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l’odeur de la mine de plomb : c’est pourquoi on distingue un certain espace autour des lieux où l’on travaille la mine de plomb, que l’on appele la sphere du bellon. Il est très-dangereux pour tout animal de paître dans cet intervalle. Les symptomes concomitans de cette maladie sont la langueur, la foiblesse, des douleurs insupportables, des tiraillemens dans le ventre, & généralement la constipation. Elle est ordinairement mortelle. La méthode de la guérir la plus heureuse, est d’ordonner aux malades la crême ou les crystaux de tartre en petite dose, mais fréquemment réitérés ; par exemple, deux ou trois fois par jour. Il faut remarquer que le sucre de saturne pris avec excès, produit la même maladie : elle a été occasionnée dans des personnes à qui on l’avoit ordonné, pris en remede contre les fleurs blanches. Voyez Plomb. (N)

BELLONAIRES, (Hist. anc.) prêtres de Bellone, la déesse des combats. Lorsqu’on les admettoit au sacerdoce, ils se faisoient des incisions à la cuisse ou au bras ; & recevant dans la paume de la main le sang qui sortoit de cette blessure, ils en faisoient un sacrifice à leur déesse. Cette cérémonie violente ne fut plus que simulée dans la suite. Ces prêtres étoient des fanatiques, qui dans leurs enthousiasmes prédisoient la prise des villes, la défaite des ennemis, & n’annonçoient que meurtre & que carnage. (G)

BELLONE, s. f. bellonia, (Hist. nat. bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Pierre Bellon, medecin de Caen, qui a écrit sur les arbres coniferes, & sur d’autres parties d’histoire naturelle. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, rayonnée & découpée : il s’éleve du fond du calice un pistil, qui est attaché comme un clou au milieu de la fleur. Le calice devient dans la suite un fruit dur d’une figure ovoide pointue, rempli de petites semences. Plumier, Nova plant. Amer. gen. Voyez Plante. (I)

Bellone, (Myth.) déesse de la guerre, qu’on représentoit armée d’un casque & d’une cuirasse, les cheveux épars & en desordre, avec une pique à la main & un flambeau, ou une espece de fouet ensanglanté. Communément ses temples étoient hors des villes, parce qu’on la regardoit comme une divinité turbulente : Arnobe même l’a mise au nombre des divinités infernales. Elle en avoit un à Rome près de la porte Carmentale, où le sénat donnoit audience publique aux ambassadeurs qu’il ne jugeoit pas à propos de recevoir dans la ville. Il y avoit dans ce temple une petite colonne nommée bellica, sur laquelle on mettoit une pique lorsqu’on étoit prêt de déclarer la guerre à quelque ennemi ; ou, comme d’autres prétendent, par-dessus laquelle les consuls ou les féciaux lançoient un javelot le plus loin qu’ils pouvoient, comme s’ils l’eussent jetté dans le pays ennemi, pour déclarer la guerre. (G)

BELLONS, (Hist. mod.) c’est une espece de lampe usitée en Espagne, que l’on place sur un pié d’argent ou d’autre métal fort évasé. Chaque lampe a huit ou dix tuyaux par où l’on fait passer la meche ; ce qui fait que ces lampes éclairent parfaitement ; & pour augmenter encore la lumiere, on place derriere une plaque d’argent bien polie, qui la refléchit. On y brûle ordinairement de l’huile très-pure.

* BELLUNO, (Géog.) ville d’Italie, capitale du Bellunois dans la Marche-Trévisane, sur la Piave. Long. 29. 45. lat. 46. 9.

* BELMONT, (Géog.) petite ville de France dans le Quercy, généralité de Montauban.

* BELNAUX, s. m. pl. (Œconom. rust.) ce sont des especes de tombereaux qui servent à la campagne au transport des fumiers dans les terres. Comme ils sont lourds, on leur préfere les charettes.

* BELOÉRE, (Hist. nat. bot.) plante Indienne,

toûjours verte. Nous ne dirons rien de ses propriétés, parce qu’on ne nous en apprend pas assez pour la connoître.

