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Greque, faisant mention que c’étoit l’empereur Frédéric II. qui l’avoit mis dans cet étang ; ce poisson avoit au moins 267 ans, si le fait est vrai.

Il y a des brochets auxquels on trouve des œufs & une laite en même tems ; d’où l’on conclut qu’ils sont hermaphrodites.

* La pêche du brochet n’a rien de particulier, si ce n’est celle qui se fait à la bricole. On a un réservoir de petits poissons, mais il faut donner la préférence au carpeau. Ayez un hameçon à deux crochets, xy, faites entrer une ligne par la queue du carpeau, & la faites sortir par sa bouche. Attachez au bout de la ligne qui sortira par la bouche du poisson un hameçon à deux crochets recourbés vers la queue du poisson. Passez un morceau de liége F dans votre ligne, afin que le poisson reste suspendu entre deux eaux en l’endroit qu’il vous plaira ; entortillez le reste de votre ligne à un piquet placé sur le bord de la riviere. Disposez plusieurs appas de cette nature dans les endroits où vous croyez qu’il y a du brochet, bien-tôt cet animal vorace avalera & les poissons & les hameçons. Il faut que la corde soit entortillée au piquet de maniere qu’elle puisse se devider ; pour cet effet on prend une branche fourchue, ABCD, Pl. de Pêche : on fend les bouts des fourchons CD. On entortille la ligne E autour de ces fourches ; & quand on est parvenu à leurs extrémités, CD, on fiche la ligne E dans la fente d’un des fourchons C. Le brochet, en se débattant, a bien-tôt fait sortir la ligne de la fente ; lorsqu’elle n’y est plus détenue, elle se devide & permet au brochet de s’écarter.

Cuisine. On prépare le brochet de plusieurs manieres ; au court-bouillon, à la sauce d’anchois, & à la Polonoise. On le frit ; on le met en ragoût, ou on le farcit.

On employe, en Medecine, ses mâchoires & sa graisse : cette derniere est fort en usage, & on en oint la plante des piés pour détourner un catarrhe & pour appaiser la toux. Dale dit qu’on en frotte avec succès la poitrine des enfans dans le rhûme & dans la toux.

La mâchoire inférieure est dessiccative & détersive : on la regarde comme spécifique dans la pleurésie ; elle sert, de même que les autres os de la tête, contre le calcul, les fleurs blanches, & pour faciliter l’accouchement. Ses cendres employées à l’extérieur, arrêtent l’évacuation de la sanie, détergent les vieilles plaies, & dessechent les hémorrhoïdes. L’eau distillée du fiel du brochet est estimée bonne contre les maladies des yeux.

On recommande son fiel dans les maladies froides accompagnées de l’inactivité de la bile ; il passe aussi pour guérir les fievres intermittentes, étant pris au commencement de l’accès. La dose est de sept ou huit gouttes dans une liqueur appropriée.

Son cœur produit le même effet.

Les petites pierres ou osselets de la tête sont recommandés pour hâter l’accouchement, purifier le sang, faire venir les regles, exciter l’urine, chasser la pierre des reins & de la vessie, & contre l’épilepsie. On en peut donner depuis vingt-cinq grains jusqu’à un gros.

On doit éviter de manger les œufs du brochet, parce qu’ils excitent des nausées, & qu’ils purgent assez violemment.

Il contient beaucoup d’huile & de sel volatil, & médiocrement de phlegme, ce qui le rend assez nourrissant ; cependant il ne convient pas à tout le monde, il est indigeste chez bien des gens. (N)

BROCHETÉ, adj. se dit des artifices percés d’un trou plus petit ou plus court que l’ame des fusées volantes, soit en les chargeant avec des baguettes percées, soit après-coup, en les chargeant massifs, & les perçant ensuite suivant leur axe, pour leur donner un mouvement plus vif, comme à quelques ser-

penteaux qu’on appelle fougues, lardons, ou serpenteaux

brochetés. Voyez Fougue, Lardon, &c.

* BROCHETER, v. act. en général percer de broches ou de brochettes. C’est en ce sens qu’on dit que les boucaniers de l’île de Saint-Domingue brochettent leurs cuirs, en les étendant sur la terre, au moyen d’un grand nombre de chevilles, & les laissent sécher dans cet état. Cette préparation empêche les cuirs de se rétrécir, & les met en état d’être embarqués sans se gâter. L’un est l’effet des brochettes, l’autre du desséchement.

Brocheter, en Marine, c’est mesurer les membres & les bordages d’un vaisseau.

* BROCHETTE, s. f. se dit en général & au propre, d’un petit morceau de bois ou de fer, long & pointu, dont l’usage ordinaire est d’être passé dans quelques corps mous, pour en unir, soûtenir, ou rapprocher les parties. On a transporté ce terme au figuré, à d’autres outils qui avoient à-peu-près la même forme & la même fonction.

Brochette, en termes de Boutonnier : c’est une petite broche sur laquelle on fait le bouton de ce nom. Elle sert à tenir le moule, & à faciliter le jet des premiers tours qui se font, comme nous avons dit, sans pointes. Voyez Pointe & Bouton à la brochette.

Brochette à lier, en termes de Boutonnier, est un morceau de bois tourné, plus gros par le bout qu’on tient à la main, que par celui qui entre dans la bobine. Il tire son nom de son usage, puisqu’il sert à lier la cannetille autour du vélin découpé.

Brochette, est, en terme de Fondeur de Cloches, une regle sur laquelle sont tracées différentes mesures. Il y en a deux especes : la brochette des épaisseurs, sur laquelle sont marquées les différentes épaisseurs & diametres des parties d’une cloche. Voyez la fig. 2. Planche de la Fonte des Cloches.

L’autre espece de brochette n’est autre chose qu’une regle, sur laquelle sont marqués les différens diametres des cloches, qui sont les différens degrés de l’octave, la longueur de la regle étant prise pour le diametre de la cloche. Mais la maniere dont les Fondeurs font cette division est fautive, ainsi que le P. Mersenne l’a démontré : c’est pourquoi nous en avons donné une autre plus exacte à l’article Fonte des Cloches, fondée sur la connoissance du diapason. Voyez Diapason des Orgues.

Brochettes, dans l’Imprimerie, sont deux petites tringles de fer, chacune de quatre à cinq pouces de long, sur huit à dix lignes de circonférence. Elles attachent la frisquette au chassis du tympan au moyen de petits couplets, & vont un peu en diminuant d’une extrémité à l’autre, afin qu’on puisse les ôter facilement ; quand on veut détacher la frisquette du tympan, pour en substituer une autre, en changeant d’ouvrage. Voy. Tympan, & Pl. IV. de l’Imprimerie.

Brochette, terme de Rubannier, est une petite portion de baleine ou de bois, taillée en rond, menue, longue, & capable d’entrer dans le canon, & ensuite dans les trous des deux bouts de la navette. La brochette doit être assez menue pour ne pas empêcher le canon qu’elle porte de se dérouler suivant le besoin. Voyez Navette.

BROCHEUR, BROCHEUSE, ouvrier ou ouvriere dont le métier est de brocher des livres.

* BROCHOIR, s. m. (Maréchal-Ferrant.) c’est le marteau dont ces ouvriers se servent pour ferrer les chevaux. Ils le portent attaché à leur ceinture. Voyez Brocher.

BROCHURE, s. (Librairie.) On donne ordinairement le nom de brochure à un livre non relié, mais dont les feuilles ont été simplement cousues & couvertes de papier, & dont le volume est peu considérable. Les meilleurs livres se brochent ainsi que les plus mauvais ; cependant c’est aux der-