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Bouclé, adj. (Marine.) se dit d’un port. Un port bouclé, c’est-à-dire fermé, & dont on n’en veut rien laisser sortir. (Z)

Bouclé, (terme de Blason.) il se dit en parlant du collier d’un levrier ou d’un autre chien qui a des boucles.

Le Febvre de Laubiere, d’asur au levrier rampant d’argent, accolé de gueules, bordé & bouclé d’or. (V)

Bouclé, en Passementerie & Soierie, s’entend du velours à boucles qui a été fait à l’épingle, pour le distinguer du velours coupé, que l’on appelle ras, & qui est fait au couteau. Voyez Velours.

BOUCLER une jument, (Maréchallerie & Manege.) c’est lui fermer l’entrée du vagin au moyen de plusieurs aiguilles de cuivre, dont on perce diamétralement les deux levres, & qu’on arrête des deux côtés. On se sert aussi d’anneaux de cuivre, le tout afin qu’elle ne puisse point être couverte. (V)

BOUCLETTE, s’employe en terme de Chasse : on dit une pentiere à bouclette, parce qu’elle a dans le haut de petites boucles attachées comme on en voit à un rideau de lit. Voyez Pentiere & Bécasse.

Bouclettes, se dit, en Passementerie, de l’endroit où la ficelle, soit des lisses, soit des hautes-lisses, est traversée dans le milieu par une autre ficelle qui en fait la partie inférieure. L’usage de ces bouclettes est tel, que si c’est une haute-lisse, la rame étant passée dans la bouclette, & se trouvant arrêtée par la jonction des deux parties de ficelle dont on vient de parler, elle est contrainte de lever lorsque la haute-lisse leve ; & que si c’est une lisse, les soies de la chaîne étant passées dans les bouclettes de ces lisses, les soies levent aussi quand les bouclettes levent.

BOUCLIER, (Art. milit.) espece d’armure défensive, dont les anciens se servoient pour se couvrir des coups de l’ennemi.

Le bouclier se passoit dans le bras gauche. Sa figure a fort varié dans toutes les nations, aussi-bien qu’en France. Il y en avoit de ronds ou ovales, qu’on appelloit des rondelles. Il y en avoit d’autres presque quarrés, mais qui vers le bas s’arrondissoient ou s’allongeoient en pointe. Ceux des piétons étoient beaucoup plus longs que ceux de la cavalerie, & quelques-uns couvroient presque tout le corps. Ces derniers boucliers s’appelloient aussi targes, targes, nom qui se donnoit encore à d’autres boucliers, dont on ne se servoit pas pour combattre, mais pour se couvrir ; par exemple, sur le bord d’un fossé d’une ville, contre les fleches des assiégés. Daniel, Histoire de la Milic. Franç. (Q)

Selon plusieurs savans, le mot bouclier est dérivé de buccularium ou buccula, parce qu’on représentoit sur les boucliers des têtes ou gueules de gorgone, de lion, ou d’autres animaux. Le bouclier d’Achille & celui d’Enée sont décrits dans l’Iliade & dans l’Éneide. Ovide dit que celui d’Ajax étoit couvert de sept peaux.

Cléomenes établit à Sparte l’usage des boucliers à anses, fortement attachées sous le bouclier, & par lesquelles on passoit le bras. Ils étoient & plus commodes & plus sûrs que ceux qu’on portoit auparavant, qui ne tenoient qu’à des courroies attachées avec des boucles.

Aux boucliers des anciens ont succédé chez les modernes les écus, rondaches ou rondelles, boucliers ronds & petits, que les Espagnols portent encore avec l’épée quand ils marchent de nuit.

Boucliers votifs, espece de disques de métal, qu’on consacroit aux dieux, & que l’on suspendoit dans leurs temples, soit en mémoire d’une victoire ou d’un héros, soit en action de graces d’une victoire remportée sur les ennemis, dont on offroit même les boucliers pris sur eux comme un trophée. C’est ainsi que les Athéniens suspendirent les boucliers pris sur les

Medes & les Thébains, avec cette inscription : Les Athéniens ont pris ces armes sur les Medes & sur les Thébains.

