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tenir ; parce qu’au retour de la flotte, il les fait enfermer avec ceux de sa hautesse. Les contributions qu’il exige dans les lieux où il passe, augmentent considérablement ses revenus casuels. Guer, Mœurs & usag. des Turcs, tom. II. (G)

CAPITANATE, (la) Géog. province d’Italie au royaume de Naples, bornée au nord & à l’orient par le golfe de Venise ; à l’occident par le comté de Molise ; au midi par la principauté ultérieure, la Basilicate, & la terre de Bari. Lucera delli Pagani en est la capitale.

CAPITANE, galere capitane, (Marine). Les puissances maritimes, & les états souverains qui n’ont pas le titre de royaume, donnent le nom de galere capitane à la principale de leurs galeres.

Depuis la suppression de la charge de capitaine général des galeres de France, il n’y a plus eu de galere capitane. La principale a été nommée réale, & la seconde patrone. La galere capitane porte trois fanaux posés en ligne courbe, & non pas en droite ligne comme ceux de la réale. (Z)

CAPITATION, s. f. (Finance.) est un droit annuel qui se leve sur tous les bourgeois ou habitans des villes, à raison de leur état & de leurs facultés. On leve sur les paysans ou habitans de la campagne un droit à peu-près semblable, qu’on appelle taille. Voyez Taille.

En France, la capitation est un droit très-distingué de la taille, & que payent toutes les personnes taillables ou non-taillables.

C’est proprement une taxe ou une imposition qui se leve sur chaque personne à raison de son travail, de son industrie, de sa charge, ou de son rang. Personne n’en est exempt en France, pas même les princes du sang.

Cette espece de tribut en général est fort ancien, & répond à ce que les Grecs appelloient κεφαλιτίων, les Latins capita ou capitatio, ou tributum capitis ou capitulare ; ce qui distinguoit les taxes sur les personnes, des taxes sur les marchandises qu’on nommoit vectigalia. Voyez Droit & Taxe.

On appelle encore capitation une taxe qu’on impose par tête dans certains besoins de l’état.

La capitation est encore aujourd’hui la taille des Turcs. Elle n’a commencé sous Loüis XIV. qu’en 1695, & l’édit qui en ordonne l’imposition est du 18 Janvier de la même année. Le Roi avoit promis de la supprimer après la paix : mais les besoins continuels de l’état ne l’ont pas encore permis. Larrey, Hist. de Loüis XIV. tom. VI. Les ecclésiastiques ne payent point de capitation, mais ils en donnent l’équivalent sous d’autres titres. (G)

Capitation, en Angleterre, est une taxe imposée par l’autorité du parlement sur chaque personne ou tête, sur tout le monde indifféremment, ou suivant quelque marque de distinction reconnue, telle que la qualité, le métier, &c. Voyez Taxe.

Ainsi par le reglement ou le statut xviii. de Charles II. chaque sujet du royaume d’Angleterre fut cotisé par tête suivant son degré. Un duc payoit cent livres, un marquis quatre-vingts livres, un baronet trente livres, un chevalier vingt livres, un écuyer dix livres, & toute personne roturiere douze deniers.

Il paroît par d’anciens actes du parlement, que ce reglement n’établit pas une nouvelle taxe, comme on le peut voir particulierement par celui qui parut l’an 1380, qui porte : Quilibet tam conjugatus quam solutus, utriusque sexûs, pro capite suo solvere cogebatur. Walsingham.

Camden, dans les ouvrages qui nous restent de lui sur la monnoie, dit qu’il y avoit anciennement un tribut personnel appellé capitatio, imposé sur chaque tête ; sur les femmes depuis l’âge de douze ans, & sur les hommes depuis l’âge de quatorze ans.

CAPITE, lit de vaisseau. Voyez Cajutes. (Z)

CAPITELLO, (Géog.) petite riviere de l’île de Corse, qui se jette dans le golfe d’Ajazzo.

