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tête de l’insecte ; quand on peut l’avoir au-dehors, on tâche de le lier avec un fil, pour tirer l’insecte tout entier hors de la tumeur, en le roulant sur un petit morceau de bois enduit de quelque graisse. M. de la Condamine dessina à Cayenne l’unique qu’il ait vu, & a conservé ce ver dans l’esprit-de-vin. On prétend, ajoute-t-il, qu’il naît dans la plaie faite par la piquure d’une sorte de moustique ou de maringouin ; mais l’animal qui dépose l’œuf, n’est pas encore connu. (D. J.)

Ver palmite, s. m. (Hist. nat. Insectolog.) insecte très-commun dans plusieurs des îles Antilles provenant d’un scarabé gros à-peu-près comme un hanneton, noir comme du jayet, armé d’une trompe très-dure un peu courbée en-dessous ; il paroît avoir l’odorat subtil & l’œil perçant ; car à peine un palmier est-il abattu, qu’on le voit s’assembler par troupes, & s’introduire dans l’intérieur de l’arbre pour y déposer ses œufs qui éclosent en peu de tems, & produisent un ver, lequel ayant acquis toute sa force, est de la grosseur du doigt, & long environ de deux pouces, d’une forme ramassée, couvert d’une peau blanche un peu jaunâtre, assez ferme & plissée ; sa tête est presque ronde & très-dure, étant couverte d’une espece de casque couleur de marron foncé, dont la partie inférieure se termine par deux fortes mâchoires en forme de pinces ; ce ver tire sa nourriture de la substance du palmier, en cheminant devant lui jusqu’au tems de sa transformation ; alors il s’enveloppe dans les fibres de l’arbre, se dépouille de sa peau, & se change en une belle chrysalide très délicate & très-blanche, mais qui brunit aussi-tôt qu’on lui fait prendre l’air ; au bout de douze ou quinze jours, cette chrysalide s’ouvre, les fibres ligneuses dont elle étoit enveloppée, s’écartent, & laissent échapper le scarabé noir dont on a parlé, qui cherche aussitôt à s’accoupler & à produire un nouveau ver.

Les vers palmites pris dans leur grosseur parfaite, font un mets dont les habitans de la Martinique & ceux de la Grenade sont très-friands ; ils les noyent dans du jus de citron, les lavent bien, les enfilent dans des brochettes de bois dur, & les font rôtir devant un feu de charbon ; l’odeur que ces vers exhalent en cuisant, flatte l’odorat, & invite à y goûter ; mais leur figure modere un peu l’appétit de ceux qui n’en ont jamais mangé. La peau du ver palmite est mince, croquante, renfermant un peloton d’une graisse plus fine que celle du chapon, très-agréable à voir & d’un très-bon goût.

Ver solitaire, voyez Tænia.

Vers marins, terme de pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Saint-Valeri-en-Somme ; sortes de vers que l’on ramasse après avoir foui le sable découvert par la basse-mer, & qui servent d’appât aux lignes ou cordes des pêcheurs.

Les pêcheurs de Saint-Valery qui font dans des gobelettes la pêche à la ligne armée d’épines au lieu d’ains de fer, emportent chacun dix pieces, & le garçon ou le mousse cinq pour sa part : ce qui donne cinquante cinq pieces d’aplets & une tésure de 3300 brasses ; les piles qu’ils nomment peilles, au bout desquelles est l’épinette, sont frappées de demi-brasse en demi-brasse, & n’ont qu’environ chacune vingt pouces de longueur : ce qui donne pour chaque tésure ou cours d’apletre de l’équipage d’une goblette, plus de 700 épinettes ou hameçons de bois ; on les amorce avec des vers marins fort abondans à cette côte ; ces mêmes filets servent aussi amorcés de même à la pêche à pié.

