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nom de bison, & qu’ils ont dit être fréquens in tractu saltûs hercynii, & dans tout le nord. Les Amériquains se vêtissent de la peau de leurs bœufs, & s’en font des couvertures pour se défendre de la rigueur du froid. Voyez Aldrov. de Quad. bisul. pag. 353. & suiv. Ray, Quad. synop. pag. 71. Voyez Taureau. (I)

Les cornes du bison sont estimées sudorifiques & propres pour résister au venin, si on les prend en poudre, depuis un scrupule jusqu’à un gros ; la fiente en est fort résolutive. (N)

Bison, en termes de Blason, est la même chose que buste. Tête de bison couronné. (V)

BISQUAINS, s. f. plur. (Commerce.) ce sont des peaux de moutons garnies de leur laine, qui ont été passées & préparées chez les Mégissiers. C’est avec ces peaux que les Bourreliers font des couvertures aux colliers des chevaux de tirage. Voyez Housse.

BISQUE, s. m. terme de Paumier, qui signifie l’avantage qu’un joüeur fait à un autre, en lui donnant un quinze pour toute chose ; & le joüeur qui reçoit cet avantage, peut prendre ce quinze dans tel endroit de la partie que bon lui semble. Ainsi prendre bien sa bisque, signifie placer à propos ce quinze.

Bisque, s. f. (Cuisine.) sorte de potage en ragoût ; on en fait de gras & de maigres ; aux écrevisses, en légumes, comme lentilles, &c. c’est toûjours une purée qu’on répand sur le potage, ou sur d’autres mets, & cette purée ne se fait pas autrement que les autres. Voyez Purée.

BISSE, s. f. terme de Blason, espece particuliere de serpent, qu’on appelle biscia en Italie. Quelques-uns veulent que ce soit de son sifflement qu’on lui ait donné ce nom. D’autres disent qu’il vient du mot françois bis, qui signifie gris cendré, à cause que ces sortes de serpens sont presque tous de cette couleur. (V)

BISSEAUX, (Géog.) île d’Afrique, sur la côte de Nigritie, habitée par des Negres. Il y a neuf rois dans cette île qui a quarante lieues de circuit.

BISSECTION, s. f. en Géometrie, est la division d’une étendue quelconque, comme un angle, une ligne, &c. en deux parties égales ; c’est ce qu’on nomme autrement bipartition. Voyez Division, &c. (E)

BISSEXTILE, adj. année bissextile, en Chronologie, est une année composée de trois cents soixante-six jours ; elle arrive une fois en quatre ans par l’addition d’un jour dans le mois de Février, pour retrouver les six heures que le soleil employe dans un an au-delà des trois cents soixante-cinq jours qu’il met ordinairement dans son cours annuel, lesquelles six heures en quatre ans, font vingt-quatre heures, & par conséquent un jour entier. Par cette addition la longueur de l’année est à très-peu près la même que celle de la révolution de la terre autour du soleil. V. An.

Le jour ajoûté de la sorte se nomme aussi bissextil, César l’ayant fixé au jour qui précede le 24 Février, qui chez les Romains étoit le six des calendes de Mars.

Le 24 Février se comptoit deux fois cette année, & on disoit par conséquent deux fois (bis) le sixieme des calendes de Mars, sexto calendas Martii ; c’est pour cette raison que le jour intercalaire & l’année où il est inseré, sont l’une & l’autre nommés bissextiles. Comme dans cette année Février a 29 jours, le jour de S. Matthias, qui est le 24 de ce mois dans l’année ordinaire, se célebre alors le 25 ; & l’année bissextile a deux lettres dominicales, dont l’une sert jusqu’à la vigile de S. Matthias, l’autre jusqu’au reste de l’année. Voyez Lettre dominicale.

Si l’année solaire étoit véritablement & exactement de 365 jours, 6 heures, l’année commune se retrouveroit exactement au bout de quatre ans avec l’année solaire ; mais l’année solaire étant de 365 jours 5 heures 49 minutes, il s’en faut 44 minutes que ces deux années ne s’accordent au bout de quatre ans.

