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est cordiale, sudorifique, &c. Le lait virginal se prépare en versant quelque goutte de cette teinture sur une grande quantité d’eau ; il en naîtra sur le champ un melange blanc, laiteux, opaque, appellé pour cette raison lait virginal. Ce lait est un cosmétique innocent : si on s’en lave le visage, il prendra une couleur douce & vermeille, & se couvrira d’une peau claire & brillante, si on le laisse sécher dessus.

La résine de benjoin est bonne, prise à l’intérieur, pour fondre & résoudre les obstructions de la poitrine ; elle entre pour cette raison dans les pilules de Morton.

Les fleurs tirées par la sublimation sont pectorales, mais sur-tout dans l’asthme humide : elles atténuent & résolvent les viscosités des bronches : on les prend sous toutes fortes de formes : elles donnent une odeur agréable à toutes les compositions où elles entrent. La dose est depuis trois grains jusqu’à dix ou douze. (N)

* On en trouve de deux sortes dans les boutiques : le premier s’appelle amygdaloïde ; il est pâle, d’un rouge brun, & contient des grains blancs comme des amandes ; l’autre est noirâtre & n’a point de taches, ou très-peu. L’arbre qui donne le benjoin est grand ; il a la feuille du citronier, plus petite cependant, moins luisante, & blanchâtre en-dessous, & la fleur du laurier, & les porte renfermées au nombre de cinq, dans une enveloppe commune qui n’a point de pédicule, composé de quatre feuilles, & assez semblable à celle qui entoure la fleur du cornouiller. Chacune de ces fleurs a un pédicule aussi long que l’enveloppe, avec un calice propre, découpé en six quartiers jaunes & très-étroits, huit ou neuf étamines de la longueur du calice, placées autour d’un embryon ovoïde, surmonté d’un style simple. Cet embryon occupe le fond du calice, & les étamines naissent de ses bords : ses fruits sont des noix de la grosseur des muscades, arrondies, applaties, composées d’une écorce charnue, moins épaisse que celle des noix ordinaires, raboteuses en-dehors, & cendrées, vertes en-dedans, & d’une coque un peu applatie, cendrée, dont la substance est plus mince & plus tendre que celle de la noisette. Cette coque renferme une amande blanchâtre ou verdâtre intérieurement, & couverte d’une peau rougeâtre & ridée.

Quant à la maniere de recueillir sa resine, quand l’arbre a cinq ou six ans, on lui fait des incisions longitudinales & un peu obliques, qui pénetrent jusqu’au bois dans la partie supérieure, à la couronne du tronc, vers l’origine des branches. C’est par ces incisions que coule la résine, d’abord blanche, ténue, glutineuse, transparente ; peu à peu elle se fige se durcit, & devient jaune & rougeâtre. Si on la sépare de l’arbre à tems, elle est belle & brillante ; si l’on tarde trop, elle devient sale & brune. Le même arbre n’en donne pas plus de trois livres, & n’en donne qu’une fois ; on le coupe après la premiere récolte, & l’on en plante un autre, parce que les jeunes arbres donnent plus de résine & la donnent meilleure que celle des vieux arbres.

BENITIER, s. m. en Architecture, est un vase de marbre de figure ronde ou ovale, & isolé, porté sur une espece de balustre ; ou une coquille sur quelque console, & attachée à un pilier à l’entrée d’une église. (P)

* BENNE, s. f. (Commerce.) c’est une voiture qui sert de mesure à charbon dans la Flandre. La benne contient 25 vaux ou 18 queues, & la queue 2 mannes. Pour faire une benne de charbon, il faut au moins six cordes de bois ; la corde de bois revient rendue à Namur à dix escalins, & la benne à seize florins.

On nomme aussi benne un petit vaisseau qui sert à charger des bêtes de somme, pour transporter des grains, de la chaux, la vendange, &c. elle tient deux minots.

* BENOIT-DU-SAUT, (S.) Géog. petite ville de France au diocese de Bourges.

