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lorsqu’elle est avancée sur le tapis, & qu’on s’est interdit l’usage de la masse ordinaire.

BISTORTE, s. f. bistorta, (Hist. nat. bot.) genre de plante dont la fleur n’a point de pétales ; elle est composée de plusieurs étamines qui sortent d’un calice découpé. Le pistil devient une semence ordinairement triangulaire, & renfermée dans une enveloppe qui a servi de calice à la fleur. Ajoûtez au caractere de ce genre, que les fleurs sont disposées en épi, & que les racines sont charnues, tortues, repliées ordinairement les unes sur les autres, & garnies de chevelu. Il se trouve des especes de ce genre, qui, outre les fleurs & les semences, portent des tubercules qui poussent de petites feuilles & de petites racines. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Bistorta radice minus intorta, J. B. 3. 538. Ses racines sont seules en usage ; elles sont dessiccatives, astringentes, bonnes dans toutes les especes de pertes & de flux, dans le pissement de sang & l’incontinence d’urine ; on les croit alexipharmaques, salutaires dans les fievres pestilentielles ; elles résistent au poison, & l’on peut s’en servir dans les morsures & piquures d’animaux venimeux. (N)

BISTOURI, s. m. instrument de Chirurgie, en forme de petit couteau, destiné à faire des incisions : on en a de droits & de courbes. On considere deux parties à cet instrument ; la lame & le manche : la lame doit être d’un bon acier bien trempé. La partie de la lame qui est opposée à la pointe, se nomme le talon ; c’est un quarré allongé percé dans son milieu pour y passer un clou. L’extrémité postérieure du talon se termine par une queue fort courte, qui finit par un petit rouleau ou par une petite lentille de deux lignes de diametre, pour s’arrêter sur la châsse avec fermeté, & empêcher que la lame ne tourne comme celle d’un rasoir. La partie tranchante du bistouri droit est perpendiculaire, & son dos forme une ligne oblique, & a une ligne d’épaisseur à sa base ; il va insensiblement en diminuant jusqu’à la pointe. On considere en outre à la lame d’un bistouri le biseau & l’évuidé. Le biseau est une petite surface plate qui commence à la base de la lame, & qui accompagne le dos de chaque côté dans presque toute la longueur. Cette surface se fait par la meule ; elle a environ une ligne de diametre, & va insensiblement se perdre avant d’être arrivée à la pointe. On appelle l’évuidé l’espace qui est compris depuis le biseau jusqu’au tranchant, il est un peu cave ; il s’étend depuis le talon jusqu’à la pointe ; il est fait par la rondeur de la meule ; son utilité est de rendre le tranchant plus fin, en diminuant de la matiere. Fig. 1. Pl. II.

Le bistouri courbe doit avoir les mêmes qualités : la courbure n’en doit pas être fort grande ; il faut qu’elle commence dès sa base, qu’elle se continue insensiblement jusqu’à la pointe, & que dans tout le trajet, la courbure n’excede pas trois lignes. Le tranchant est dans la courbure. Fig. 2. Pl. II.

Je me sers dans plusieurs cas, & surtout dans l’extirpation des cancers, d’un bistouri courbe, tranchant sur sa convexité. Cet instrument a beaucoup d’avantage, parce que le tranchant agit tout-à-la-fois dans toute sa longueur ; & dans les bistouris ordinaires, il n’y a presque que la pointe qui soit d’usage.

Le manche des bistouris est composé de deux lames d’écaille de la même configuration que la lame. Elles sont percées à leur base d’un trou qui doit être moins large que celui du talon sur lequel elles s’appliquent, & auquel elles sont unies par un clou de fil de laiton rivé sur deux rosettes d’argent. L’extrémité de la châsse est aussi percée, & les deux pieces sont jointes par un clou rivé pareillement.

Les dimensions des bistouris peuvent varier ; ils ont communément deux pouces au plus de tranchant, & les autres parties sont proportionnées à celle-ci.