BELOMANTIE, s. f. (Divination.) espece de divination qui se faisoit avec des fleches ; du Grec βέλος, arme de jet, dard, fleche, &c. & μαντεία, divination. Elle étoit fort en usage chez les Orientaux pour prendre les augures, surtout avant que de commencer les expéditions militaires. « Le roi de Babylone, dit Ezéchiel en parlant de Nabuchodonosor, s’est arrêté à la tête des deux chemins ; il a mêlé des fleches dans un carquois pour en tirer un augure de la marche qu’il doit prendre. Le sort est tombé sur Jerusalem, & lui a fait prendre la droite ». D’où il s’ensuit que la belomantie se pratiquoit de cette sorte. Celui qui vouloit tirer un augure sur son entreprise prenoit plusieurs fleches, sur chacune desquelles il écrivoit un mot relatif à son dessein & pour ou contre ; il brouilloit ensuite & confondoit ces fleches dans un carquois ; & la premiere qu’il tiroit le décidoit, suivant ce qu’elle portoit écrit. Le nombre des fleches n’étoit pas determiné ; quelques-uns le font monter à onze : mais Pocockius, dans son Essai sur l’histoire des Arabes, remarque que ces peuples, dans une espece de divination semblable à la belomantie, & qu’ils nomment alazalam, n’employent que trois fleches ; l’une sur laquelle ils ecrivent ces mots : le Seigneur m’a commandé ; sur la seconde ceux-ci : le Seigneur m’a empêché ; & ne marquent rien sur la troisieme. Si du vase où ils ont mis ces trois fleches ils tirent du premier coup la premiere ou la seconde, ç’en est assez pour leur faire exécuter le dessein qu’ils ont projetté, ou pour les en détourner. Mais si la troisieme leur tombe d’abord sous la main, ils la remettent dans le vase jusqu’à ce qu’ils en ayent tiré une des deux autres, afin d’être absolument décidés. Voy. Divination.

Il est encore mention dans le prophete Osée, ch. vj. d’une espece de divination qu’on faisoit avec des baguettes, & qui a plus de rapport à la rhabdomantie qu’à la belomantie. Voyez Rhabdomantie. Grotius & S. Jérôme confondent ces deux sortes de divinations, & prouvent que la belomantie eut lieu chez les Mages, les Chaldéens, les Scythes ; que ceux-ci la transmirent aux Sclavons, de qui les Germains la reçurent. (G)

BELOUSES, s. f. pl. (Paumier.) ce sont des trous pratiqués sur la table d’un billard, dans lesquels on tâche de faire entrer les billes en les frappant avec d’autres billes. Il y a ordinairement six belouses sur une table de billard, savoir une à chaque coin, & deux autres dans le milieu de la longueur des deux grands côtés.

BEL-OUTIL, s. m. chez les Orfevres & les Bijoutiers, c’est une espece de petite enclume très-étroite, fort longue, un peu convexe & portative, à deux cornes longues, l’une ronde & l’autre quarrée : c’est de là que plusieurs artistes l’appellent aussi bigorne ou bigorneau. Elle sert au même usage que la bigorne ; mais à des ouvrages concaves qui ont beaucoup de longueur, & dont l’entrée doit être fort étroite. Les deux bigornes ou cornes longues sont séparées par un petit quarré oblong. Il y a des outils d’Orfevre qui portent le même nom de bel-outil, & qui n’ont qu’une corne ; le reste depuis l’origine de la corne, est un quarré oblong & étroit, d’une forme un peu convexe, & qui va en s’allongeant & en conservant la même forme. Voyez Orfevre, Planche I. & II.

BELT, (Géog.) nom de deux detroits de Danemarck, dont l’un est appellé le grand Belt, & l’autre le petit Belt.

* BELTZ ou BELTZKO, (Géog.) ville de Pologne, dans le palatinat de même nom. Long. 42. 44. lat. 50. 30.