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nets mollets : c’est cependant le seul moyen d’empêcher la collection & le séjour du pus, & d’exclurre l’air de leur cavité. La charpie s’imbibe des matieres purulentes, ces matieres se distribuent entre les filets qui les soûtiennent, & les empêchent de se rassembler en aucun lieu particulier. La charpie est pour ces matieres, selon l’expression de M. Quesnay, une échelle avec laquelle elles peuvent monter du fond de la plaie, jusqu’à ce qu’elles trouvent une issue pour s’évader, à peu près comme il arrive dans ces distillations qui se font par le moyen d’une languette de drap, où les liqueurs montent jusque par-dessus les bords du vase qui les contient. (Y)

* BOURG, (Hist. anc. & mod.) ce mot vient du mot allemand burg ville, forteresse & château ; il est fort ancien chez les Allemands, comme on peut le voir dans Vegece au IV. livre de re militari, castellum parvum quem burgum vocant, &c. Du tems des empereurs Carlovingiens, il n’y avoit en Allemagne que fort peu de villes enfermées de murailles ; ce fut Henri l’Oiseleur qui commença à bâtir plusieurs forteresses ou bourgs pour arrêter les incursions fréquentes des Huns ou Hongrois : pour peupler ces nouveaux bourgs, on prenoit un neuvieme des habitans de la campagne ; & l’on appelloit burger ou bourgeois, ceux qui demeuroient dans les bourgs ou villes pour les distinguer des paysans. Aujourd’hui par bourg, on entend un endroit plus considérable qu’un village, mais qui l’est moins qu’une ville.

Bourg-en-Bresse, (Géog.) ville de France, capitale de la Bresse, presqu’au centre de cette contrée, sur la riviere de Resousse. Long. 22. 53. 55. lat. 46. 12. 31.

Bourg-sur-mer, ville de France en Guienne, avec un assez bon port, au confluent de la Dordogne & de la Garonne, à 6 lieues de Bourdeaux. Long. 17. lat. 45.

BOURGANEUF, (Géog.) ville de France dans la Marche, sur la riviere de Taurion, à six lieues de Limoges.

* BOURGEOIS, CITOYEN, HABITANT, (Gramm.) termes relatifs à la résidence que l’on fait dans un lieu. Le bourgeois est celui dont la résidence ordinaire est dans une ville ; le citoyen est un bourgeois considéré relativement à la société dont il est membre ; l’habitant est un particulier considéré relativement à la résidence pure & simple. On est habitant de la ville, de la province, ou de la campagne : on est bourgeois de Paris. Le bourgeois de Paris qui prend à cœur les intérêts de sa ville contre les attentats qui la menacent, en devient citoyen. Les hommes sont habitans de la terre. Les villes sont pleines de bourgeois ; il y a peu de citoyens parmi ces bourgeois. L’habitation suppose un lieu ; la bourgeoisie suppose une ville ; la qualité de citoyen, une société dont chaque particulier connoît les affaires & aime le bien, & peut se promettre de parvenir aux premieres dignités.

Bourgeois, on appelle ainsi en terme de Marine le propriétaire d’un navire, soit qu’il l’ait acheté, soit qu’il l’ait fait construire. Si plusieurs marchands s’unissent pour faire l’acquisition d’un navire, on les appelle co-bourgeois.

Ce sont les bourgeois des vaisseaux qui les équipent, qui les frettent, & qui font avec ceux avec qui ils les louent cette espece de traité, qu’en terme de Marine on appelle charte-partie. Voyez Charte-partie.

