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croissances : la maniere de les élever & de les cultiver est la même que pour les orangers. (K)

BIGARRÉ, adj. en termes de Blason, se dit du papillon & de tout ce qui a diverses couleurs.

Ranerolles en Picardie, de gueules à un papillon d’argent, miraillé & bigarré de sable. (V)

BIGARREAU, BIGARREAUTIER, cerasa duracina ; c’est une espece de cerisier. Voyez Cerisier. (K)

* BIGARRURE, DIVERSITÉ, VARIETÉ, DIFFÉRENCE, (Gramm.) tous ces termes supposent pluralité de choses comparées entr’elles. La difference suppose une comparaison de deux ou plusieurs choses, entre lesquelles on apperçoit des qualités communes à toutes, par lesquelles elles conviennent, & des qualités particulieres à chacune & même peut-être opposées, qui les distinguent. Diversité, marque assemblage ou succession d’êtres différens & considérés sans aucune liaison entr’eux. Cet univers est peuplé d’êtres divers. Variété, se dit d’un assemblage d’êtres différens, mais considérés comme parties d’un tout, d’où leur différence chasse l’uniformité, en occasionnant sans cesse des perceptions nouvelles. Il regne entre les fleurs de ce parterre une belle variété. Bigarrure ne differe de variété, que comme le bien & le mal ; & il se dit d’un assemblage d’êtres différens, mais considérés comme des parties d’un tout mal assorti & de mauvais goût. Quelle différence entre un homme & un autre homme ! Quelle diversité dans les goûts ! quelle bigarrure dans les ajustemens !

BIGARRURES, s. f. (en Fauconnerie) sont des taches rousses ou noires, ou des diversités de couleur, qui rendent le pennage d’un oiseau de proie bigarré ; on dit ce faucon a beaucoup de bigarrures.

BIGE, s. m. (Hist. anc.) chariot à deux chevaux de front. Les Romains le nommoient bijuga, parce que les deux chevaux y étoient unis par le même joug. La course des chars à deux chevaux fut introduite dans les jeux olympiques en la xciii. olympiade ; mais l’invention en étoit beaucoup plus ancienne : puisque dans l’Iliade les héros combattent sur ces sortes de chars. (G)

* BIGEN, (Géog.) royaume & ville dépendans de l’empire du Japon, dans l’île de Niphon.

* BIGENIS, (Géog.) ville de Sicile, dans le val de Démona, sur la riviere de Castro-réale.

BIGNET ou BEIGNET, s. m. (Pâtissier) sorte de pâtisserie friande qui se fait de la maniere suivante. Prenez un litron de fleur de farine, six œufs, de l’eau, ou de la bierre, ou du lait, la valeur d’un demi-septier ; délayez le tout ensemble ; ajoûtez du sel convenablement ; prenez des pommes de reinette, une demi-douzaine des plus belles ; pelez-les ; coupez-les par ruelles ; ôtez les pepins & la pépiniere ; trempez vos ruelles dans la pâte, ayez du sain-doux fondu tout prêt, jettez vos ruelles de pommes enduits de pâte dans le sain-doux ; faites cuire ; saupoudrez de sucre, & servez. Il y en a qui mettent le sucre dans la pâte.

On peut se passer de pommes, & faire des beignets avec la pâte seule, dont on enduit les tranches de pommes. Au reste, il y a une infinité de façons de faire des beignets.

BIGNONE, s. f. (Hist. nat.) bignonia genre de plante, dont le nom a été dérivé de celui de M. l’abbé Bignon, bibliothécaire du roi. La fleur des plantes de ce genre est monopétale irréguliere en forme de tuyau ouvert par les deux bouts, & ressemblante aux fleurs labiées. Le pistil sort du calice & est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur. Ce pistil devient dans la suite un fruit ou une silique partagée en deux loges par une cloison mitoyenne, & remplie de semences applaties pour l’ordinaire, & garnies de deux ailes membraneuses. Tournefort. Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

* BIGONZO (Hist. mod. Commerce) on nomme

ainsi à Venise une mesure de vin qui y est en usage ; le bigonzo contient 4 quarti ou 16 secchi, ou environ 63 livres de liquide : mais lorsqu’il s’agit d’eau-de-vie, un bigonze ne vaut que 14 secchi ou 56 livres.

