Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

différentes ; quelquefois c’est un mât ou une piece de bois qu’on éleve dessus, ou aux extrémités ; d’autres fois c’est un tonneau flottant amarré avec des chaînes & des ancres sur le fond du banc : on met des balises pour indiquer un chenal ou une passe dangereuse : on se sert également du mot de bouée pour exprimer ces marques.

Balise, se dit aussi de l’espace qu’on est obligé de laisser le long des rivages des rivieres pour le halage des bateaux.

BALISER un chenal ou une passe, c’est y mettre des balises. (Z)

BALISEUR, s. m. (terme d’Eaux & Forêts.) est un officier chargé de veiller aux terres des riverains, à l’effet d’en reculer les limites du côté du bord de la riviere, à la distance prescrite. V. Riverain. (H)

BALISIER, s. m. cannacorus, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur liliacée monopétale en forme de tuyau, divisée en six parties, dont l’une forme une sorte de languette qui semble tenir lieu de pistil, & qui a au sommet comme une étamine ; le calice est en forme de tuyau ; il embrasse la fleur, & devient dans la suite un fruit oblong ou arrondi, membraneux, divisé en trois loges, & rempli de semences presque sphériques. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

BALISTE, s. f. (Art. milit.) est une machine de guerre dont se servoient les anciens pour lancer des traits d’une longueur & d’un poids surprenant ; elle chassoit aussi des balles ou boulets de plomb égaux au poids des gros traits qu’elle lançoit.

Les écrivains de l’antiquité, au moins le plus grand nombre, sont opposés les uns & les autres à l’égard de la baliste & de la catapulte. Voyez Catapulte. Ils confondent souvent ces deux machines, qui suivant M. le Chevalier de Folard different beaucoup entr’elles dans leur usage comme dans leur construction.

Ammien Marcellin exprime la catapulte par le terme de tormentum, & quelquefois d’onagre. Voy. Onagre. Froissart se sert de celui d’engin : celui-ci est trop général ; car on peut entendre par ce terme la baliste & la catapulte. Il y a aussi des auteurs qui lui ont donné le nom de scorpion : mais le scorpion chez ceux qui paroissent les mieux instruits, n’est autre chose que la baliste. Voyez Scorpion.

« La baliste, dit M. le Chevalier de Folard, dont nous tirons la description suivante, formoit comme un arc brisé ; elle avoit deux bras, mais droits, & non pas courbes comme l’arc d’une arbalête, dont les forces agissantes sont dans les ressorts de l’arc même dans sa courbure : celles de la baliste sont dans les cercles comme celle de la catapulte : cela nous dispensera d’entrer dans une description trop détaillée de ses différentes parties. La figure en fera infiniment mieux comprendre la structure & la puissance qui la fait agir, que l’explication ne pourroit faire ». Voyez cette figure, Pl. XII. de Fortification : elle a pour titre Baliste de siége. Voici le détail de ses principales parties.

Une baliste de cette espece lançoit des traits de soixante livres, longs de trois piés neuf pouces & neuf lignes : cela veut dire, s’il faut s’en fier à Vitruve, dit le Chevalier de Folard, « que les trous des chapiteaux étoient de huit pouces neuf lignes de diametre, c’est-à-dire, le cinquieme de la longueur du trait. Elle est composée d’une base 2, des dix montans 3, 4, de quinze diametres & dix lignes de hauteur sans les tenons des deux traversans 5, 6 : leur longueur est de dix-sept diametres dix lignes ; 7, sont les deux chapiteaux du traversant ; 5, 8, les chapitaux de celui d’en-bas 6 ; ces deux traversans sont soûtenus & fortifiés des deux poteaux équarris 9 ; de cinq diametres de hauteur

sans les tenons, & de deux piés de grosseur comme les montans. L’intervalle d’entre les deux poteaux 9, & les deux montans 3, 4, où sont placés les chapiteaux, est de sept diametres environ ; 10 sont les deux écheveaux de cordes de droit & de gauche ; 11 les deux bras engagés dans le centre des cheveaux : leur longueur est de dix diametres, compris les deux crochets qui sont à l’extrémité de chaque bras, où la corde, ou pour mieux dire, le gros cable est attaché comme la corde d’une arbalête. Ce cable doit être composé de plusieurs cordes de boyaux extrèmement tendu : il faut qu’il soit d’abord un peu court, parce qu’il s’allonge & se lâche dans le bandage : on l’accourcit en le tordant.

» Les bouts des bras n’ont point de cuilleron comme celui de la catapulte ; à cela près ils doivent être semblables, parfaitement égaux dans leur grosseur, dans leur longueur, dans leur poids, & il faut qu’ils ne plient point dans le plus violent effort de leur tension. Les traits 13 ne doivent pas moins être égaux en tous sens que les bras, qui seront placés sur une même ligne parallele, à même hauteur par conséquent, & au centre des deux écheveaux dans lesquels ils sont engagés.

» Les deux montans 3, 4, doivent être courbes à l’endroit 14 ou ils frappent dans la détente. Dans cette courbure on y pratiquera les coussinets 15 ; cet enfoncement fait que les bras se trouvent paralleles à l’écheveau, & qu’ils décrivent chacun un angle droit dans leur bandage, c’est-à-dire dans leur plus grande courbure. Il importe peu, à l’égard des balistes, que les deux bras frappent de leurs bouts ou de leur milieu contre les deux coussinets ; ainsi on peut, autant qu’on le juge à propos, diminuer de la largeur des deux chassis où sont placés les deux écheveaux de cordes, sans retrancher de leur hauteur.

» L’intervalle d’entre les deux poteaux 9, qui doit être au milieu des deux traversans, où l’on introduit l’arbrier 16, doit être un peu plus étroit que l’arbrier, afin de pratiquer une entaille dans l’intérieur des poteaux 9 de deux ou trois pouces des deux côtés, afin de le tenir ferme. C’est sur cet arbrier que l’on place le gros trait & que l’on pratique un canal parfaitement droit ; sa longueur se prend sur la courbure des deux bras avec la corde 12 : ainsi on connoit la longueur qu’il faut donner au canal & jusqu’à l’endroit où la noix 17 de la détente se trouve placée pour recevoir la corde de l’arc à son centre. Cette noix sert d’arrêt, & la détente est semblable à celles des arbalêtes. Il y a une chose à observer à l’égard de l’arbrier : il faut qu’il soit placé juste à la hauteur de la corde qui doit friser dessus ; car si elle étoit plus haute, elle ne prendroit pas le trait ; & si elle appuyoit trop fortement dessus, il y auroit du frottement sur le canal où le trait est étendu, ce qui diminueroit la puissance qui le chasse.

» A deux piés en-deçà de la détente est le travail 18, autour duquel se devide la corde ; & lorsqu’on veut bander la machine, on accroche la corde de l’arc à son centre par le moyen d’une main de fer 19. Cette main a deux crochets qui saisissent la corde en deux endroits pour l’amener. La distance d’un crochet à l’autre doit être plus grande que la largeur de la noix, qui doit avoir une ouverture au milieu comme celle des arbalêtes, dans laquelle on introduit le talon du trait contre la corde qui prend à la noix.

» J’ai dit que les deux montans 3, 4, étoient appuyés sur leur base à tenons & à mortoises ; ils devoient être appuyés & retenus encore par de puissantes contrefiches. Heron & Vitruve lui-même