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Il a une qualité chaude & dessiccative, il est cordial, il fortifie les nerfs & le cerveau, il ranime les esprits, il prévient les défaillances & les maladies de la matrice ; on le fait entrer dans les cordiaux & dans la thériaque.

On l’employe dans les boutiques de Paris au lieu de l’aspalath.

* Bois de Rhodes. On soupçonne que le bois de Rhodes étoit l’aspalath des anciens : mais ce n’est qu’une conjecture, les anciens n’etant pas même d’accord sur l’aspalath. Les modernes ont prétendu que c’étoit l’agallochum, le bois d’aloès, ou le bois de Rhodes ; aujourd’hui on ne sait pas encore précisément ce que c’est que le bois de Rhodes.

Celui auquel on donne aujourd’hui ce nom est jaunâtre lorsqu’il est nouvellement coupé ; sa couleur devient brune avec le tems. Il est dur, compact, noüeux, & résineux ; il a une odeur de rose, c’est pour cela qu’on l’a appellé bois de rose ; & parce que l’arbre duquel on le tire croît dans l’ile de Rhodes & de Chypre, on a donné au bois les noms de bois de Rhodes & de bois de Chypre. On trouve aussi ce bois aux Canaries & à la Martinique.

* Bois de Bresil ; ce bois est ainsi nommé à cause qu’on l’a tiré d’abord du Bresil, province de l’Amérique. M. Huet soûtient cependant qu’on le connoissoit sous ce nom, long-tems avant qu’on eût découvert ce pays. Voyez Huetiana, pag. 268.

On le surnomme différemment suivant les divers lieux d’où il vient ; ainsi il y a le bresil de Fernambouc, le bresil du Japon, le bresil de Lamon, le bresil de sainte Marthe, & enfin le bresillet ou bois de la Jamaique qu’on apporte des îles Antilles.

L’arbre de bresil croît ordinairement dans des lieux secs & arides, & au milieu des rochers. Il devient fort gros & fort grand, & pousse de longues branches, dont les rameaux sont chargés de quantité de petites feuilles à demi-rondes. Son tronc est rarement droit, mais tortu & raboteux, & plein de nœuds à peu près comme l’épine blanche. Ses fleurs, qui sont semblables au muguet & d’un très-beau rouge, exhalent une odeur agréable & très-amie du cerveau qu’elle fortifie. Quoique cet arbre soit très-gros, il est couvert d’un aubier si épais, que lorsque les Sauvages l’ont enlevé de dessus le vif du bois, si le tronc étoit de la grosseur d’un homme, à peine reste-t-il une bûche de bresil de la grosseur de la jambe.

Le bois de bresil est très-pesant, fort sec, & pétille beaucoup dans le feu, où il ne fait presque point de fumée à cause de sa grande sécheresse.

Toutes ces différentes sortes de bresil n’ont point de moelle, à la réserve de celui du Japon. Le plus estimé est le bresil de Fernambouc.

Pour bien choisir ce dernier, il faut qu’il soit en bûches lourdes, compact, bien sain, c’est-à-dire sans aubier & sans pourriture ; qu’après avoir été éclaté, de pâle qu’il est il devienne rougeâtre, & qu’étant mâché il ait un goût sucré.

Le bois de bresil est propre pour les ouvrages de tour, & prend bien le poli : cependant son principal usage est pour la teinture, où il sert à teindre en rouge, mais c’est une fausse couleur qui s’évapore aisément, & qu’on ne peut employer sans l’alun & le tartre. Voyez Teinture.

Du bois de bresil de Fernambouc on tire une espece de carmin par le moyen des acides : on en fait aussi de la lacque liquide pour la mignature. V. Rouge, Lacque, &c.

* Bois de fustet, (Hist. nat.) l’arbre qui le donne est commun à la Jamaique ; il y croît en plaine campagne. Les teinturiers s’en servent pour teindre en jaune : mais il n’est d’aucun usage en Medecine.

* Bois lettré, lignum sinense, il vient de la Chine. On l’appelle bois lettré, parce qu’on nous l’ap-

porte marqué de lettres ; il n’est presque d’aucun usage

en Medecine.

