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me de Naples, dans l’Abruzze. Long. 31. 30. lat. 42. 38.

CAMPNER-DAHLER, écu de Campen, (Comm.) c’est une piece d’argent qui a cours dans les provinces-unies des Pays-bas, qui vaut 28 stuyvers d’Hollande, & environ 57 sous monnoie de France.

CAMPO, (Géog.) petite ville d’Italie, de la dépendance de la république de Genes.

Campo d’Andevalo, (Géog.) petit pays d’Espagne, dans l’Andalousie, sur les frontieres du Portugal.

Campo di Montiel, (Géog.) petit district d’Espagne, dans la partie méridionale de la nouvelle Castille.

Campo di S. Pietro, (Géog.) petite ville d’Italie, dans le Padoüan, sur la riviere de Muson.

Campo Major, (Géog.) petite ville de Portugal, dans la province d’Alentejo. Long. 11. 17. lat. 38. 50.

CAMPOLI, (Géog.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure, sur les frontieres de la Marche d’Ancone.

CAMPREDON, (Géog.) ville d’Espagne, dans la Catalogne, au pié des Pyrénées.

* CAMQUIT, (Hist. nat. bot.) fruit du royaume de Tonquin, semblable à une orange, mais qui n’est pas si grand que le cam-chain ; sa couleur est d’un rouge foncé ; sa pelure est fort mince ; elle est aussi rouge en-dedans, & ne le cede à aucun fruit en délicatesse : mais ce fruit est fort mal-sain & donne la dyssenterie.

CAMSUARE, (Géog.) province de l’Amérique méridionale, habitée par differens peuples.

CAMUL, (Géog.) ville d’Asie, à l’extrémité du royaume de Cialis, sur les frontieres de celui de Tanguth. Long. 115. 40. lat. 37. 15.

CAMULE, sub. m. (Myth.) nom que les Saliens donnoient à Mars. Il est représenté dans les monumens avec la pique & le bouclier.

CAMUS ou CAMARD, qui a le nez court ou creux, & enfoncé vers le milieu. Voyez Nez.

Les Tartares font grand cas des beautés camuses ; Rubruquis observe que la femme du grand cham Ienghis, beauté qui fit beaucoup de bruit en son tems, n’avoit pour tout nez que deux petits trous. (H)

Ce Rubruquis étoit un religieux envoyé par saint Loüis, pour convertir le cham des Tartares ; nous avons la relation de son voyage, qui est très-curieuse, sur-tout pour des philosophes. (O)

Camus, cheval camus, est celui qui a le chamfrain enfoncé. Voyez Chamfrain.

CANA, (Géog. sainte.) ville de Galilée, dans la tribu de Zabulon, où Jesus-Christ a fait plusieurs miracles. Ce n’est plus qu’un village peuplé de Mahométans. Sainte Helene avoit consacré ce lieu par une église & par un seminaire ; l’église a été transformée en mosquée, & le seminaire en un logement de santons.

CANADA ou CANADE ; (Hist. mod.) on nomme ainsi la mesure de vin ou d’eau qu’on donne par jour sur les vaisseaux Portugais à chaque matelot ou homme de l’équipage.

Canada ou Nouvelle France, (Géog.) pays fort vaste de l’Amérique septentrionale, borné à l’est par l’Océan, à l’ouest par le Mississipi, au sud par les colonies Angloises, & au nord par des pays deserts & inconnus. Ce pays est habité par plusieurs nations sauvages, qui ne vivent que de la chasse & de la pêche. Outre ces nations, les François y ont des établissemens considérables, & on y fait un grand commerce de pelleteries, que les sauvages apportent en quantité du produit de leur chasse. Le Canada est rempli de forêts, & il y fait très-froid. Les sauvages qui habitent ce pays adorent le soleil & un premier

esprit, qu’ils regardent comme au-dessus de lui. La capitale du Canada est Québec. Voyez Canadiens.

