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sauvages (rotgausen) qui y abordent en grand nombre pendant l’hiver.

WIESENBOURG, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la partie septentrionale du duché de Saxe, aux confins de la basse-Saxe, de la principauté d’Anhalt, & du margraviat de Brandebourg.

WIESNIETZ, (Géog. mod.) petite ville de la petite Pologne, dans le palatinat de Cracovie, à un mille de Bochna. (D. J.)

WIETLISPACH, (Géog. mod.) petite ville de Suisse, dans le canton de Berne, au bailliage de Ryp, & au pié d’une montagne qui lui donne de l’eau, & des fontaines en quantité.

WIGAN, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, dans la province de Lancastre, sur la route de Londres à Lancastre, entre Wirwick & Preston. Elle est jolie, bien bâtie, assez peuplée, & située au bord de la riviere de Dugless ou de Dowles. L’évêque de Chester, de qui elle dépend, y a son palais. Long. 14. 45. lat. 53. 32.

Il y a à Wigan une fameuse source, qu’on nomme le puits brûlant. Le petit peuple assure que l’eau de cette source s’enflamme comme de l’huile ; c’est une erreur. Il est vrai seulement, qu’il sort de la terre dans cet endroit une vapeur qui donne à l’eau un frémissement semblable à celui qu’elle éprouve quand elle est sur le feu ; mais cette eau n’en acquiert point de chaleur ; la vapeur seule qui se fait jour avec violence est inflammable, prend feu à l’approche d’une chandele allumée, & brûle pendant quelque tems. L’eau au-contraire ne brûle ; ni ne s’échauffe point ; & si l’on tarit cette eau, la vapeur ignée sort tout de même ; la flamme de cette vapeur n’est point décolorée comme celle des corps sulphureux, & n’a point de mauvaise odeur ; enfin ces fumées vaporeuses, ne produisent aucune chaleur sur la main qui y est exposée. L’origine de ces vapeurs ignées, vient apparemment de mines de charbon qui sont dans le voisinage, & qui produisent une vapeur de la même nature. On en procure de semblables artificiellement, par des préparations de fer dissous dans un menstrue convenable. (D. J.)

WIGHS, s. m. pl. (Hist. mod.) nom donné en Angleterre au parti opposé à celui des Torys. Voyez Faction & Tory.

L’origine du nom des Wighs & des Toris, quoique peu ancienne, est très-obscure : si dans la naissance d’un parti on a fait peu d’attention à quelque avanture commune, ou à quelque circonstance frivole, qui a servi à les nommer, en-vain ce parti devenu fameux par les suites, excitera-t-il la curiosité des savans, pour trouver la véritable raison du nom qu’on lui a donné ; ils formeront milles conjectures, & se tourmenteront sans succès pour en découvrir l’étymologie, au-moins pourront-ils rarement se flatter de l’avoir saisie au juste. C’est ainsi qu’on appelle en France les Calvinistes Huguenots, sans qu’on puisse décider sûrement d’où vient ce nom. V. Huguenot.

Wigh est un mot écossois, & selon quelques-uns, il est aussi en usage en Irlande, pour signifier du petit-lait. Tory est un autre mot irlandois, qui veut dire brigand & voleur de grand chemin.

Pendant que le duc d’Yorck, frere du roi Charles II. s’étoit réfugié en Ecosse, ce pays fut agité par deux partis, dont l’un tenoit pour le duc, & l’autre pour le roi. Les partisans du duc étant les plus forts persécutoient leurs adversaires, & les obligeoient souvent à se retirer dons les montagnes & dans les forêts, où ils ne vivoient que de lait, ce qui fut cause que les premiers les appellerent par dérision Wighs ou mangeurs de lait. Ces fugitifs donnerent à leurs persécuteurs le nom de torys ou de brigands. Suivant cette conjecture, les noms de Torys & de Wighs seroient venus d’Ecosse avec le duc d’Yorck.