Ce sont ordinairement les femmes & les filles qui vont défouir les vers marins avec une mauvaise petite bêche ; elles font ce travail lorsque la marée s’est entierement retirée, & qu’elle est au plus bas ; elles

connoissent la différente qualité de ces vers par les traînées qu’ils font sur le sable en s’y enfouissant : ce que les pêcheurs nomment chasse de vers. Les vers noirs qui sont gros comme le petit doigt, sont les plus recherchés ; les vers rouges qu’ils nomment verotis, sont les moins estimés, & on ne s’en sert qu’au défaut des autres.

Outre les vers que ces femmes pêchent pour les ains de leurs maris ; elles en vendent encore beaucoup aux pêcheurs du bourg d’Ault, du Treport & de Dieppe, qui les viennent acheter de leurs mains. Les pêcheurs de Saint-Valery ont eu souvent de grandes discussions avec les pêcheurs de Crotoy & de Rotionville qui sont placés par le travers de leurs côtes, sur les ressorts de l’amirauté d’Abbeville, au sujet de cette petite pêche sur les sables du ressort de cette derniere amirauté, l’embouchure de la Somme étant fort variable, & laissant de cette maniere les sables d’un ressort souvent d’une marée à l’autre, sur celui qui lui est opposé & voisin.

Vers, terme de chasse, ce sont des vers qui s’engendrent l’hiver entre la nape & la chair des bêtes fauves, qui se coulent & vont le long du col aux cerfs, aux daims & aux chevreuils entre le massacre & le bois, pour leur ronger & leur faciliter à mettre bas leurs têtes.

Vers, maladie des oiseaux de proie ; on connoit que les oiseaux ont des vers, lorsqu’ils sont paresseux, que leurs émeus ne sont ni purs ni blancs, & qu’ils remuent leur balai de côté & d’autre ; ces vers qui sont extrèmement déliés, s’attachent au gosier, autour du cœur, du foie & des poumons. Pour les faire mourir, faites prendre aux oiseaux un bole gros comme une feve de poudre d’agaric ou d’aloës mêlée avec de la corne de cerf brûlée & du dictamne blanc, incorporant le tout ensemble avec quantité suffisante de miel rosat ; quand les oiseaux ont pris ce médicament, il faut les porter sur le poing, & ne les point quitter qu’ils n’aient rendu leurs émeus, après quoi on leur donne un pât bon & bien préparé.

Vers, qui naissent dans le corps humain ; ils se trouvent ou dans les intestins, y compris l’estomac, ou hors des intestins. Les vers qui naissent hors des intestins sont de diverses especes, ou plutôt se réduisent sous différentes classes, selon les lieux où ils naissent.

On en compte de dix sortes ; savoir, les encéphales, les pulmonaires, les hépatiques, les cardiaires, les sanguins, les vésiculaires, les spermatiques, les helcophages, les cutanés, & les umbilicaux, sans compter les vénériens. Les vers des intestins sont de trois sortes, les ronds & longs, les ronds & courts, & les plats. Les ronds & longs s’engendrent dans les intestins grêles, & quelquefois dans l’estomac ; les ronds & courts dans le rectum, & s’appellent ascarides. Les plats se nourrissent ou dans les pylores de l’estomac, ou dans les intestins grêles, & se nomment tænia. Voyez Taenia. Les vers qui s’engendrent dans le corps de l’homme, tant ceux des intestins, que ceux qui viennent aux autres parties, prennent souvent des figures monstrueuses en vieillissant.

Les encéphales, ils naissent dans la tête, où ils font sentir de si violentes douleurs, qu’ils causent quelquefois la fureur. Il y en a de quatre sortes, les encéphales proprement dits, qui viennent dans le cerveau ; les rinaires, qui viennent dans le nés ; les auriculaires, qui viennent dans les oreilles, & les dentaires qui viennent aux dents.

Les encéphales proprement dits sont rares ; mais il y a certaines maladies où ils régnent, & l’on a vu des fievres pestilentielles ne venir que de-là. Celle qui fit tant de ravage à Benevent, & dont presque tout le monde mouroit, sans qu’on pût y apporter