* Bois de sainte Lucie, arbre qui doit se rapporter au genre appellé cerisier. Voyez Cerisier.

* Bois d’inde, Bois de la Jamaïque, ou Bois de campeche, (Hist. nat.) on l’appelle aussi laurier aromatique ; c’est un grand & bel arbre qui croît en Amérique, & principalement aux îles de Ste Croix de la grande Terre, la Martinique, la Grenade, &c. Le bois de cet arbre est dur, compact, & si lourd, qu’il ne nage point sur l’eau. Sa couleur est d’un beau brun marron, tirant quelquefois sur le violet & le noir : on en fait des meubles précieux, car il prend un très-beau poli & ne se corrompt jamais. Son écorce est jaunâtre, très-mince & très-unie ; ses feuilles ressemblent assez à celles du laurier ordinaire, excepté que celles du bois d’Inde sont ovales, & ne se terminent pas en pointe comme les siennes ; elles sont lisses, roides, d’un verd foncé en-dessus, & d’un verd plus clair en-dessous ; les bords en sont unis, & ne sont point plissés comme ceux des feuilles de laurier, elles sont outre cela fort aromatiques ; & mises dans les fausses elles leur donnent un goût relevé semblable à celui de plusieurs épiceries. Cet arbre fleurit une fois l’an ; & aux fleurs, qui viennent par bouquets, succedent de petites baies ou de petites graines rondes, grosses comme des pois, qui renferment de la semence ; ces graines sont très-odorantes, & ont du rapport avec la canelle, le clou de girofle, & la muscade : elles ont un goût piquant & astringent qui n’est point desagréable : on les connoît en Angleterre sous le nom de graine des quatre épices ; les habitans des îles s’en servent pour assaisonner leurs fausses. Si on en met digérer dans de bonne eau-de-vie, on en retire par la distillation une eau ou liqueur spiritueuse d’une odeur gratieuse mais indéfinissable, à laquelle il ne faut qu’ajoûter une dose convenable de sucre pour en faire une liqueur délicieuse au goût & propre à fortifier l’estomac. On dit que la décoction des feuilles du bois d’Inde est bonne pour fortifier les nerfs, & soulage les paralytiques & les hydropiques : On l’employe dans la teinture, & sa décoction est fort rouge.

On a remarqué que si l’on met de cette teinture dans deux bouteilles, & que l’on mêle dans l’une un peu de poudre d’alun, celle-ci deviendra d’un très-beau rouge clair, qu’elle conservera, & l’autre deviendra jaunâtre en moins d’un jour, quoique les deux bouteilles soient fermées de même ; & si on laisse à l’air quelque peu de cette décoction, elle deviendra noire comme de l’encre dans le même espace de tems.

* Bois de fer, (Hist. nat.) arbre qui croît principalement aux îles de l’Amérique : c’est sa grande dureté qui lui a fait donner ce nom. Il est de la grosseur d’un homme par le tronc ; son écorce est grisâtre & dure ; il a beaucoup de petites feuilles, & est tout couvert de bouquets de fleurs, semblables à ceux du lilas ; l’aubier est jaune & fort dur jusqu’au cœur de l’arbre, qui est fort petit & d’un rouge brun : ce cœur est d’une si grande dureté, que les outils de fer mieux trempés ne peuvent le percer.

* Bois néphrétique, (Hist. nat.) lignum nephreticum ou peregrinum : il est blanchâtre ou d’un jaune pâle, sordide ; pesant, acre, & même un peu amer au goût ; d’une écorce noirâtre, & brun ou d’un rouge brun au cœur. Macéré dans de l’eau claire pendant une demi-heure, il lui donne une belle couleur opale, qui change selon la disposition de l’œil & de la lumiere. Si on y mêle une liqueur acide, la couleur bleue disparoît, & la liqueur paroît dorée de quelque côté qu’on la regarde. Mais l’huile de tartre, ou la solution d’un sel alkali urineux, lui restituera la couleur bleue.