D’autres en donnent une étymologie qui remonte plus haut. Ils disent que durant les troubles qui causerent la mort tragique du roi Charles, les partisans de ce prince étoient nommés cavaliors, & ceux du parlement round-heads, têtes rondes ; parce qu’ils portoient des cheveux extremement courts. Or comme les ennemis du roi l’accuserent de favoriser la rébellion d’Irlande, qui éclatta dans ce tems-là ; les parlementaires changerent le nom de cavaliers en celui de Torys, qu’on avoit donné aux brigands d’Irlande. Et réciproquement les cavaliers ou partisans du roi donnerent aux parlementaires, parce qu’ils étoient ligués avec les Ecossois, le nom de Wighs, qui est celui d’une espece de fanatiques d’Ecosse, qui vivent en pleine compagne, & qui ne se nourrissent communément que de lait. Dissert. de Rapin Thoiras sur les Wighs & les Torys, imprimé à la Haye en 1717.

M. Burnet prétend que le nom de wigh est dérivé du mot écossois wiggham, qui en soi-même ne signifie rien, & n’est qu’un cri dont les charretiers écossois se servent pour animer leurs chevaux. Que ce nom fut donné pour la premiere fois aux presbytériens d’Ecosse en 1648, lorsque le roi Charles I. étant déjà prisonnier entre les mains du parlement, ils prirent les armes, attaquerent les royalistes, & s’emparerent enfin du pouvoir suprême. Que le parti du roi donna alors le nom de Wighs aux presbytériens écossois, parce que la plûpart n’étoient que des païsans & des charretiers ; que dans la suite ce nom devint commun à tout le parti, & que l’usage s’en établit aussi en Angleterre.

A ce que nous avons déjà dit des Wighs sous le mot Torys, nous ajouterons que les principes des Wighs sont : que les sujets doivent toute sorte de respect & d’obéissance à leurs supérieurs, tant que ceux-ci observent les conditions tacites ou expresses sur lesquelles on leur a remis la souveraine autorité. Que si un prince prétendoit gouverner despotiquement la conscience, la vie & les biens de ses sujets, & qu’il violât pour cet effet des lois fondamentales, il seroit du devoir des sujets, tant pour leur propre conservation, que pour celle de leurs descendans, de refuser l’obéissance que l’on exige d’eux, & de prendre les mesures les plus convenables pour faire qu’à l’avenir ils ne pussent être gouvernés que selon leurs lois. Il n’est pas difficile de sentir que ces principes interprétés suivant les circonstances, par ceux qui les soutiennent, anéantiroient le pouvoir du roi d’Angleterre, & que ce sont ceux qui ont conduit sur l’échafaut l’infortuné Charles I.

Quoique les Wighs soient extrémement opposés au parti de la cour, cependant, soit ménagement, soit autre vue de politique, la cour ne laisse pas que de les employer, & de les mettre souvent dans les plus hautes places. Sous Guillaume III. & les premieres années de la reine Anne, le ministere étoit wigh, il devint tout-à-coup tory sur la fin du regne de cette princesse ; mais dès que Georges I. fut monté sur le trône, les Wighs reprirent l’avantage.

WIGHT l’île de, (Géog. mod.) île sur la côte méridionale de l’Angleterre comprise dans le Hampshire, au sud-ouest de Porsmouth. Elle a environ soixante milles de tour, & renferme trente-six paroisses & trois bourgs à marché ; sçavoir, Newport, Yarmouth & Cows, dont les deux premiers députent au parlement.

Cette île est remarquable par l’honneur qu’elle a eu autrefois de porter le titre de royaume. Ce fut Henri VI. qui l’érigea en royaume en faveur d’Henri Beauchamp, comte de Warwick, son favori, qui fut couronné roi de Wight & des îles de Jersey & Guernsey, en 1445. Il mourut deux ans après, & par sa mort l’île de Wight perdit le titre de royaume. Edouard IV. qui succéda à Henri VI. donna cette île