Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beau au même degré : mais s’il y en avoit un seul qui ne fût affecté des rapports dans aucun genre, ce seroit un stupide parfait ; & s’il y étoit insensible seulement dans quelques genres, ce phénomene décéleroit en lui un défaut d’œconomie animale, & nous serions toûjours éloignés du scepticisme, par la condition générale du reste de l’espece.

Le beau n’est pas toûjours l’ouvrage d’une cause intelligente : le mouvement établit souvent, soit dans un être considéré solitairement, soit entre plusieurs êtres comparés entr’eux, une multitude prodigieuse de rapports surprenans. Les cabinets d’histoire naturelle en offrent un grand nombre d’exemples. Les rapports sont alors des résultats de combinaisons fortuites, du moins par rapport à nous. La nature imite, en se joüant, dans cent occasions, les productions de l’art ; & l’on pourroit demander, je ne dis pas si ce philosophe qui fut jetté par une tempête sur les bords d’une ile inconnue, avoit raison de s’écrier, à la vûe de quelques figures de Géométrie : courage, mes amis, voici des pas d’hommes ; mais combien il faudroit remarquer de rapports dans un être, pour avoir une certitude complete qu’il est l’ouvrage d’un artiste ; en quelle occasion un seul défaut de symmétrie prouveroit plus que toute somme donnée de rapports ; comment sont entr’eux le tems de l’action de la cause tortuite, & les rapports observés dans les effets produits ; & si, à l’exception des œuvres du Tout-puissant, il y a des cas où le nombre des rapports ne puisse jamais être compensé par celui des jets.

* Blau, Joli, (Gramm.) le beau opposé à joli, est grand, noble & régulier ; on l’admire : le joli est fin, délicat ; il plait. Le beau dans les ouvrages d’esprit, suppose de la vérité dans le sujet, de l’élévation dans les pensées, de la justesse dans l’expression, de la nouveauté dans le tour, & de la régularité dans la conduite : l’éclat & la singularité suffisent pour les rendre jolis. Il y a des choses qui peuvent être jolies ou belles, telle est la comédie ; il y en a d’autres qui ne peuvent être que belles, telle est la tragédie. Il y a quelquefois plus de mérite à avoir trouvé une jolie chose qu’une belle ; dans ces occasions, une chose ne mérite le nom de belle, que par l’importance de son objet ; & une chose n’est appellée jolie, que par le peu de conséquence du sien. On ne fait attention alors qu’aux avantages, & l’on perd de vûe la difficulté de l’invention. Il est si vrai que le beau emporte souvent une idée de grand, que le même objet que nous avons appellé beau, ne nous paroîtroit plus que joli, s’il étoit exécuté en petit. L’esprit est un faiseur de jolies choses ; mais c’est l’ame qui produit les grandes. Les traits ingénieux ne sont ordinairement que jolis ; il y a de la beauté par-tout où l’on remarque du sentiment. Un homme qui dit d’une belle chose qu’elle est belle, ne donne pas une grande preuve de discernement ; celui qui dit qu’elle est jolie, est un sot, ou ne s’entend pas. C’est l’impertinent de Boileau, qui dit que le Corneille est joli quelquefois.

* BEAUX, adj. pris subst. (Hist. mod.) Les Anglois ont fait un substantif de cet adjectif François ; & c’est ainsi qu’ils appellent les hommes occupés de toutes les minuties qui semblent être du seul ressort des femmes, comme les habillemens recherchés, le goût des modes & de la parure ; ceux, en un mot, à qui le soin important de l’extérieur fait oublier tout le reste. Les beaux sont en Angleterre, ce que nos petits-maîtres sont ici ; mais les petits maîtres de France possedent l’esprit de frivolité, & l’art des bagatelles & des jolis riens, dans un degré bien supérieur aux beaux de l’Angleterre. Pour corriger un petit-maître Anglois, il n’y auroit peut-être qu’à lui montrer un petit-maître François : quant à nos petits-maîtres François, je ne crois pas que tout le phlegme de l’Angleterre puisse en venir à bout.

* BEAUCAIRE, (Géog.) ville du bas Languedoc, sur le bord du Rhone. Long. 22. 18. lat. 43. 43.

