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dans le Guipuscoa, au bord de la Deva, entre Placentia & Montdragon. (D. J.)

VERGE, s. f. (Gramm.) bâton menu ; branches menues détachées des arbres ; baguette ; instrument de correction ; mesure ; partie de machine, &c. Voyez les articles suivans.

Verge, (Critiq. sacrée.) ῥάϐδος, en grec ; ce mot marque une branche d’arbre, Genes. xxx. 41. un bâton de voyageur, Luc, ix. 3. la houlette d’un pasteur, Ps. xxij. 4. les instrumens dont Dieu se sert pour châtier les hommes, Ps. lxxxviij. 32. Ce mot signifie encore un sceptre, Esth. v. 2. un dernier enfant, un rejetton, Is. xj. 1. un peuple, Ps. lxxiij. 2. La verge de Moïse est le bâton dont il se servoit pour conduire ses troupeaux. Voyez Exod. iv. La verge d’Aaron est le bâton de ce grand-prêtre. Voyez Nom. xvij. (D. J.)

Verge a berger, (Botan.) nom vulgaire de la plante nommée dipsacus sativus par les Botanistes, & dont on a donné les caracteres au mot Chardon à Bonnetier. (D. J.)

Verge dorée, virga aurea ; genre de plante à fleur radiée, dont le disque est composé de plusieurs fleurons ; la couronne est formée au contraire de demi-fleurons soutenus par des embryons, & contenus dans un calice écailleux. Les embryons deviennent dans la suite des semences garnies d’une aigrette. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les fleurs naissent en grand nombre à l’extrémité de petites branches. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Des vingt-neuf especes de ce genre de plante, nous ne dirons qu’un mot de la commune, virga aurea vulgaris latifolia, I. R. H. 484. Sa racine est genouillée, traçante, brune, fibreuse, blanchâtre, d’un goût aromatique ; elle pousse une ou plusieurs tiges, à la hauteur de trois piés, droites, fermes, rondes, cannelées, & remplies d’une moëlle fongueuse ; ses feuilles sont oblongues, alternes, pointues, velues, dentelées en leurs bords, d’un verd noirâtre ; ses fleurs sont radiées & disposées en épis le long de la tige, de couleur jaune dorée, soutenue chacune par un calice composé de plusieurs feuilles en écailles, avec cinq étamines capillaires, à sommets cylindriques. Il leur succede des semences oblongues, couronnées chacune d’une aigrette. Cette plante croît fréquemment dans les bois & les bruyeres, aux lieux montagneux, sombres & incultes ; elle fleurit en Juillet & Août. (D. J.)

Verge d’or, (Mat. méd.) verge d’or à larges feuilles, ou grande verge dorée ; & verge d’or à feuilles étroites, ou petite verge dorée.

On trouve les feuilles & les fleurs de ces deux plantes, en une quantité considérable, dans les vulnéraires de Suisse ou faltranck, Voyez Faltranck. On les emploie aussi quelquefois seules en infusion théiforme, à titre de remedes vulnéraires astringens. Ces remedes sont regardés aussi comme de bons diurétiques, fondans, désobstruans ; & quelques médecins les recommandent à ce titre, dans les menaces d’hydropisie, la gravelle, & les autres maladies des reins & de la vessie. Les feuilles de la verge d’or entrent dans l’eau vulnéraire & dans l’eau générale de la pharmacopée de Paris.

Verge, (Anat.) la figure, la situation, la grandeur de cette partie unique, sont assez connues ; il faut y remarquer :

1°. La cuticule & la peau, qui sont les tégumens communs.

2°. Le prépuce, qui est la peau repliée qui couvre le gland ; à sa partie inférieure il y a un petit frein : on trouve dans ces deux endroits des glandes que Tyson a appellées glandes odoriférantes.

