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nité que les autres acides avec les alkalis, & même avec la plûpart des métaux il décompose presque tous les sels neutres, & fournit un des meilleurs moyens d’en dégager l’acide.

Quand à son usage médicinal, il est le même que celui que nous avons attribué aux acides en général. Voyez les propriétés de ces sels au mot Sels. Nous y joindrons seulement la remarque que cet acide étant en quelque maniere plus acide que les autres, il possede à un plus haut point les vertus qui leur sont communes.

VITTA, s. f. (Littérat.) bandelette, bande ; ces bandes, vittæ, servoient à border des robes d’hommes & de femmes ; on les employoit sur-tout dans les cérémonies religieuses, pour orner les victimes destinées aux sacrifices.

Je crois qu’il faut distinguer vittæ de infulæ ; infula étoit un bandeau qui couvroit le front du grand pontife, & vittæ étoient des bandelettes qui ceignoient sa tête, & tomboient sur les épaules : elles sont l’origine de ces deux bandes pendantes, attachées aux mitres épiscopales. (D. J.)

Vitta, chez les Anatomistes, bandeau est un mot usité pour exprimer cette partie de l’amnios, qui est attachée à la tête d’un enfant lorsqu’il vient au monde. Voyez Amnios, Coeffe, &c.

VITTEAUX, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la Bourgogne, recette de Sémur, avec un grenier à sel & une mairie. Il y a dans cette ville un hôpital, un couvent de minimes & des ursulines. Elle députe aux états de Bourgogne ; sa situation est sur la Braine & sur un torrent entre des montagnes où l’on trouve du marbre, à 11 lieues ouest de Dijon, 5 sud-est de Sémur. Long. 22. 2. latit. 47. 22.

Languet (Hubert) naquit à Vitteaux en 1518, & se rendit illustre par son habileté dans les lettres, par sa capacité dans les affaires, & par sa grande probité. Ayant lu à Boulogne un livre de Mélanchton, (ce sont les lieux communs de ce théologien), il conçut une telle estime pour l’auteur, qu’il se rendit à Wittemberg en 1549 ; & après l’avoir connu, il embrassa la religion protestante. Il devint en 1565 l’un des premiers conseillers d’Auguste, électeur de Saxe. Ce prince le chargea de négociations importantes, & Languet s’en acquitta très-bien. Il est auteur de la harangue pleine de force, qui fut faite à Charles IX. le 23 de Décembre 1570, au nom de plusieurs princes d’Allemagne.

Il étoit auprès de Guillaume, prince d’Orange, & admis dans le secret de ses affaires, lorsqu’il mourut à Anvers l’an 1581, à 63 ans, sans avoir été marié. On a de lui un gros recueil de lettres en latin, écrites à Auguste électeur de Saxe, aux Camerarius pere & fils, & à son héros Philippe Sidney, vice-roi d’Irlande. On lui attribue encore le fameux livre qui a pour titre Vindiciæ contra tyrannos ; sur quoi le lecteur peut voir la dissertation de Bayle, qui est à la fin de son dictionnaire.

Philibert de la Mare a écrit en latin la vie de cet homme illustre. M. de Thou, qui l’avoit connu aux eaux de Bade, en fait un grand éloge dans son histoire, lib. LXXIV. ad an. 1581 ; & du Plessis Mornay dit de lui : Is fuit (Languetus) quales multi videri volunt ; is vixit qualiter optimi mori cupiunt. (D. J.)

VITTES DE GOUVERNAIL, (Marine.) voyez Ferrures.

VITTONNIERES ou Bittonnieres, (Marine.) voyez Anguilliers.

VITTORIA, (Géog. mod.) ville d’Espagne, dans la Biscaie, fondée par don Sanche, roi de Navarre, & capitale de la province d’Alava, avec titre de cité, entre Miranda & Tolosa, à 60 lieues au nord de Madrid. Elle a une double enceinte de murailles, sans aucune fortification. Ses grandes rues sont bordées

d’arbres arrosés des ruisseaux d’eau vive pour leur entretien contre la chaleur. On y commerce en marchandises de fer, & en lames d’épées qu’on y fabrique avec soin. Long. 14. 43. latit. 42. 49.

