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diacres dont il est parlé dans le ch. xxj. des actes des apôtres. Telles étoient encore les autres vierges du tems de S. Paul : car il n’y avoit point alors de maison particuliere pour les recevoir. Cet usage constant dura jusqu’au troisieme siecle, vers le milieu duquel, comme les monasteres d’hommes s’étoient multipliés dans l’orient ; quelques vierges pour se distinguer des filles du monde, prirent un habit différent des leurs. Cet habit consistoit en une tunique de laine brune & en un manteau noir, ainsi qu’on le voit par la lettre de S. Jérôme à Gaudentius : solent quidam cum futuram virginem spoponderint, pulla tunica eam, & fulvo operire pallio, &c. Le mot quidam prouve bien que cet usage étoit même fort rare. Tel étoit encore dans le quatrieme & dans le cinquieme siecle l’état des vierges de la seconde espece, qui ne cessoient pas pour cela de demeurer avec leurs parens.

Les vierges de la troisieme espece étoient celles qui faisoient un vœu public de virginité, & recevoient le voile de la main de leur évêque, ce qui se pratiquoit avec de grandes cérémonies, ou le jour de l’épiphanie, ou la seconde fête de pâques : c’étoit pendant la messe, au grand concours du peuple, que l’évêque recevoit le vœu & donnoit le voîle, avec cette différence que pour les veuves qui se consacroient à Dieu, la cérémonie se faisoit dans la sacristie & avec moins de pompe. Quelquefois cette cérémonie se faisoit le jour de noël, comme il arriva à sainte Marcelline, sœur de S. Ambroise, à laquelle le pape Libere donna ce jour là le voile dans l’église du Vatican.

Ces trois sortes de vierges demeuroient dans le monde, ou chez leurs parens, ou dans quelque maison particuliere qu’elles choisissoient pour y vivre dans une plus grande retraite : c’est ce qu’on peut conclurre de différens endroits des lettres de S. Jérôme, sur-tout de celle qui a pour titre de vitando suspecto contubernio, dans laquelle il expose aux vierges avec combien de circonspection elles doivent choisir les compagnes de leur retraite. Sainte Marcelline, après sa consécration, demeuroit à Rome avec une autre vierge de ses amies, à qui elle avoit donné un appartement. On trouve dans la vie de S. Ambroise, composée par Paulin, prêtre de Milan, le discours même du pape Libere, à la réception du vœu de cette sainte fille ; le pontife l’exhorte à éviter les assemblées publiques, sur-tout les nôces : donc ces vierges demeuroient encore dans le monde, car on ne fait pas de telles exhortations à des filles cloitrées.

On sait d’ailleurs que sainte Géneviéve, consacrée dès l’âge de sept ans par S. Germain d’Auxerre, & confirmée dans son état par l’évêque de Paris, que M. Baillet nomme Felix, demeura dans le monde jusqu’au tems de sa mort. Le même fait, s’il étoit besoin de nouvelles preuves, seroit encore établi par un passage d’Optat, évêque de Mileve, où ce prélat parlant des vierges d’Afrique, dit que la mître qu’elles portoient sur la tête, & qui designoit leur état, servoit à les garantir contre les poursuites de ceux qui auroient voulu les épouser ou les enlever, ce qu’il n’auroit pas dit, si ces filles avoient été enfermées. Ces mîtres que les vierges d’Afrique portoient aulieu de voile, étoient de laine teinte en pourpre, & servoient à couvrir la tête, & une partie des épaules, ainsi qu’on peut le conclurre des paroles du même auteur.

Enfin les vierges de la quatrieme espece étoient celles qui aussitôt après leur profession publique de virginité, se renfermoient dans un monastere pour y vivre sous la conduite d’une supérieure ; usage qui commença à s’établir dans quelques églises d’orient, au commencement du quatrieme siecle. En effet S.

