Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/558

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est un état naturel. Mais la grosseur occasionnée par un air, qui se forme de la corruption des matieres contenues dans cette partie, demande qu’on dilate son orifice pour en faire sortir l’air, & qu’on tâche de prévenir par les antiseptiques, une nouvelle génération du mal. La lymphe amassée dans la cavité de l’utérus, s’évacue de la même maniere, en appliquant en même tems un soutien au bas-ventre ; l’enflure causée par le sang contenu dans les vaisseaux, après la suppression des regles ou des vuidanges, est plus difficile à traiter ; si la fievre putride survient, il faut la guérir en employant les fomentations, & soutenir le ventre. L’enflure qui est une suite de l’hydropisie ou de l’œdème, outre le soutien & l’application des discussifs, exige les diurétiques internes, & les utérins.

Si l’inflammation cause l’enflure, la malade se plaint d’ardeur & de sécheresse, de douleur & d’anxiété dans le bas-ventre, & au périnée. Quelquefois la malade éprouve des stranguries, des douleurs dans les hanches, dans les aînes, le vomissement, la suffocation, la colique & autres maux sympathiques ; la cure de cet état n’est pas différente de celle des autres inflammations. L’érésipelle de matrice se distingue avec peine de son inflammation ; il arrive seulement que la chaleur de la partie est plus considérable, l’urine enflammée, le pouls plus prompt. Quand ces maladies viennent à dégénérer en abscès ou en suppuration ; il faut tirer le pus en dilatant l’orifice de l’utérus, & traiter l’ulcere comme un sinus purulent.

Le sphacele de la matrice se conjecture par une cessation de douleur, dont on ne voit point la raison, par un pouls foible & vacillant, une sueur froide, un visage cadavéreux, un écoulement d’humeur fétide & ichoreuse ; c’est un mal sans remede. Le skirrhe & le cancer de l’utérus croissent lentement, sur tout dans les vieilles femmes ; ils produisent un poids dans le bas ventre, qui semble rouler d’un lieu à un autre par l’inversion du corps ; souvent les mamelles sont flasques & skirrheuses ; enfin par leur masse, ils causent sympathiquement dans les parties voisines grand nombre de symptomes irréguliers ; si l’on conjecture d’abord ce cruel état de la matrice, il faut recourir promptement aux résineux, aux résolutifs, & aux utérins pour l’adoucir : les tubercules, les sarcômes, les verrues, les condylomes adhérens à l’orifice de l’utérus, se connoissent & se traitent comme les mêmes maladies du vagin.

VIII. La matrice consumée par la maladie, & enlevée par la section, ou l’absence naturelle de cette partie, causent nécessairement la stérilité. La diminution de ce viscere dans les vieilles femmes, & avant l’âge de puberté, est dans l’ordre de la nature ; l’ulcération de l’utérus, quelle qu’en soit la cause, se sent par le toucher qui y produit de la douleur ; elle est accompagnée d’une fievre putride, d’un écoulement de pus, de matiere ichoreuse, sanguine, d’une urine épaisse & fétide. La méthode curative est la même que celle d’une fistule ou d’un sinus purulent.

La corruption de l’utérus produit de cruelles morsures dans les parties de la pudeur, des douleurs dans les aînes, dans les hanches, au sommet de la tête, l’assoupissement, le froid des extrémités, la langueur, les inquiétudes, le vomissement, la sueur froide, la mort ; la cure palliative requiert des applications, des injections fréquentes d’antriputrides, & intérieurement tous les remedes qui peuvent retarder le progrès de la pourriture. Il reste toujours de l’ulcération de l’utérus, une cicatrice de cette partie qui est incurable, & qui l’empêche de s’aggrandir, & de se préter suffisamment dans la grossesse. Il en

résulte la stérilité ou l’avortement.

L’action trop foible de l’utérus accumule ordinairement dans ses vaisseaux le sang des menstrues & des vuidanges ; ce manque de force l’empêche de pouvoir expulser suffisamment le fœtus dans une fausse ou véritable couche ; on peut suppléer à cette foiblesse par des remedes utérins qui aiguillonnent ce viscere organique. Si les orifices des vaisseaux de l’utérus manquent de ressort, ils produisent un cours immodéré des regles, des vuidanges, ou bien des fleurs blanches ; cet état requiert des utérins corroborans, réunis à des bandages convenables.

Le spasme, la convulsion de l’utérus, soit dans son fonds ou dans son col, supprime le cours des mois, des vuidanges, cause ou l’avortement, ou la difficulté de l’accouchement, maladies opposées qui néanmoins demandent également des remedes utérins, antispasmodiques & anodins.

En général, tout état morbifique de l’utérus exerce par sympathie son empire sur la machine entiere ; de là vient, en conséquence de la position de ce viscere, de sa connéxion aux autres parties, de l’origine commune de ses nerfs, veines & arteres, tous les phénomenes qui suivent l’hystérisme, la constipation, le ténesme, la difficulté d’uriner, l’ischurie, la faim dépravée, le dégoût, la nausée, le vomissement, la pesanteur dans les reins, la respiration lésée, la suffocation, les maux de tête, la douleur du sein, son enflure, son désenflement, & autres maux symptomatiques qui s’évanouissent par la guérison de la maladie, ou qu’on assoupit pendant quelque tems, par les anodins, les utérins, les nervins.

Pour ce qui regarde le flux immodéré des vuidanges, des regles ou leur suppression. Voyez Regles & Vuidanges. Les pertes de sang dans les femmes grosses, présagent d’ordinaire une fausse-couche, qu’on ne peut prévenir que par le plus grand repos, les raffraichissans & des bandages qui resserrent modérément les vaisseaux qui sont si prêts à s’ouvrir. (Le chevalier de Jaucourt.)

UTILA, (Géog. mod.) île de l’Amérique, dans la nouvelle Espagne, & dans le golphe de Honduras. Son circuit est de trois milles. (D. J.)

UTILE, adj. (Gramm.) Voyez Utilité.

Utile, (Jurisprud.) cette qualification se donne en cette maniere à plusieurs objets différens.

Action utile, chez les Romains, étoit celle qui étoit introduite à l’instar de l’action directe, & alliée par la loi. Voyez Action.

Domaine utile, c’est celui qui emporte le revenu & les fruits d’un fond, à la différence du domaine direct, qui ne consiste qu’en un certain droit de seigneurie ou de supériorité que le propriétaire s’est réservé sur l’héritage.

Jours utiles, sont ceux qui sont bons pour agir, & qui sont comptés pour les délais.

Propriété utile, est opposée au domaine direct. Voyez ci-devant Domaine utile.

Stigneur utile, est aussi de même opposé à seigneur direct. Voyez les mots Seigneurs & Seigneurie. (A)

UTILITÉ, PROFIT, AVANTAGE, (Synon.) L’utilité naît du service qu’on tire des choses. Le profit naît du gain qu’elles produisent. L’avantage naît de l’honneur ou de la commodité qu’on y trouve.

Un meuble a son utilité. Une terre rapporte du profit. Une grande maison a son avantage.

Les richesses ne sont d’aucune utilité quand on n’en fait point usage. Les profits sont beaucoup plus grands dans les finances que dans le commerce. L’argent donne beaucoup d’avantage dans les affaires ; il en facilite le succès. Girard. (D. J.)

UTINA, (Géog. anc.) nom que les Latins donnent à une ville de Frioul, connue vulgairement