Quelques auteurs prétendent que le mot de bourgeois est venu du style de la hanse Teutonique, à cause qu’en Allemagne il n’y a que les bourgeois des villes anséatiques qui puissent avoir ou faire construire des vaisseaux ; ce qui fait qu’en ce pays-là on appelle bourgeois tout seigneur & propriétaire de navi-

re : & l’Allemagne a emprunté vraissemblablement

ce nom des Romains, qui pendant le meilleur tems de la république ne permettoient pas aux patrices ou sénateurs de posséder ni tenir en propre aucun navire un peu considérable, mais seulement de petites barques ; les simples citoyens ayant seuls le droit d’armer de grands vaisseaux. (Z)

BOURGEON ou BOUTON, s. m. (Jardin.) c’est une éminence qu’on remarque aux branches des arbres, ou un œil animé qui produit dans la suite une jeune branche ; les feuilles y sont arrangées & couchées avec beaucoup d’industrie. (K)

Il paroît que le terme de bourgeon s’employe mieux pour la vigne, le verjus, le chasselas, le muscat. Voyez Bouton. (K)

BOURGES, (Géog.) ancienne & grande ville de France, capitale du Berry. Elle est sur les rivieres d’Auron & d’Yevre, presqu’au centre de toute la France. Lon. 20. 3. 26. lat. 47. 4. 58.

* BOURGOGNE, s. f. (Géog.) province considérable de France, avec titre de duché. Elle est située entre le Bourbonnois, le Nivernois, & la Franche-Comté. Son commerce principal est en vin. Les plus vantés sont ceux de Dijon, de Nuis, de Beaune, de Pomarre, de Chassagne, de Mâcon, de Tonnerre, d’Auxerre, & autres endroits. Ils se transportent dans toutes les provinces du royaume, & dans toutes les contrées de l’Europe. Il vient encore des grains, des foins, des bestiaux, des fers, & du bois de chauffage, du bailliage de Dijon. Il y a aussi des foins & des grains dans le bailliage de S. Jean de Laune. Celui d’Auxonne fait le commerce de ses blés & de ceux du Bassigny. La Saone est très-favorable à celui des bois. Le territoire d’Autun est ingrat. Celui du bailliage de Châlons est très-fertile en vin, blé, & autres grains dont la Saone favorise le transport. Avalon a des grains, des vins, des bestiaux & des bois. Il ne sort guere d’Auxerre que ses vins. Le Charolois fournit des bois & des bestiaux. C’est peu de chose que le commerce du comté de Bar-sur-Seine & de la Bresse, si l’on en excepte les bestiaux de cette derniere contrée. Le Bugey fait le même commerce. Le commerce du pays de Gex n’est presque rien. Il se fait dans la province entiere des draperies à Dijon, à Vitaux, à Mercy, à Semur, Saulieu, Seignelay, &c.

Bourgogne, (le cercle de) c’est un des dix cercles de l’Empire, qui comprenoit autrefois la Franche-Comte & les dix-sept provinces des Pays-bas, mais qui est actuellement entierement démembré de l’Empire. C’étoit le roi d’Espagne qui étoit directeur de ce cercle, du tems que ce royaume appartenoit à des princes de la maison d’Autriche.

Bourgogne, (Comté de) voyez Franche-Comté.

Bourgogne, (la) s. f. nom d’une danse Françoise qui fut faite pour M. le duc de Bourgogne.

BOURGOIN, (Géog.) petite ville du Viennois en Dauphiné. Il s’y fait un grand commerce de chanvre.

* BOURGUEMESTRE, s. m. (Hist. mod.) Ce mot est formé de deux termes Flamands, burger, bourgeois, & meester, maître ; c’est-à-dire, le maître & le protecteur des bourgeois. Quelques-uns l’expriment en Latin par consul, d’autres par senator. M. Bruneau dit que Bourguemestre en Hollande répond à ce qu’on appelle alderman & sheriff en Angleterre ; attourné à Compiegne ; capitoul à Toulouse ; consul en Languedoc : mais cela n’est pas exact ; l’alderman des Anglois répond au scheepen ou échevin des Hollandois.

Les bourguemestres sont choisis du nombre des échevins, & ne sont ordinairement en place que pour un ou deux ans.

C’est ainsi qu’on appelle les principaux magistrats des villes de Flandre, de Hollande & d’Allemagne :