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a perfectionnés à plusieurs égards. Un défaut assez ordinaire des bandages, est de ne pas comprimer également dans toutes les attitudes & les différens mouvemens auxquels on est exposé, parce que la ceinture d’acier ne peut pas avoir assez de ressort, & former à l’opposite de l’écusson, un point d’appui suffisant pour la compression. M. Martin, pour éviter cet inconvénient, a rendu élastique la pelotte ou écusson du brayer. La pelotte renferme deux platines ; l’une est continue au demi-cercle d’acier, & l’autre placée en dedans, tient supérieurement à la précédente par une charniere qui en fait le point fixe, pendant que la partie inférieure reste béante & mobile au moyen d’un ressort mis entre les deux plaques : ce ressort tend toûjours à rapprocher celle du dedans vers le ventre, dans le tems que la premiere pourroit s’en éloigner avec le demi-cercle d’acier par quelque mouvement particulier du corps ou quelque changement de situation. Ainsi cette seconde platine, qui est continuellement passée vers l’anneau, fait une compression d’autant plus avantageuse, qu’elle est déterminée de bas en haut, & demeure toûjours égale dans quelque attitude que se trouve le corps. Cet avantage dispense de porter le bandage aussi serré qu’on le porte ordinairement, ce qui est une seconde utilité d’un grand prix pour beaucoup de personnes, & surtout pour celles qui sont grasses & qui s’écorchent facilement.

M. Martin a donné plusieurs avantages aux bandages qui servent à contenir les hernies de l’ombilic, les chûtes de matrice, du fondement, &c.

Il est important de faire remarquer que les bandages n’exigent pas un soin si borné ni si vulgaire qu’on pourroit se l’imaginer : tout y est digne de l’attention des habiles Chirurgiens. L’exécution de ces sortes de machines ne peut être parfaite qu’à l’aide de leurs lumieres & de leur expérience. Cette branche de l’art tient à beaucoup de connoissances anatomiques & chirurgicales fort délicates, & éloignées seulement en apparence ; connoissances, dont sont dépourvûs les ouvriers auxquels on permet la fabrique & même l’application de ces sortes d’instrumens.

Le public ne peut être trop informé qu’un brayer bien conditionné est l’unique moyen qui puisse mettre en sûreté la vie de ceux qui sont affligés de descentes ; il les garantit de l’étranglement que la chûte des parties pourroit occasionner, & il produit quelquefois la guérison aux personnes même d’un âge avancé.

Pour les enfans qui sont encore à la mammelle, on ne se sert pas de bandage d’acier : on pose quelques compresses graduées sur l’anneau, & on les contient avec une bande de toile. On peut aussi se servir d’un bandage, dont la ceinture de lisiere ou de drap revêtu de chamois ou de futaine, ait une pelotte de toile bien bourrée de filasse & revêtue de la même étoffe que la ceinture. On doit cirer les bandages des enfans, pour qu’ils ne pourrissent pas dans les urines & les excrémens.

Au derriere de tous les brayers on attache une bandelette de toile double, qui passant sous la cuisse vient s’attacher à l’écusson, de même que la courroie qui termine la ceinture. Cette bandelette se nomme la sous-cuisse ; elle soûtient le bandage, & empêche qu’il ne remonte.

L’application de ces bandages est aisée à faire : ceux qui en portent les ôtent & les remettent sans peine, par l’habitude qu’ils en ont contractée. Mais une circonstance essentielle à observer, c’est de ne point mettre le bandage que la descente ne soit entierement rentrée ; car s’il restoit une partie de l’intestin dans l’aine, le bandage le meurtrissant y causeroit de la douleur, de l’inflammation, & enfin la gangrene, si l’on n’y pourvoyoit : cette regle souf-

fre quelque exception, lorsque l’épiploon forme la

hernie. Voyey Réduction.

Brayer pour contenir les hemorrhoïdes. Voyez Hemorrhoïdes.

Brayer pour la chûte du rectum ou de la matrice. Voyez Chute.

Brayer pour la hernie du nombril. Voyez Exomphale. (Y)

Brayer, c’est une espece de bandage fait de gros cuir, garni d’une boucle & de son ardillon, qui sert à soûtenir le battant d’une cloche. Voyez Cloche & Fondeur de cloches. Voyez figure 6. Planche de la Fonderie des cloches, & l’article Fonte des cloches.

Brayer, en Fauconnerie, c’est le cul d’un oiseau de proie, & on dit qu’une marque de la bonté d’un faucon est quand il a le brayer net, & lorsqu’il lui tombe bien bas le long de la queue, & qu’autour il est bien émaillé de taches noires & rousses.

BRAYER un vaisseau ou brayer les coutures d’un vaisseau, (Marine.) c’est y appliquer du bray bouilli pour remédier aux voies d’eau, en remplissant & en resserrant les jointures de son bordage. On dit souvent espalmer & suifer pour brayer. (Z)

* BRAZER, en terme de Serrurier, Coutelier, & autres ouvriers en fer, c’est unir deux pieces de fer avec du cuivre. On braze dans les occasions sur-tout où la crainte de gâter les formes d’une piece rompue, empêche de la souder. Pour brazer, il faut ajuster les pieces à brazer le plus exactement qu’on pourra, de maniere qu’elles ne vacillent point, parce que si elles s’ébranloient, elles se déplaceroient & ne se brazeroient pas où l’on veut ; c’est pourquoi on les lie avec de petits fils de fer ; après quoi on prend du laiton ou de la mitraille la plus jaune & la plus mince que faire se peut ; on la coupe par petites bandes, que l’on met autour des pieces qu’on veut brazer, on les couvre avec du papier ou du linge qu’on lie avec un fil ; alors on prend de la terre franche qui soit un peu sablonneuse, car autrement elle pourroit fondre & couler : s’il arrivoit que la terre fût trop grasse, on y mêleroit du sable & de l’argile, & de l’écaille de fer, avec un peu de fiente de cheval & de bourre ; puis on la bat avec un bâton, & on la détrempe avec de l’eau claire en consistance de pâte ; plus elle sera battue, mieux elle vaudra. On en couvre l’ouvrage accommodé comme nous avons dit ci-dessus, de l’épaisseur de 2, 3, 4, 5, 6 lignes ou davantage, suivant la grosseur des pieces à brazer. Ainsi couvert, on le mouille avec de l’eau, puis on met de l’écaille de fer par-dessus ; cela fait on le met dans le feu, & & on le chauffe doucement. Quand on voit la terre rouge, on le tourne & retourne doucement dans le feu, & on chauffe encore un espace de tems, toûjours tournant & retournant à plusieurs reprises, de peur qu’il ne chauffe trop d’un côté : on chauffe jusqu’à ce qu’on apperçoive une fumée bleue qui s’échappe de la terre ; on est sur-tout exact à tourner & retourner lorsqu’on voit la flamme bleue violette, car c’est une marque que le laiton est fondu. On chauffe encore un peu, afin que la fusion du laiton soit parfaite, & qu’il coule également par tous les endroits nécessaires. On ôte ensuite l’ouvrage du feu, & on le tourne & retourne doucement sur l’enclume pour faire aller le laiton par-tout, jusqu’à ce que l’ouvrage soit un peu refroidi, & qu’il soit à présumer que le laiton ne coule plus ; sans cette précaution il se trouveroit plus épais en un endroit qu’en un autre. On laisse refroidir l’ouvrage sous la terre, & l’on ne songe à le découvrir que quand on peut facilement y appliquer la main. Cette façon est commune à toutes les grosses pieces.

Pour les petites, on les pourra brazer sans les couvrir de terre, prenant du laiton, le mettant sur la