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ves ; il est cependant rare qu’ils occasionnent la mort du malade ; leur effet le plus ordinaire est d’exciter des abscès derriere les oreilles.

On tire en général un mauvais présage dans les maladies aiguës du brisement (κατάκλασις) des yeux, de leur obscurcissement, de leur fixité ou immobilité, de leur distorsion, soit simple, soit jointe à des selles fréquentes, aqueuses & bilieuses dans le cours des fievres ardentes, avec refroidissement ; & le frisson qui survient à ces distorsions des yeux accompagnées de lassitude, est très-pernicieux. Ces malades sont aussi dans un danger pressant, s’ils tombent alors dans quelque affection soporeuse. Prorrhet. lib. I. sect. II. n°. 51, 48, 56, &c. La situation droite des yeux & leur mouvement rapide, le sommeil troublé ou des veilles opiniatres, l’éruption de quelques gouttes de sang par le nez dans le courant des maladies aigues, n’annoncent rien de bon. Coac. præn. n°. 17. cap. vj.

Les signes que les yeux fournissent le plus ordinairement mortels, sont les suivans : les larmes involontaires, la crainte de la lumiere, leur distorsion, leur grosseur inégale, le changement de la couleur blanche des yeux en rouge, livide ou noirâtre, l’apparition de petites veines noires sur le blanc, la lividité, la paleur, la rigidité, circumtension, la distorsion des paupieres, la formation de petites écailles, λῆμαι, l’élévation des yeux & leur tremblement, de même s’ils sont trop portés en-dehors avec rougeur, sur-tout dans l’angine, ou s’ils sont trop enfoncés, ce qui est un des signes de la face hippocratique, si leur action, leur force & leur éclat sont considérablement diminués ou tout-à-fait anéantis, si les paupieres ne fermant pas exactement pendant le sommeil, ne laissent voir que le blanc des yeux, pourvû que le malade n’ait pas le dévoiement naturel ou occasionné par un purgatif pris dans le jour, ou qu’il n’ait pas accoutumé de dormir dans cet état. Prognost. lib. I. n°. 5, 6 & 7 Cependant ce dernier signe est si funeste, qu’il annonça ou précéda la mort dans Guadagnina, femme de Prosper Alpin, quoique, remarque cet auteur, elle eût quelquefois les yeux disposés de cette façon pendant le sommeil ; mais il étoit accompagné d’affection soporeuse, du refroidissement des extrémités, d’inquiétudes, de la noirceur & de la rudesse de la langue, sans altération. De præsag. vit. & mort. agrot. lib. V. cap. vij. pag. 309.

L’immobilité ou une espece de stupéfaction des yeux, κατάπληξις, fut un signe mortel dans la fille de Nerios, dans qui Hippocrate l’observa peu de jours après avoir reçu un coup du plat de la main sur le sommet de la tête. epidem. lib. V. text. 47. La grosseur inégale des yeux fut un des avant-coureurs de la mort qui survint le lendemain dans le fils de Nicolas & la femme d’Hermoptoleme. Epidem. lib. VII. text. 100 & 13. La flétrissure & le desséchement des yeux fournissoient aussi le même présage, qui se trouve confirmé par l’exemple d’un malade qui avoit reçu une blessure au foie, dont il est parlé ibid. text. 13. A ces signes Hippocrate ajoute encore l’augmentation du blanc des yeux, qui est quelquefois telle que tout le noir est caché par la paupiere supérieure, & le rétrecissement du noir ou de la pupille, la courbure & le clignotement continuel des paupieres. Coac. præn. cap. vj. n°. 8. J’ai souvent observé dans les moribonds, que la pupille se dilatoit beaucoup, sans doute par une suite du relâchement général, de l’apathie universelle ; on peut aussi mettre au nombre des signes mortels, la fausse apparence de mouches, des pailles qui paroissent voltiger devant les yeux, & que le malade s’efforce de prendre ; la fausse apparence de corps noirs qu’on imagine sur les corps voisins ou sur quelque partie de son corps, indique ordinairement la gangrene dans les yeux : ce fut un signe de mort dans un malade attaqué de la petite vérole.

Quelque certains que soient tous ces différens signes, nous répétons encore qu’il faut, pour ne pas hazarder un jugement qui peut nuire à la santé du malade & à sa propre réputation, les combiner avec les autres ; il ne faut négliger aucune partie de la séméiotique ; le travail est immense, j’en conviens ; mais l’importance de la matiere doit être un motif assez pressant, & l’avantage de l’humanité une récompense assez considérable. (m)

Yeux de serpent, (Physique générale.) sorte de pierres figurées, qui ne sont autre chose, suivant plusieurs physiciens, que les petites dents pétrifiées d’un poisson des côtes du Brésil, qu’on y appelle le grondeur, & les plus grandes de ce poisson, celles qui broyent, se nomment crapaudines. Il y a aussi des yeux de serpent & des crapaudines, qui se peuvent rapporter à des dents de dorade, poisson qui se trouve dans nos mers, & ce système seroit plus simple ; quoi qu’il en soit, voyez l’article Crapaudine (D. J.)

Yeux à neige, (Hist. nat.) c’est ainsi que les Esquimaux nomment dans leur langue des especes de lunettes, dont ils se servent pour garantir leurs yeux de l’impression de la neige, dont leur pays est presque perpétuellement couvert. Ce sont des petits morceaux de bois ou d’os, qui ont une fente fort étroite, précisément de la longueur des yeux, & qui s’attachent au moyen d’un cordon que l’on noue derriere la tête. On voit très-distinctement au-travers de cette fente, & sans aucune incommodité ; de cette façon les sauvages se garantissent de maladies des yeux très-douloureuses, auxquelles ils sont exposés, sur-tout au printems ; ils se servent même de ces lunettes pour voir les objets qui sont dans l’éloignement, comme nous ferions d’une lunette d’approche.

Yeux de bœuf, (Marine.) on appelle ainsi les poulies qui sont vers le racage, contre le milieu d’une vergue, & qui servent à maneuvrer l’itague. Il y a six de ces poulies aux pattes de boulines, trois pour chaque bouline. Il y en a aussi une au milieu de la vergue de civadiere, quoiqu’il n’y ait point de racage, parce que sa vergue ne s’amene point. Dans un combat on la met le long du mât, quand on veut venir à l’abordage.

Yeux de pie, voyez Œil de pie.

Yeux de perdrix, (Soierie.) étoffe, partie de soie, partie de laine, diversement ouvragée & façonnée, qui se fait par les hauts-lisseurs de la sayeterie d’Amiens. (D. J.)

YG

YGA, (Hist. nat. Bot.) gros arbre du Brésil, dont les Indiens détachent l’écorce entiere pour en faire des canots, qui sont capables de porter chacun quatre ou six personnes ; cette écorce est épaisse d’un pouce, longue d’une vingtaine de piés, & large de quatre ou cinq. (D. J.)

YGUALADA, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, dans la Catalogne, sur le torrent de Noya, & sur la route de Barcelonne à Cervere. Quelques-uns croyent que c’est l’ancienne Ergavia, ville des Lacetains, & d’autres l’ancienne Anabis, où Ferdinand III. roi d’Aragon, mourut en 1416.

YL

YLA, l’, (Géog. mod.) riviere d’Ecosse. Elle sort des montagnes de Balvanie, arrose & donne son nom au petit pays de la province de Banf, qu’on appelle Strath-Yla, ensuite coule à l’orient, puis au sud-est, jusqu’à ce qu’elle se jette dans le Dovern. (D. J.)

YN

YNAGUA, l’île de, (Géog. mod.) petite île de l’A-