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des nœuds des tiges. Tournefort, Inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

On a donné ce nom François à la plante appellée gallium luteum, à cause de la propriété que l’on lui a découverte de faire cailler le lait. On se sert du caillelait contre l’épilepsie, en le donnant en poudre le matin à jeun, à la dose d’un gros ; ou bien on fait prendre quatre onces de son suc dans une chopine d’eau commune ; ou enfin on fait bouillir une poignée de cette plante dans une pareille quantité d’eau.

On lui donne aussi la propriété d’arrêter les hémorrhagies, sur-tout celle du nez, en la mettant en poudre, & la prenant comme du tabac.

Nota, que lorsqu’on fait une infusion de gallium luteum ou caillelait, on doit la faire à froid, parce qu’en la mettant dans l’eau bouillante comme le thé, elle perd beaucoup de sa vertu. Il faut donc la mettre infuser le soir pour la prendre le lendemain. (N)

CAILLER, v. n. p. (Chimie) Cailler & coaguler sont mots synonymes ; cependant cailler ne se dit ordinairement que du sang & du lait, & plus particulierement du lait. On ne peut dire, en parlant d’autres liqueurs, qu’elles se caillent, ou qu’on les fait cailler ; on se sert alors du terme de coaguler. On peut, en parlant du sang, se servir également du terme de coaguler, & de celui de cailler : mais en parlant du lait, cailler est un terme plus propre que coaguler, soit que cela se fasse par la chaleur, par la presure, &c. Voyez Lait-pris & Petit-Lait.

On dit aussi quelquefois en Chimie, en parlant du changement qui arrive à certaines dissolutions, qu’elles se caillent, comme il arrive à la dissolution d’argent faite par l’acide du nitre, qui se caille lorsqu’on y ajoûte de l’acide du sel marin, & il s’y fait un précipité en caillé blanc. (M)

CAILLÉ, s. m. qui ne doit être employé, proprement parlant, que pour signifier du lait caillé. On dit aussi au participe passif : Caillé ; lait caillé, sang caillé. De-là vient le mot caillebotte, lait caillé en petites masses. Voyez Lait.

CAILLETTE, s. f. la partie du veau où se trouve la presure à cailler le lait. La caillette est le dernier estomac de ces animaux : les animaux ruminans ont quatre estomacs différens ; savoir la panse, le reseau, le feuillet, & la caillette. Voyez Rumination. (M)

CAILLIQUE, poisson de mer. Voyez Harengade.

CAILLOT, s. m. qui ne se dit que du sang caillé en petites masses.

CAILLOU, silex, (Hist. nat.) matiere vitrifiable produite par l’argille & analogue au sable vitrifiable, grès, granit, &c. Il y a des carrieres de cailloux où cette matiere est disposée en grandes masses & par couches ; il y a aussi dans différens pays des cailloux en petite masse & répandus en très-grande quantité, soit à la surface, soit à l’intérieur de la terre. Ainsi la matiere du caillou est une de celles qui tombent le plus souvent sous les yeux, & qu’il importe par conséquent de connoître le mieux. Or pour la considérer sous deux aspects ; l’un relatif à l’Histoire naturelle, l’autre à la Chimie : nous allons commencer par le premier. Voici comment M. de Buffon explique la formation du caillou, Hist. nat. tome I. p. 259.

« Je conçois, dit-il, que la terre dans le premier état étoit un globe, ou plutôt une sphéroïde de matiere vitrifiée de verre, si l’on veut très-compacte, couverte d’une croûte légere & friable, formée par les scories de la matiere en fusion d’une véritable pierre-ponce : le mouvement & l’agitation des eaux & de l’air briserent bientôt & réduisirent en poussiere cette croûte de verre spongieuse, cette pierre-ponce qui étoit à la surface ; de-là les sables qui en s’unissant, produisirent en-

suite les grès & le roc vif, ou ce qui est la même

chose, les cailloux en grande masse, qui doivent aussi-bien que les cailloux en petite masse, leur dureté, leur couleur, ou leur transparence, & la variété de leurs accidens, aux différens degrés de pureté & à la finesse des grains de sable qui sont entrés dans leur composition.

» Ces mêmes sables dont les parties constituantes, s’unissent par le moyen du feu, s’assimilent & deviennent un corps dur très-dense, & d’autant plus transparent, que le sable est plus homogene ; exposés au contraire long-tems à l’air, ils se décomposent par la desunion & l’exfoliation des petites lames dont ils sont formés, ils, commencent à devenir terre ; & c’est ainsi qu’ils ont pû former les glaises & les argilles. Cette poussiere, tantôt d’un jaune brillant, tantôt semblable à des paillettes d’argent, dont on se sert pour sécher l’écriture, n’est autre chose qu’un sable très-pur, en quelque façon pourri, presque réduit en ses principes, & qui tend à une décomposition parfaite ; avec le tems ces paillettes se seroient attenuées & divisées au point, qu’elles n’auroient plus eu assez d’épaisseur & de surface pour refléchir la lumiere, & elles auroient acquis toutes les propriétés des glaises. Qu’on regarde au grand jour, un morceau d’argille, on y appercevra une grande quantité de ces paillettes talqueuses, qui n’ont pas encore entierement perdu leur forme. Le sable peut donc avec le tems produire l’argille, & celle-ci en se divisant acquiert de même les propriétés d’un véritable limon, matiere vitrifiable comme l’argille, & qui est du même genre.

» Cette théorie est conforme à ce qui se passe tous les jours sous nos yeux ; qu’on lave du sable sortant de sa miniere, l’eau se chargera d’une assez grande quantité de terre noire, ductile, grasse, de véritable argille. Dans les villes où les rues sont pavées de grès, les boues sont toûjours noires & très-grasses ; & desséchées, elles forment une terre de la même nature que l’argille. Qu’on détrempe & qu’on lave de même l’argille prise dans un terrein où il n’y a ni grès ni cailloux, il se précipitera toûjours au fond de l’eau une assez grande quantité de sable vitrifiable.

» Mais ce qui prouve parfaitement que le sable, & même le caillou & le verre existent dans l’argille, & n’y sont que déguisés, c’est que le feu en réunissant les parties de celle-ci, que l’action de l’air & des autres élémens avoit peut-être divisées, lui rend sa premiere forme. Qu’on mette de l’argille dans un fourneau de réverbere échauffé au degré de la calcination, elle se couvrira au-dehors d’un émail très-dur ; si à l’extérieur elle n’est point encore vitrifiée, elle aura cependant acquis une très-grande dureté ; elle résistera à la lime & au burin ; elle étincellera sous le marteau ; elle aura enfin toutes les propriétés du caillou : un degré de chaleur de plus la fera couler, & la convertira en un véritable verre.

» L’argille & le sable sont donc des matieres parfaitement analogues & du même genre. Si l’argille en se condensant peut devenir du caillou, du verre, pourquoi le sable en se divisant ne pourroit-il pas devenir de l’argille ? le verre paroît être la véritable terre élémentaire, & tous les mixtes un verre déguisé ; les métaux, les minéraux, les sels, &c. ne sont qu’une terre vitrescible ; la pierre ordinaire, les autres matieres qui lui sont analogues, & les coquilles des testacées, des crustacées, &c. sont les seules substances qu’aucun agent connu n’a pû jusqu’à présent vitrifier, & les seules qui semblent faire une classe à part. Le feu en réunissant les parties divisées des premieres, en fait une ma-