BENOITE, s. f. caryophillata, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs feuilles disposées en rond, qui sortent des échancrures d’un calice d’une seule piece, & en forme de bassin. Le pistil s’éleve du milieu de ce calice, & devient dans la suite un fruit presque rond, sur lequel sont attachées plusieurs semences, terminées chacune par un prolongement en forme de queue. Tournef. Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Benoite, caryophillata offic. germ. 842. La benoite est amere ; elle donne au vin où elle a infusé un goût & une odeur agréable, & le rend plus cordial ; elle appaise les douleurs des intestins ; elle est céphalique & alexipharmaque. La racine, qui est la seule qu’on employe, rougit le papier bleu ; elle sent le clou de girofle : le sel approche du sel ammoniac, mais il est fort chargé d’acide, & enveloppé de beaucoup d’huile essentielle & de terre. Le vin de la benoite nommé ci-dessus, est stomacal, apéritif, vulnéraire, & detersif. L’extrait de cette plante a les mêmes vertus : on l’ordonne dans les rhûmatismes. (N)

* BENSHEIM, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans l’électorat de Mayence, sur un ruisseau. Lon. 26. 15. lat. 49. 49.

* BENTHEIM, (Géog.) petite ville d’Allemagne avec château, au comte de même nom, dans le cercle de Westphalie, sur le Vecht. Lon. 24. 43. lat. 52. 23.

* BENTIVOGLIO, (Géog.) petite ville & château d’Italie dans le Bolonois. Lon. 29. 4. lat. 44. 37.

* BÉORI, s. m. (Hist. nat.) animal des Indes occidentales qui ressemble à un veau, dont la peau est épaisse & dure, & qui vit d’herbes sauvages. C’est tout ce qu’on dit de cet animal, peut-être mieux connu & décrit par les Naturalistes sous un autre nom.

BEOTARQUE, s. m. (Hist. anc.) nom de dignité chez les Thébains. Thebes étant la plus considérable ville & la capitale de la Béotie, les magistrats & généraux qui y étoient chargés du gouvernement portoient pendant leur administration le nom de béotarques, c’est-à-dire, commandans ou gouverneurs de la Béotie. Ce mot est composé du nom de la province, & du Grec ἄρχειν, commander. (G)

* BÉOTIE, (Géog. anc. & mod.) province de Grece dite aujourd’hui Stramulipe ; on la place ordinairement dans l’Achaïe ou la Livadie. Elle étoit renfermée jadis entre la Phocide, la Thessalie, la Doride, l’Attique, la mer Egée, ou l’Archipel & le Négrepont. On la divisoit en haute & basse : la haute comprenoit la ville de Lebadia, dite aujourd’hui Bodia, Cheronée, Orchomene, Platée, Amphiclée, Leuctres, Hyampolis, Coronée, Thespie, &c. la basse comprenoit Thebes capitale du pays, qu’on appelle aujourd’hui Stives, Phocie, Mycalessus ou Malacassa, Anthedon, Tanagrada, &c.

BÉQUARRE, en Musique, voyez B quarre. (S)

BEQUETTE, s. f. sans plusieurs Arts méchaniques, tels que celui du Damasquineur, de l’Epinglier, du Serrurier, du Plombier, du Chainetier, de l’Orfevre, &c. & même du Verrier ; ce sont des pinces ou tenailles à main à branches rondes & recourbées, & dont les pointes, appellées aussi becs, sont courtes, fortes, rondes, & coniques toutes deux, ou toutes deux plates, ou l’une ronde & l’autre plate. Voyez Bequette de Chainetier & d’Epinglier.

Bequette de Chainetier ; c’est un outil de la longueur de sept ou huit pouces ; la partie d’en-bas, faite comme celle des pinces ordinaires, est convexe & plate ; ses branches jointes de même aux deux tiers par un clou rivé, ont la facilité de s’ouvrir & de se fermer ; chaque bec de la partie haute est rond,