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doient les premieres semences de leurs opinions. En 1560, deux gardiens des Cordeliers de Flandre en déférerent 18 articles à la faculté de Théologie de Paris, qui les condamna par sa censure du 27 Juin de la même année. En 1567 parut la bulle de Pie V. du premier Octobre, portant condamnation de 76 propositions qu’elle censuroit in globo, mais sans nommer Baïus. Le cardinal de Granvelle, chargé de l’exécution de ce decret, l’envoya à Morillon son vicaire général, qui le présenta à l’université de Louvain le 29 Décembre 1567. La bulle fut reçûe avec respect, & Baïus même parut d’abord s’y soûmettre : mais ensuite il écrivit une longue apologie de sa doctrine qu’il adressa au pape, avec une lettre du 8 Janvier 1569. Pie V. après un mûr examen, confirma le 13 Mai suivant son premier jugement, & écrivit un bref à Baïus pour l’engager à se soûmettre sans tergiversation. Baïus hésita quelque tems, & se soûmit enfin en donnant à Morillon une révocation des propositions condamnées. Mais après la mort de Josse Ravestein, arrivée en 1570, Baïus & ses disciples remuerent de nouveau : Grégoire XIII. pour mettre fin à ces troubles, donna une bulle le 29 Janvier 1579, en confirmation de celle de Pie V. son prédécesseur, & choisit pour la faire accepter par l’université de Louvain, François Tolet Jésuite, & depuis cardinal. Baïus rétracta alors ses propositions, & de vive voix, & par un écrit signé de sa main, & daté du 24 Mars 1580. Dans les huit années suivantes qui s’écoulerent jusqu’à la mort de Baïus, les contestations se réveillerent, & ne furent enfin assoupies que par un corps de doctrine dressé par les Théologiens de Louvain, & adopté par ceux de Douai. Jacques Janson, professeur de Théologie à Louvain, voulut ressusciter les opinions de Baïus, & en chargea le fameux Cornélius Jansénius, son éleve, qui dans son ouvrage intitulé Augustinus, a renouvellé les principes & la plûpart des erreurs de Baïus. Voyez l’histoire du Baianisme par le P. Duchesne, qui rapporte tous ces évenemens dans un détail que la nature de cet ouvrage ne nous permet pas d’imiter. Voy. Jansénisme. (G)

BAYART, s. m. terme de Riviere, instrument qui sert à deux hommes pour porter différens fardeaux.

BAYE ou BAIE, s. f. (Marine.) c’est un bras de mer qui se jette entre deux terres, & qui s’y termine en cul-de-sac, par un ventre ou enfoncement plus grand que celui de l’ance, & plus petit que celui du golphe. Voyez Baie. (Z)

Bayes, s. f. (Marine.) bayes d’un vaisseau, ce sont les ouvertures qui se sont dans sa charpente, comme celles des écoutilles, les trous par où les mâts passent, &c. (Z)

* Baye de tous les saints, (Géog.) grande baie sur la côte méridionale du Brésil, proche Saint-Salvador.

* BAYELTE, s. f. (Commerce.) espece de flanelle grossiere & fort large dont on fabrique en plusieurs endroits de France : elle est faite de laine non croisée, fort lâche, & tirée à poil d’un côté.

* BAYEUX, (Géog.) ville de France dans la Normandie, capitale du Bessin, sur la riviere d’Aure. Long. 16. 57. 9. lat. 49. 16. 30.

* BAYON, (Géog.) ville de Lorraine sur la Moselle, à cinq lieues de Nancy.

* BAYONNE, voyez Baionne.

BAYONNETTE, s. f. (Art milit.) dague courte, large, façonnée en forme de lancette, ayant au lieu de poignée un manche creux de fer, pour la fixer au bout d’un mousquet, de sorte qu’elle n’empeche ni de tirer ni de charger.