CAPITOLE, s. m. (Hist. anc. & mod.) forteresse de l’ancienne Rome, bâtie sur le mont Tarpeien, où il y avoit un temple de Jupiter surnommé de là Capitolin : le sénat s’y assembloit ; & aujourd’hui c’est une maison-de-ville où les conservateurs du peuple Romain ont leur tribunal. Les Italiens l’appellent campidoglio.

On prétend que ce nom de capitole vint d’une tête d’homme encore fraîche & saignante, trouvée dans la terre lorsqu’on creusa les fondemens de cette forteresse sous Tarquin l’ancien, l’an de Rome 139. Arnobe ajoûte que cet homme dont on trouva la tête, se nommoit Tolus, d’où l’on a fait capitole, quasi à capite Toli. Servius, successeur de Tarquin, fit élever l’édifice, & Tarquin le superbe l’acheva en 221. mais il ne fut consacré que trois ans après l’expulsion des rois & l’établissement du consulat. Horace alors revêtu de la dignité consulaire, en fit la dédicace l’an de Rome 246.

Le capitole étoit composé de trois parties, un vaste bâtiment ou temple au milieu, consacré à Jupiter, & deux ailes dédiées l’une à Junon, l’autre à Minerve. On y montoit par cent degrés, selon Juste Lipse, y compris ceux qui facilitoient l’abord de la roche Tarpéienne. Le frontispice & les côtés étoient environnés de galeries ou portiques, dans lesquelles les vainqueurs qui avoient obtenu l’honneur du triomphe, donnoient au sénat un repas splendide, après avoir sacrifié aux dieux. C’étoit au capitole que les triomphateurs terminoient leur marche. Les dedans & les dehors de cet édifice étoient extrèmement ornés, sur-tout le temple, où brilloit la statue de Jupiter avec la foudre, le sceptre, & la couronne d’or. On voyoit encore dans le capitole un temple de Jupiter Gordien, un de Junon, l’hôtel de la monnoie. Sur la pente de la montagne étoient le temple de la Concorde, & plus de cinquante autres moindres consacrés à différentes divinités.

Ce bel édifice renfermoit les dépôts les plus sacrés de la religion, comme les livres des Sibylles, les anciles ou boucliers tombés du ciel. Il fut brûlé du tems de Sylla. Un nouvel incendie le consuma sous Vitellius, & Vespasien le rétablit. Il éprouva le même sort sous Tite, & Domitien en répara les ruines.

A l’imitation de Rome diverses villes, & sur-tout les colonies Romaines, voulurent avoir leur capitole, soit temples, soit forteresses. Constantinople, Jérusalem, Carthage, Milan, Ravenne, Verone, Ausbourg, Treves, Cologne, Nismes, Reims, Toulouse, se conformerent à cet égard à la capitale de l’empire. On croit communément que les capitouls ou juges-consuls de Toulouse ont tiré leur nom du capitole érigé dans leur ville. (G)

CAPITOLINS, adj. pl. (Hist. anc.) jeux capitolins, ludi capitolini. Camille les institua en mémoire de la levée du siége du capitole par les Gaulois, ou plûtôt de ce que le cri des oies avoit empêché ces barbares de surprendre cette citadelle. On les célébroit tous les ans en l’honneur de Jupiter Capitolin. Plutarque dit qu’une partie de ces jeux consistoit en ce que les crieurs publics mettoient les Etruriens à l’enchere, & qu’on prenoit un vieillard qu’on habilloit avec la robe prétexte & une bulle d’or au cou pour représenter les rois d’Etrurie ; origine qui ne paroît pas avoir beaucoup de rapport à l’évenement que Camille avoit prétendu retracer dans l’institution de ces jeux.

Domitien en institua de nouveaux, nommés agones capitolini, dans lesquels non-seulement les lutteurs, les gladiateurs, les conducteurs de chars, & les autres athletes s’exerçoient, mais encore les poë-