Alava (Diego Equivel de), célebre évêque espagnol du xvj. siecle, naquit à Vittoria, & mourut vers l’an 1562. Son ouvrage intitulé, de conciliis universalibus, ac de his quæ ad religionis & reipublicæ christianæ reformationem instituenda videntur, parut à Grenade en 1582, in-fol. c’est un ouvrage plein de bonnes vues de réformation qui n’ont pas été suivies. L’auteur avoit assisté au concile de Trente, & proposa dans une congrégation générale des évêques qui y étoient, de lire publiquement les bulles du pape, concernant les pouvoirs qu’il donnoit aux légats. Mais le cardinal de Ste Croix fit tomber cette proposition, parce que la bulle du pontife de Rome accordée à ses légats ôtoit réellement toute autorité au concile, ce qui fit que chaque légat tint sa bulle secrete. Lorsqu’après l’ouverture du concile on débattit la question de la pluralité des bénéfices, Alava proposa de défendre toutes les commendes & l’union de deux bénéfices en un même sujet, quoique cette union ne fût que pour la vie de celui qui en jouissoit ; mais les autres évêques, & sur tout ceux d’Italie, ne goûterent point cette réforme, & la rejetterent hautement d’un consentement unanime. (D. J.)

Vittoria, (Géog. mod.) ville de l’Amérique, en Terre-ferme, au nouveau royaume de Grenade, dans l’audience de Santa-Fé, à 50 lieues au nord-ouest de Santa-Fé. (D. J.)

VITULA, s. f. (Mytholog.) déesse de la réjouissance chez les Romains. Macrobe dit qu’elle a été mise au nombre des divinités à l’occasion suivante. Dans la guerre contre les Toscans, les Romains furent mis en déroute le 7 de Juillet, qui pour cela fut appellé populi fuga, fuite du peuple ; mais le lendemain ils eurent leur revanche, & remporterent la victoire. On fit des sacrifices aux dieux, & sur-tout une vitulation publique, c’est-à-dire, une grande réjouissance, en mémoire de cet heureux succès. (D. J.)

VITULI insula, (Géog. anc.) île de la grande Bretagne, selon Bede, qui dit que dans le pays on la nomme Scoleseu. Il ajoute que c’est un lieu tout environné de la mer, excepté du côté de l’occident, qu’il y a une entrée de la largeur d’un jet de fronde.

Au midi de Chicester, la mer d’une part, & deux baies des deux autres côtés, forment une petite presqu’île nommée Selsey, au lieu de Scaleseg : ce qui signifie l’île des veaux marins. Elle n’est peuplée aujourd’hui que de villages ; mais anciennement on y voyoit sur le rivage oriental, & vers la pointe de la baie, une ville nommée aussi Selsey, qui fut longtems florissante, ayant eu des évêques depuis le septieme siecle jusqu’au regne de Guillaume le conquérant. Elle fut ruinée par quelque inondation de l’Océan, & le siege épiscopal fut transféré à Chichester ; il n’y reste plus rien que des masures qu’on peut voir lorsque la mer est basse. (D. J.)

VITUMNUS, (Mythologie.) ce dieu qu’on invoquoit lors de la conception d’un enfant, n’est pas de la mythologie payenne, mais de la fabrique de S. Augustin ; il est aisé de s’en appercevoir. (D. J.)

VITZILIPUTZLI, s. m. (Hist. mod. Superstit.) c’étoit le nom que les Mexicains donnoient à leur principale idole, ou au Seigneur tout-puissant de l’univers : c’étoit le dieu de la guerre. On le représentoit sous une figure humaine assise sur une boule d’azur, posée sur un brancard, de chaque coin duquel sortoit un serpent de bois. Ce dieu avoit le front peint en bleu ; une bande de la même couleur lui passoit par-dessus le nez, & alloit d’une oreille à l’autre. Sa tête étoit couverte d’une couronne de plumes