Les bayonnettes sont d’un grand usage aux dragons & aux fusiliers, lorsqu’ils ont consommé leurs provisions de poudre & de balles.

On dit que la bayonnette a été inventée à Bayonne.

Les troupes françoises sont très-redoutables, la bayonnette au bout du fusil.

On se sert du même instrument à la chasse du sanglier : mais on le fait plus grand pour cet exercice que pour le service militaire. (Q)

* BAZ, (Géog.) petite île à l’occident de l’Irlande, vis-à-vis le comté de Desmond en Mommonie, au nord de la baie de Dingle. Les Irlandois la nomment Blasquo.

* BAZA ou BASA, (Géog.) ville d’Espagne au royaume de Grenade près du Guadalentin, sur les limites de la Murcie & de la Castille.

* BAZAC, s. m. (Commerce.) coton filé très-beau & très-fin qui vient de Jérusalem, ce qui l’a fait appeller coton de Jérusalem : il y a le demi & le moyen bazac, qui sont d’une qualité fort inférieure au bazac simple ou de la premiere sorte.

* BAZADOIS, (le) Géog. province de France qui fait partie de la basse Gascogne, entre la Guienne propre, l’Agénois, & le Condomois. Bazas en est la capitale.

BAZAR ou BAZARI, (Commerce.) lieu destiné au commerce parmi les Orientaux, particulierement chez les Persans. Les uns sont découverts, comme les marchés d’Europe, & servent aux mêmes usages, mais seulement pour y vendre les marchandises les moins précieuses & de plus grand volume ; les autres sont couverts de voûtes fort élevées, & percées par des especes de dômes qui y donnent du jour : c’est dans ces derniers où les marchands de pierreries, de riches étoffes, d’orfévrerie, & d’autres semblables marchandises, ont leurs boutiques : quelquefois même les esclaves s’y vendent, quoique ce barbare commerce se fasse aussi dans les bazars découverts. Furetiere dit que ce terme est purement Arabe, & signifie achat & échange de marchandise, & se dit par extension des lieux où se fait le trafic.

Le bazar ou maidan d’Ispaham est une des plus belles places de toute la Perse, & surpasse même toutes celles qu’on voit en Europe : mais nonobstant sa grande magnificence, il faut avoüer que le bazar de Tauris est la place la plus vaste que l’on connoisse : on y a plusieurs fois rangé trente mille hommes en bataille. Il contient plus de quinze mille boutiques, & passe sans contredit pour le plus superbe de la Perse. On appelle dans cette derniere ville le bazar des pierreries, kaiserié, c’est-à-dire, marché royal. V. Maidan . (G)

* BAZARIE, (Hist. anc. & Géog.) province des Scythes dont les habitans formoient des parcs de bêtes fauves & d’autres animaux : ils choisissoient pour cet effet de grandes forêts arrosées d’eau, ils les fermoient de murailles, & les garnissoient de tours où les chasseurs se retiroient. Alexandre le grand entra dans un de ces parcs où l’on n’avoit point chassé depuis quatre cents ans, & y fut attaqué par un lion qu’il eut le bonheur de tuer.

* BAZAS, (Géog.) ville de France, capitale du Bazadois en Gascogne, sur un rocher. Lon. 17. 20. lat. 44. 20.

* BAZAT, s. m. coton qui vient de Leyde : il y a le bazat de la premiere sorte, l’ordinaire & le moyen. Le premier est le plus beau.

* BAZIOTHIA, (Géog. sainte.) ville de la Palestine dans la tribu de Juda. Samson croit que c’est la même que Bethsabée.

* BAZUNA, (Géog.) ville maritime de l’Océan éthiopique ou oriental, située entre les Cafres & le Zanguebar. On dit que ses habitans ne se nourrissent que de serpens & de grenouilles.

BAZZARUCO, voyez Basaruco.

BAZZO, s. m. (Commerce.) petite monnoie de billon qui a cours en Allemagne : elle a differentes