Les Astronomes chargés par Gregoire XIII. de la réformation du calendrier, observant donc que le bissextile en quatre ans, ajoûtoit 44 minutes à l’espace de tems que met le soleil à retourner au même point du zodiaque, & trouvant que ces minutes surnuméraires formeroient un jour en 133 ans, résolurent de prevenir le changement qui s’introduiroit ainsi peu à peu dans les saisons, & pour cela ils ordonnerent, que dans le cours de 400 ans, on retrancheroit trois bissextiles ; ce fut pour cette raison que l’année 1700 ne le fut point ; 1800 & 1900 ne le seront pas non plus : mais 2000 le sera, & ainsi du reste. Voyez Calendrier Grégorien . (O)

* BISSUS, s. m. (Hist. nat. anc.) matiere propre à l’ourdissage, & plus précieuse que la laine. Les plus habiles critiques n’ont pas encore bien éclairci ce que les anciens entendoient par le bissus. Ils en ont seulement distingué de deux sortes : celui de Grece, qui ne se trouvoit que dans l’Elide, & celui de Judée qui étoit le plus beau. L’auteur nous apprend que celui-ci servoit aux ornemens sacerdotaux, & même que le mauvais riche en étoit vêtu : mais comme, sous les noms de bissus, les anciens ont confondu les cotons, les ouates, en un mot tout ce qui se filoit & étoit plus prétieux que la laine, il n’est pas aisé de dire au juste ce que c’étoit, & s’il ne s’en tiroit pas du pinna marina, coquillage ou espece de grande moule de deux pieces, larges, arrondies par en-haut, pointues par en-bas, fort inégales en dehors, d’une couleur brune & lisse en-dedans, tirant vers la pointe sur la couleur de nacre de perles, longues depuis un pié jusqu’à deux & demi, portant à l’endroit le plus large environ le tiers de leur longueur ; & garnies vers la pointe du côté opposé à la charniere, d’une houpe longue d’environ six pouces, plus ou moins, selon la grandeur du coquillage, composée de plusieurs filamens d’une soie fort déliée & brune, qui, regardés au microscope, paroissent creux ; qui donnent, quand on les brûle, une odeur urineuse comme la soie ; & qu’Aristote qui les nomme bissus, ou soie, des coquilles qui les portent, nous dit qu’on peut filer : il n’y a donc guere de doute que cette soie n’ait été employée pour les habits des hommes riches dans un tems où la soie n’étoit que peu connue, & que les anciens ne l’ayent nommée bissus, soit par sa ressemblance avec le bissus, dont ils filoient des étoffes précieuses, soit qu’elle fût elle-même le bissus dont ils faisoient ces étoffes. Ce qu’il y a de certain, c’est que le bissus du pinna marina, quoique filé grossierement, paroît beaucoup plus beau que la laine, & approche assez de la soie : on en fait encore à present des bas, & d’autres ouvrages qui seroient plus précieux, si la soie étoit moins commune. Pour filer le bissus, on le laisse quelques jours dans une cave, afin de l’amollir & de l’humecter ; puis on le peigne pour en séparer la bourre & les autres ordures ; après quoi on le file comme la soie.

Les poissons qui donnent le bissus, s’en servent pour attacher leurs coquilles aux corps voisins ; car, comme ils sont plantés tous droits sur la pointe de leur coquille, ils ont besoin de ces filamens qu’ils étendent tout autour, comme les cordages d’un mât, pour se soûtenir dans cette situation.

De quelque maniere que le pinna marina forme ses filamens, Rondelet nous dit qu’ils sont plus beaux & plus soyeux que ceux des moules, & qu’ils en different autant que la soie differe de l’étoupe. V. Pinna Marina, & les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1712. pag. 204.

BISTI, voyez Beisti.

BISTOQUET, s. m. (Paumier.) instrument pour joüer au billard : c’est une espece de masse fort pesante & épaisse, dont la queue est plate & recourbée. On s’en sert pour frapper la bille d’un coup sec,