* BEAUCE, (Géog.) province de France entre le Perche, l’île de France, le Blésois & l’Orléanois.

BEAU-CHASSEUR, en Vénerie, se dit d’un chien qui crie bien dans la voie, & qui a toûjours en chassant la queue retournée sur les reins.

* BEAUCOUP, PLUSIEURS, (Gramm.) termes relatifs à la quantité : beaucoup a rapport à la quantité qui se mesure ; & plusieurs à celle qui se compte. Beaucoup d’eau ; plusieurs hommes. L’opposé de beaucoup est peu ; l’opposé de plusieurs est un. Pour qu’un état soit bien gouverné, nous disons qu’il ne faut qu’un seul chef, plusieurs ministres, beaucoup de lumiere & d’équité.

BEAU-FILS ou BELLE-FILLE, (Jurispr.) nom d’affinité, qui se dit du fils ou de la fille de quelqu’un qui se remarie en secondes nôces, par rapport à celui ou celle qui épouse le veuf ou la veuve.

Beau-fils & belle-fille se disent aussi quelquefois du gendre & de la bru. Voyez Gendre & Bru.

BEAU-FRERE ou BELLE-SOEUR, autre nom d’affinité, dont on se sert pour exprimer l’alliance de l’un des conjoints avec le frere ou la sœur de l’autre.

BEAU-PERE ou BELLE-MERE, est le terme qui correspond à ceux de beau-fils ou belle-fille, dans les deux sens exprimés ci-dessus au mot Beau-fils. (H)

* BEAUFORT, (Géog.) petite ville d’Anjou. Lon. 17. 26. lat. 47. 26.

* Beaufort, (Géog.) ville de Savoie, sur la riviere d’Oron. Long. 24. 18. lat. 45. 40.

* Beaufort, (Géog.) petite ville de France en Champagne, avec titre de duché. Elle porte maintenant le nom de Montmorenci.

BEAUJEU, (Géog.) ville de France dans le Beaujolois sur l’Ardiere. Long. 22. 10. lat. 46. 9.

* BEAUJOLOIS, (Géog.) petit pays de France entre la Saone & la Loire, le Lyonnois & la Bourgogne. Ville-franche en est la capitale.

* BEAULIE, (Géog.) petite ville d’Ecosse, dans le comté de Ross.

BEAU-LIEU, (Manege.) on dit qu’un cheval porte en beau-lieu, lorsqu’il porte bien sa tête.

* Beau-lieu, (Géog.) nom de deux petites villes de France, l’une en Touraine sur l’Indre, l’autre dans la vicomté de Turenne, sur la Dordogne.

Beau ou beau-parer ou beau-partir, porter beau ou en beau lieu. Voyez Parer, Partir.

BEAU PAS, voyez Pas.

BEAUX-JARRETS, voyez Jarret.

BEAUX MOUVEMENS, voyez Mouvement.

* BEAUMARCHÈS, (Géog.) petite ville de France dans la généralité d’Ausch, élection de Riviere-Verdun.

* BEAUMARIS, (Géog.) ville d’Angleterre, capitale de l’ile d’Anglesey, sur le détroit de Menay. Long. 13. 4. lat. 53. 20.

* BEAUMONT, (Géog.) petite ville des Pays-Bas dans le Hainaut, entre la Sambe & la Meuse, avec titre de comté. Long. 21. 51. lat. 50. 12.

Beaumont-le-Roger, (Géog.) ville de haute Normandie. Long. 18. 26. lat. 49. 2.

Beaumont-le-Vicomte, (Géog.) ville du Maine, sur la Sarte. Long. 17. 40. lat. 48. 12.

Beaumont-sur-l’Oise, ville de l’île de France, sur la pente d’une montagne : avec titre de comté. Long. 19. 58. 57. lat. 59. 8. 38.

Il y a encore en France une petite ville de même nom, dans le Périgord, avec titre de comté.

* BEAUNE, (Géog.) ville de France en Bourgogne. Long. 22. 20. lat. 47. 2.

* BEAUPORT, (Géog.) petite baie d’Afrique, en Cafrerie. Les Porugais l’appellent la bay a hermosa.

Beauport, (Géog.) port de l’Amérique, sur la