CANADELLE, s. f. (Hist. nat. Ichthyolog.) petit poisson de mer, qui est nommé sacchetto à Venise, & qui est peut-être le channadella de Belon & de Rondelet. Il est semblable à la perche d’eau douce pour la figure, les couleurs, & les bandes transversales. Les nageoires sont comme celles de la mendole ; celle du dos a une tache noire à sa partie supérieure au-delà des aiguillons : cette marque est particuliere à la canadelle, & pourroit la faire distinguer de tout autre poisson. Le bec est pointu, & la bouche grande en comparaison du corps. La mâchoire du dessous est un peu plus grande que celle du dessus ; elles sont l’une & l’autre garnies de petites dents : il y a aussi sur le palais un espace triangulaire rude au toucher. L’iris des yeux est de couleur d’argent : les nageoires du ventre sont noirâtres : la queue est fourchue & traversée par des lignes de couleur d’or. Les écailles de ce poisson sont très-petites. Willughby, Hist. piscium. Voyez Poisson. (I)

CANADIENS (Philosophie des). Nous devons la connoissance des sauvages du Canada au baron de la Hontan, qui a vécu parmi eux environ l’espace de dix ans. Il rapporte dans sa relation quelques entretiens qu’il a eus sur la religion avec un de ces sauvages ; & il paroît que le baron n’avoit pas toûjours l’avantage dans la dispute. Ce qu’il y a de surprenant, c’est de voir un huron abuser assez subtilement des armes de notre dialectique pour combattre la religion Chrétienne ; les abstractions & les termes de l’école lui sont presque aussi familiers qu’à un Européen qui auroit médité sur les livres de Scot. Cela a donné lieu de soupçonner le baron de la Hontan d’avoir voulu jetter un ridicule sur la religion dans laquelle il avoit été élevé, & d’avoir mis dans la bouche d’un sauvage les raisons dont il n’auroit osé se servir lui-même.

La plûpart de ceux qui n’ont point vû ni entendu parler des sauvages, se sont imaginés que c’étoient des hommes couverts de poil, vivant dans les bois sans société comme des bêtes, & n’ayant de l’homme qu’une figure imparfaite : il ne paroît pas même que bien des gens soient revenus de cette idée. Les sauvages, à l’exception des cheveux & des sourcils que plusieurs même ont soin d’arracher, n’ont aucun poil sur le corps : car s’il arrivoit par hasard qu’il leur en vînt quelqu’un, ils se l’ôteroient d’abord jusqu’à la racine. Ils naissent blancs comme nous ; leur nudité, les huiles dont ils se graissent, & les différentes couleurs dont ils se fardent, que le soleil à la longue imprime dans leur peau, leur hâlent le teint. Ils sont grands, d’une taille supérieure à la nôtre, ont les traits du visage fort réguliers, le nez aquilin ; ils sont bien faits en général, étant rare de voir parmi eux aucun boiteux, borgne, bossu, aveugle, &c.

A voir les Sauvages du premier coup d’œil, il est impossible d’en juger à leur avantage, parce qu’ils ont le regard farouche, le port rustique, & l’abord si simple & si taciturne, qu’il seroit très-difficile à un Européen qui ne les connoîtroit pas, de croire que cette maniere d’agir est une espece de civilité à leur mode, dont ils gardent entre-eux toutes les bienséances, comme nous gardons chez nous les nôtres, dont ils se moquent beaucoup. Ils sont donc peu caressans, & font peu de démonstrations : mais nonobstant cela ils sont bons, affables, & exercent envers les étrangers & les malheureux une charitable hospitalité, qui a dequoi confondre toutes les nations de l’Europe. Ils ont l’imagination assez vive : ils pensent juste sur leurs affaires : ils vont à leur fin par des voies sûres : ils agissent de sang froid & avec un phlegme qui lasseroit notre patience. Par raison d’honneur & par grandeur d’ame, ils ne se fâchent pres-