Les boucliers votifs différoient des boucliers ordinaires, en ce que les premiers étoient ordinairement d’or ou d’argent, & les autres d’osier & de bois revêtu de cuir. On les suspendoit aux autels, aux voûtes, aux colonnes, aux portes des temples. Les Romains emprunterent cet usage des Grecs, & de-là les ancilia ou boucliers sacrés de Numa. Lorsque Lucius Martius eut défait les Carthaginois, on suspendit dans le capitole un bouclier d’argent pesant cent trente-huit livres, qui se trouva dans le butin. Celui que les Espagnols avoient offert à Scipion, en reconnoissance de sa modération & de sa générosité, & qu’on voit dans le cabinet du Roi, est d’argent & pese quarante-deux marcs. Sous les empereurs, cette coûtume dégénera en flatterie, puisqu’on consacra des boucliers aux empereurs mêmes, honneur qui, avant eux, n’avoit été accordé qu’aux dieux. On nommoit en général ces boucliers, clypei, disci, cicli, aspides ; nom générique, qui convenoit également aux boucliers qu’on portoit à la guerre : mais on les appelloit en particulier pinaces, tableaux, parce qu’on y représentoit les grands hommes & leurs belles actions : stelopinakia, tableaux attachés à des colonnes, parce qu’on les y suspendoit souvent : protoniai, bustes, parce que celui du héros en étoit pour l’ordinaire le principal ornement : {{lang|la|sthetaria, dérivé du Grec σθῆτος, pectus, parce que les héros n’y étoient représentés que jusqu’à la poitrine. Quoiqu’il fût permis aux particuliers d’ériger ces monumens dans les chapelles particulieres, ils ne pouvoient cependant en placer un seul dans les temples sans l’autorité du sénat. Mémoires de l’Acad. tom. I. (G)

BOUDIN, s. m. (Cuisine.) espece de mets qui se fait avec le sang du cochon, sa panne, & son boyau. Lorsque le boyau est bien lavé, on le remplit de sang de cochon, avec sa panne hachée par morceaux, & le tout assaisonné de poivre, sel, & muscade. On lie le boudin par les deux bouts, & on le fait cuire dans l’eau chaude, observant de le piquer de tems en tems à mesure qu’il se cuit, de peur qu’il ne s’ouvre & ne se répande. Quand il est cuit, on le coupe par morceaux & on le fait rôtir sur le gril. Ce boudin s’appelle boudin noir.

Le boudin blanc se fait de volaille rôtie & de panne de cochon hachées bien menu, arrosées de lait, saupoudrées de sel & de poivre, & mêlées avec des jaunes d’œuf. On remplit de cette espece de farce le boyau du cochon, qu’on fait cuire ensuite dans l’eau chaude. Quand on le veut manger on le rôtit sur le gril entre deux papiers, & on le sert chaud.

Boudin (ressort à), c’est un ressort en spiral, dont nous parlerons à l’article Ressort.

BOUDINE, s. m. se dit dans les Verreries en plat, d’une éminence ou bouton que le gentilhomme bossier forme au bout de la bosse destinée à faire un plat. C’est par cette éminence que cet ouvrier reprend la bosse pour ouvrir le plat. Voyez Bossier, Bosse, & Verrerie en plat.

BOUDINIERE, s. f. instrument de Chaircuitier ; c’est un petit instrument de cuivre ou de fer-blanc, dont ces gens se servent pour remplir les boyaux dont ils font le boudin.

BOUDINURE DE L’ARGANEAU, EMBOUDINURE, (Marine.) c’est un revêtement ou une enveloppe dont on garnit l’arganeau de l’ancre, & qui se fait avec de vieux cordages qu’on met tout autour, pour empêcher le cable de se gâter ou se pourrir. (Z)

BOUDRI, (Géog.) petite ville sur une hauteur, dans le comté de Neufchâtel, en Suisse.

BOUE, s. m. se dit en général de cette ordure qui s’engendre dans les rues & les places publiques, &