BIGORNE, s. f. (dans les Arts méchaniques en métaux, comme fer, cuivre, argent, or, acier, &c.) c’est tantôt la partie d’une enclume, tantôt une enclume dont le corps est long & menu ; à sa partie supérieure sont deux branches qui font une espece de T avec le corps ; une de ces branches ou bras est en cone, & l’autre en pyramide. Son pié dont la partie supérieure est en embase, se termine en pointe & se fiche dans un billot sur lequel la bigorne est posée. Le milieu d’entre les branches forme une table quarrée, qui fait la fonction d’enclume. Il y a des bigornes de différentes grosseurs. Les grosses servent à tourner & contourner à chaud les grosses pieces de fer, qui ne peuvent recevoir la forme circulaire sur la bigorne de l’enclume ; parce que le corps de l’enclume qui lui sert de base est trop gros. Les petites bigornes qui se posent sur les établis servent à tourner & contourner à froid les pieces petites. Voyez nos Pl. d’Orfévre, de Coutelier, de Serrurier, de Taillandier, & vous y trouverez & des enclumes à bigornes, & des bigornes séparées en cent endroits.

Bigorne de Charron : cette bigorne n’a rien de particulier ; elle est placée sur un billot de bois, & sert aux charrons pour former les têtes des vis, quand ces têtes sont percées, & d’autres ouvrages de la même nature.

Bigorne à chantepure, outil de Ferblantier ; c’est une bigorne qui n’a qu’une gouge longue d’environ quatorze ou quinze pouces, grosse à la base d’un bon pouce, & finissant en pointe ; cette bigorne sert aux Ferblantiers pour arrondir & former en cone la queue d’une chantepure : Voyez la fig. 7. Pl. du Ferblantier.

Bigorne grosse, autre outil de Ferblantier. Cette bigorne n’a qu’une gouge : mais cette gouge est ainsi que la précédente, grosse de six pouces, longue de deux piés, & sert aux Ferblantiers pour forger en cone les marmites & les grosses caffetieres. Voyez Pl. du Ferblantier, fig. 9.

Bigorne, autre outil de Ferblantier ; c’est un morceau de fer monté par le milieu sur un pivot aussi de fer, de façon que la bigorne forme deux bras, dont l’un est rond, & l’autre est à vive quarte, c’est à-dire plat. Les Ferblantiers s’en servent à différens usages de leur métier : au milieu de cette bigorne est aussi percé un trou qui sert pour river ; & il y a vers la partie quarrée plusieurs entailles un peu creuses faites dans le large de la bigorne, du côté plat ou à vive quarre, qui servent pour plier les bords d’une piece de fer-blanc. Voyez les fig. 5. 6. & 7. Pl. du Ferblantier, qui représentent trois sortes de bigornes.

La bigorne des Fourbisseurs est aussi une enclume à deux longs bras, finissant en pointe, & servant à tourner en rond les grosses pieces.

Bigorne, Pl. XII. de l’Horlogerie, espece d’enclume, dont les Horlogers, les Orfevres & d’autres artistes se servent. La partie C de cet outil se met dans l’étau, & les cornes AB servent à forger des viroles ou des pieces courbées.

Bigorne à nœuds (en terme d’Orfevrerie) sont des Bigornes sur lesquelles on restraint les nœuds d’une piece, voyez Nœuds ; ses deux bras se terminent par un bouton recourbé en haut, sur lequel s’appuie la partie de la piece où l’on veut former le nœud.

Bigorne à pot à l’eau & autres vaisseaux de la même espece, c’est parmi les Orfevres en grosserie, une bigorne dont une des extrémités est un peu arrondie sur le dessus seulement, & forme un petit coude pour s’insinuer plus aisément dans le vaisseau pendant qu’on en retraint le ventre. L’autre extrémité est recourbée environ d’un pouce ; c’est sur celle-ci