dans un des ports des assiégeans, il doit être porté dans la capitulation, qu’ils y seroient reçûs, & qu’on leur fourniroit tous les secours dont ils auroient besoin pour les mettre en état de continuer leur route ; ils doivent aussi être munis de passe-ports, & en un mot avoir toutes les sûretés qu’on peut exiger pour n’être point insultés par les vaisseaux ennemis, & se rendre sans aucun obstacle dans le port qui leur sera indiqué. Défense des places, par M. Le Blond. (Q)

* CAPIVAR, (Hist. nat. Zoologie.) animal quadrupede & amphibie. Il ressemble par le corps à un cochon : mais sa tête est comme celle d’un lievre ; il n’a point de queue ; il se tient ordinairement assis sur ses pattes de derriere, à peu près comme les singes. On en trouve beaucoup sur les côtes du Bresil. Cet animal se tient communément dans la mer pendant la journée ; il ne vient à terre que durant la nuit. Il fait un grand tort aux arbres & aux plantations, attendu qu’il arrache les arbres & en ronge les racines. On assûre qu’il est fort bon à manger.

CAPNOBATES, s. m. pl. (Hist. anc.) surnom que l’on donna anciennement aux Mysiens, peuples d’Asie, parce qu’ils faisoient une profession particuliere d’honorer les dieux, & qu’ils s’employoient uniquement à leur culte. Selon Strabon, ils s’abstenoient de toute autre occupation, ne mangeoient point de chair, ni rien de ce qui avoit été animé, & vivoient simplement de miel & de laitage. Καπνὸς, en Grec, signifie fumée ; & comme la fumée de l’encens entroit pour beaucoup dans les cérémonies de la religion payenne, on pense que c’est de là que ces peuples ont eu le nom de Capnobates. (G)

CAPNOIDES, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur polypétale, irréguliere, semblable à celle de la fumeterre. Le pistil sort du calice, & devient une silique cylindrique, composée de deux panneaux assemblés sur un chassis auquel sont attachées quelques semences arrondies. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

CAPNOMANCIE, s. f. divination dans laquelle les anciens observoient la fumée pour en tirer des présages.

Ce mot est Grec, & formé de καπνὸς, fumée, & de μαντεία, divination.

On distinguoit deux sortes de capnomancie ; l’une qui se pratiquoit en jettant sur des charbons ardens des graines de jasmin ou de pavot, & en observant la fumée qui en sortoit. L’autre qui étoit la principale & la plus usitée, consistoit à éxaminer la fumée des sacrifices. C’étoit un bon augure quand la fumée qui s’élevoit de l’autel étoit légere, peu épaisse, & quand elle s’élevoit droit en haut, sans se répandre autour de l’autel. Théophraste, sur le prophete Osée, remarque que les Juifs étoient aussi adonnés à cette superstition. On pratiquoit encore la capnomancie en humant ou respirant la fumée qu’exhaloient les victimes, ou celle qui sortoit du feu qui les consumoit ; comme il paroît par ces vers de la Thébaïde de Stace, où le poëte dit du devin Tirefias :

Ille coronatos jamdudum amplectitur ignes,
Fatidicum sorbens vultu flagrante vaporem.

On pensoit sans doute que cette fumée donnoit des inspirations prophétiques. Delrio, Disquisit. magic. lib. IV. chap. ij. quæst. 7. sect. 1. pag. 552. (G)

CAPO-BLANCO, (Géog.) cap de l’Amérique, dans la mer du Sud, à la partie occidentale de l’isthme de Panama.

CAPO-D’ISTRIA, (Géog.) ville considérable d’Italie, dans l’Istrie, sur le golfe de Trieste, & à trois lieues de la ville de ce nom. Long. 31. 35. lat. 45. 48.

CAPOLETTO, (Géog.) ville & port d’Asie, dans la Géorgie, sur la mer Noire.

CAPOLINIERI, (Géog.) petite ville d’Italie sur l’île d’Elba, dans la mer de Toscane.

CAPOLLIN, (Hist. nat. bot.) arbre qui croît au Méxique. Sa grosseur est médiocre ; il a la feuille de notre amandier ; ses fleurs sont en bossettes, pendantes ; son fruit est tout semblable à la cerise. L’arbre fleurit au printems, & porte fruit en été. On fait de sa baie une boisson, & une sorte de pain dont on use dans les tems de disette. On distingue trois especes de capollin.

CAPON, s. m. (Marine.) c’est une machine composée d’une corde & d’une grosse poulie, à quoi l’on joint un gros croc de fer, dont l’usage est de lever l’ancre lorsqu’elle paroît hors de l’eau, & de saisir l’orin, ou cordage, qui répond à l’arganeau de la bouée & à la croisée de l’ancre.

Croc de capon, servent à caponner l’ancre.
Poulie de capon,

CAPONNER l’ancre, (Marine.) c’est accrocher l’arganeau de l’ancre avec le croc du capon, pour la hisser ou tirer au bossoir.

CAPONNE, terme de commandement qu’on fait à ceux de l’équipage destinés à lever l’ancre, pour les faire haler sur le capon, afin de mettre l’ancre en place. (Z)

CAPONNIERE, s. f. en terme de Fortification, est une espece de double chemin couvert, large de douze à quinze piés, construit au fond du fossé sec, vis-à-vis le milieu de la courtine. Elle occupe toute la largeur du fossé en cet endroit ; c’est-à-dire, qu’elle aboutit à l’angle rentrant de la contrescarpe. Elle est palissadée de part & d’autre ; & son parapet, qui est seulement élevé de trois piés au dessus du niveau du fossé, va se perdre en pente douce ou en glacis, dans le fossé, à dix ou douze toises de son côté intérieur. Son terre-plein est creusé de trois piés dans le fossé : ainsi toute la hauteur de son parapet est de six piés. Elle a des banquettes comme le chemin couvert.

Pour construire la caponniere, il faut tirer les lignes de défense EH, GF, (Pl. I. de l’Art milit. fig. 11.) pour avoir l’angle flanquant CBD ; de son sommet B, tirer au sommet A de l’angle rentrant de la contrescarpe, la ligne BA ; mener de part & d’autre des paralleles à cette ligne, à la distance de six ou sept piés, terminées d’un côté par la contrescarpe, & de l’autre par les lignes de défense, & l’on aura la caponniere tracée.

On construit souvent des caponnieres dans le fossé sec, quoiqu’il n’y ait point de tenailles : mais alors on substitue à la tenaille ordinaire une espece de tenaille simple OBP, qui consiste en une élévation de terre de 8 ou 9 piés le long des parties OB, BP des lignes de défense. Elle va se perdre en glacis dans le fossé à la distance de 10 ou 12 toises. On donne une ou deux banquettes à cette espece de tenaille, qui a le même usage que la tenaille ordinaire. Voyez Tenaille.

Le principal usage de la caponniere qu’on vient de décrire, est de défendre directement le passage du fossé des faces des bastions, & de donner un passage sûr au soldat pour aller de la place dans les ouvrages extérieurs. Afin qu’il ne soit point découvert en sortant de la caponniere, on coupe ordinairement la contrescarpe dans son angle rentrant, par une ligne IK, (Pl. I. de l’Art milit. fig. 11.) parallele à la courtine. On pratique aussi quelquefois pour le même sujet, un petit enfoncement LMNK dans cet endroit auquel on donne différentes figures.

On couvroit autrefois le dessus de la caponniere par de forts madriers, qui sont des planches très-épaisses, & on mettoit beaucoup de terre sur ces madriers. On pratiquoit de petites ouvertures dans