Il y a des bistouris boutonnés par leur extrémité ; on s’en sert dans les cas où l’on craint de piquer les parties par la pointe de l’instrument : on se sert aussi de bistouris à deux tranchans pour l’ouverture des abcès, l’opération du séton, &c. Fig. 3. Pl. II.

Bistouri à la lime, est un instrument de l’invention de M. Petit ; c’est un couteau dont la lame a deux pouces & demi de longueur, dont le tranchant est mousse, & qui n’a été trempé qu’après avoir été fabriqué. La pointe de ce bistouri est terminée par un petit bouton. Il est monté sur un manche d’ivoire taillé à pans. L’usage de ce bistouri est de dilater les étranglemens dans différentes opérations, comme dans les hernies, &c. ce qu’il exécute sans aucun danger, parce que son tranchant, qui est mousse, ne coupe que les parties qui résistent. Pl. III. fig. 17.

Btstouri gastrique, est un instrument inventé par M. Morand pour dilater les plaies du bas-ventre, afin de réduire les parties qui en sont sorties. Cet instrument est composé de deux pieces ; une fixe, & une mobile : la piece fixe est semblable à un manche de ciseaux, excepté qu’elle est plus longue ; elle est terminée d’un côté par un anneau, & de l’autre par un stylet ou une sonde boutonnée, & un peu recourbée : la piece mobile est plus courte ; elle est composée d’une lame dont le tranchant est extérieur, & d’un petit manche au bout duquel est un anneau semblable à celui de la piece fixe ; la partie antérieure de la lame est jointe à la piece fixe par une petite charniere à jonction passée ; l’union de la piece mobile à l’immobile est à deux pouces de distance du bout du stylet. (Voyez fig. 4. Pl. VI.) Pour se servir de cet instrument, on le tient par les anneaux comme des ciseaux ; on porte perpendiculairement le stylet dans l’endroit où l’on veut dilater, & lorsqu’il est entré aussi avant qu’il est nécessaire, on éloigne la partie mobile de l’immobile, afin de couper avec le tranchant les parties qui font l’étranglement. Cet instrument réunit la sonde & le bistouri qui occupoient les deux mains du chirurgien. C’est un grand avantage, puisque l’opérateur en se servant du bistouri gastrique, peut ranger de l’autre main les intestins, & se dispenser d’emprunter le secours d’une main étrangere, qui n’est jamais si sûre que la sienne.

Bistouri herniaire, est un bistouri courbe caché dans une cannule qui n’est plus en usage, pour dilater l’anneau du muscle oblique externe dans l’opération de la hernie. Feu M. de la Peyronie, premier chirurgien du Roi, a changé la destination de cet instrument, lequel au moyen de quelques corrections qu’il y a faites, est fort convenable pour l’opération du phymosis.

Cet instrument est composé de deux pieces principales ; d’une cannule d’argent ou d’acier, & d’un bistouri. Voyez fig. 15. & 16. Pl. III.

La cannule est arrondie, longue de quatre pouces, épaisse de quatre lignes à sa partie postérieure ; elle va insensiblement en diminuant pour se terminer par une pointe un peu mousse. Cette cannule est un peu courbe dans toute sa longueur ; sa partie supérieure & postérieure est plate depuis le manche, à la longueur de quatorze lignes : on observe dans le plus large de cette surface un trou taraudé pour recevoir une vis qui sert à attacher un ressort : cette surface plate est bornée par une éminence olivaire qui s’éleve du corps de la cannule à la hauteur de trois lignes, & qui peut avoir trois lignes & demie d’épaisseur, sur cinq lignes de longueur.

La cannule est fendue à jour, suivant l’épaisseur de son corps ; de maniere que cette fente regne supérieurement depuis la fin de la surface plate jusqu’à l’extrémité antérieure de la cannule, coupant dans ce chemin l’éminence olivaire en deux ; & inférieurement elle se termine à quatre ou cinq lignes de l’ex-