Basile dans ses ascétiques, fait mention de couvens de filles, aussi bien que de monasteres d’hommes ; & sainte Macrine sa sœur fut abbêsse d’un couvent de filles qui étoit auprès de la ville de Césarée en Cappadoce, dont son frere étoit évêque. C’est ce que nous apprend S. Grégoire de Nysse, frere de ce saint docteur, & de sainte Macrine, dans la vie de cette abbêsse. On le trouve encore dans les histoires de Sozomene & de Socrate, qui disent que Macédonius, évéque de Constantinople, & Eleufius, évêque de Cyzique, avoient fondé dans leurs diocèses des monasteres d’hommes & de filles.

Cet usage de renfermer les filles consacrées à Dieu, s’établit tard en Occident, sur-tout en France, où les plus anciens couvens de religieuses qu’on connoisse, sont ceux que fonderent S. Eloi, en 632. à Paris, dans une be lle maison que Dagobert lui avoit donnée, & où il rassembla plusieurs religieuses sous la conduite de sainte Aure, qui en fut l’abbêsse. Dadon, frere aîné de S. Ouen, fonda un autre couvent de filles à Jouarre, en 640. sous le regne de Clotaire II. & sainte Batilde, femme de Clovis II. à Chelles, en 657.

Il est bon de remarquer qu’après l’établissement de ces monasteres, les filles qui avoient fait vœu solemnel de virginité, n’étoient point astreintes à s’y renfermer ; rien ne le prouve plus clairement que l’ordonnance de Clotaire II. qui se trouve dans la collection des conciles de France, & dont voici les termes : sanctimoniales, tam quæ in propriis domibus resident quàm quæ in monasteriis positæ sunt, &c.

Ce ne fut que par la suite des tems, & pour prévenir les inconveniens qui pouvoient arriver, & qui arivoient en effet quelquefois, que l’église ordonna à toutes les vierges qui se consacroient à Dieu, de se retirer dans des monasteres.

Le vœu public & solemnel de virginité étoit toujours accompagné de la réception du voile, ce qu’on peut prouver, 1°. par l’autorité de S. Ambroise, his in illo tunc die consecrationis tuæ dictis, & multis super castitate tuâ proeconiis sacro velamine tecta es. Omnis populus dotem tuam subscribens non atramento sed spiritu, pariter clamavit, amen. 2°. Par le temoignage d’Optat, qui suppose le fait comme constant, dans tout son 6°. liv. contre les Donatistes. 3°. Enfin par la nov. 8. de l’empereur Majorien, dans laquelle ce prince défend aux peres & aux meres d’user de leur autorité pour contraindre leurs filles à prendre le voile sacré, & de permettre qu’elles le prennent de leur propre mouvement, avant l’âge de quarante ans. Cette ordonnance prouve qu’on prenoit alors le voile fort tard, savoir après l’âge de quarante ans, & l’empereur veut encore qu’on ne le prenne jamais que de son propre mouvement. (D. J.)

VIRGO, nom latin de la constellation de la vierge. Voyez Vierge.

VIRGONIN, est parmi les Tireurs d’or, une espece de manivelle qui s’émmanche sur les bobines de l’avanceur & du degrosseur dans des tenons de fer.

VIRGULE, s. f. (Gram.) c’est une espece d’arc de cercle, dont la convexité est tournée à droite, & qui s’insere entre les mots d’une proposition vers le bas, pour y marquer la moindre des pauses qu’il convient de faire dans la respiration [, ].

On a indiqué ailleurs en détail, & avec le plus d’exactitude qu’il a été possible, les différens usages de ce caractere dans l’ortographe. Voyez Ponctuation.

VIRIBALLUM, (Géog. anc.) ville de l’île de Corse, sur la côte occidentale de l’ile, selon Ptolomée, l. III. c. ij. Le nom moderne est Punta-di-Adiazza, au jugement de Léander. (D. J.)

VIRIL, adj. (Gram.) ce qui convient ou appar-