3°. La tunique propre, qui est forte & tendineuse, & qui renferme le reste de la substance du mem-

bre viril ; cette tunique est quelquefois double ; dans

l’entre-deux se trouve la substance celluleuse qui paroit quand on la gonfle & qu’on la fait sécher.

4°. Les corps caverneux ou spongieux, qui font la plus grande partie du membre viril ; ils viennent de l’os pubis, de chaque côté ; ils se joignent ensuite & s’étendent jusqu’au gland ; si l’on y injecte de l’eau, ou si on les gonfle, le membre viril se roidit.

5°. La cloison qui est entre les deux corps caverneux, laquelle est plus épaisse à la partie postérieure, & est percée comme un crible.

6°. Le ligament suspensoire de Vésale, lequel attache le membre viril aux os pubis.

7°. Les muscles, qui sont au nombre de six.

8°. Les premiers sont les érecteurs, ils viennent des os ischion, & finissent de chaque côté aux corps caverneux.

9°. Les seconds sont les accélérateurs ; ils viennent du sphincter de l’anus ; ils embrassent la partie postérieure de l’urethre, finissent de chaque côté aux corps caverneux, & resserrent l’urethre.

10°. Les troisiemes sont les muscles transverses ; ils viennent des os ischion, & finissent à l’origine de l’urethre qu’ils dilatent.

Vésale a le premier décrit par lettres, le muscle suspenseur ; Casserius ensuite, & Cowper parfaitement. Ce dernier s’étoit proposé de donner un ouvrage sur la structure du penis, qu’il n’a point exécuté ; mais Ruysch y a suppléé par de belles découvertes.

Je tire le rideau sur les moyens honteux & toujours nuisibles, que quelques jeunes débauchés emploient pour plaire à des femmes aussi perdues qu’ils le sont. Leur grossiere & stupide brutalité, n’a pour tout succès que de tristes remords. Je me contenterai seulement d’observer en anatomiste, que cette partie peut rester plus petite qu’à l’ordinaire, lorsqu’on lie le cordon ombilical trop près du ventre ; alors il arrive qu’on raccourcit non-seulement l’ouraque, mais on produit encore une contraction dans les vaisseaux sanguins de cet organe, par la trop grande extension des arteres ombilicales, dont ils tirent quelquefois leur origine : or dans ce cas fortuit, on prive cette partie du sang dont elle a besoin pour son développement & pour son usage.

Il n’y a point d’homme qui ait deux verges ; mais Saviard a vû un enfant qui vint au monde privé de cette partie, & qui avoit seulement en son lieu & place, une petite éminence un peu applatie, semblable au croupion d’une poule, au-dessus & à côté de laquelle il y avoit une chair fongueuse, de la largeur d’un écu, & de l’épaisseur d’un travers de doigt, ronde & élevée ; l’ombilic n’étoit pas au milieu du ventre, où il se trouve ordinairement, mais au-dessus & tout-auprès de cette chair fongueuse. La petite éminence qui tenoit lieu de verge, étoit percée de deux petites ouvertures par où l’urine sortoit.

Quoique cette observation soit singuliere, elle n’est pas unique ; j’en connois d’autres exemples cités dans Panarolli, Observ. V. dans Scléuchius, l. IV. p. 523. dans Van-der-Wiell, cent. 2. observat. 32. & dans Borellus, observ. 19. (D. J.)

Verge, (amputation de la) opération de chirurgie par laquelle on retranche le membre viril, attaqué de sphacèle ou de cancer. L’amputation de la verge, & la cure que cette opération exige, n’ont pas été jusqu’ici considérées sous le point de vue le plus simple ; l’art a des progrès à attendre des réflexions que la combinaison de plusieurs faits peut suggérer. Scultet, qui avoit connu à Padoue un homme à qui l’on avoit coupé le membre viril avec succès, fit cette opération en 1635, à un bourgeois de la ville d’Ulm, à l’occasion de la gangrene dont cette partie étoit attaquée. Il coupa dans le vif avec un