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regle doit être observée dans toutes les mesures.

Quand dans la suite d’une piece il se trouve quelque chute de chant, ou quelque cadence finale, dont la derniere note est assez longue pour reprendre le coup d’archet, il en faut observer les regles comme si on commençoit la piece.

Lorsque l’on coule une octave, ou quelque passage, en tirant d’un seul coup d’archet, il faut toujours pousser la note qui fait la chute de l’octave ou du passage.

Il faut remarquer qu’il y a de la différence entre couler deux notes ou les tirer ; quand on veut couler, il n’y a que les doigts qui doivent agir, & l’archet ne doit point quitter les cordes ; mais quand on tire deux notes, il faut soulever l’archet à moitié de son coup, & le remettre aussitôt, en continuant le même coup, & non pas en recommençant à tirer, quand on trouve des croches ou doubles croches, dont on est obligé de tirer la premiere & la seconde, suivant la regle ci-devant. Si le mouvement est fort vîte, il ne faut point lever l’archet, mais le couler d’un seul coup.

Dans les pieces de musique où le mouvement est fort léger, on suit ordinairement le coup d’archet, quand on a observé les regles en commençant, car par la suite on n’observe point les regles, à moins qu’on ne rencontre des notes assez longues pour favoriser le coup d’archet.

A la mesure à trois tems, si la premiere mesure est composée de trois notes valant chacune un tems, il faut commencer en tirant  ; & si la premiere vaut deux tems, ou si elle est pointée, il faut commencer en poussant.

Quand la piece est de mouvement, & qu’il se marque sur la premiere note de chaque mesure, sur des notes qui valent chacune un tems, si les deux premieres sont sur un même degré, il faut pousser la premiere, & pousser les deux suivantes sans lever l’archet, c’est-à dire qu’il faut à la moitié du coup en marquer un second, en continuant le même coup ; mais si la premiere & la seconde de la mesure sont sur différens degrés, il les faut pousser d’un seul coup, c’est-à-dire qu’à la moitié du poussé, il faut marquer la seconde note, en continuant le même coup. Cette regle doit être observée particulierement quand les notes montent ou descendent par degrés conjoints.

Lorsque le mouvement ne se marque sur aucun tems de la mesure ; & qu’il marche toujours également, il faut suivre le coup d’archet, à moins qu’il ne se rencontre quelques pauses ou quelque cadence finale, ou quelqu’autre note assez longue pour favoriser le coup d’archet, sans intéresser le mouvement, au même signe ou triple de mouvement ; lorsque l’on trouve une note valant deux tems au commencement de la mesure, dans le courant d’une piece & en tirant, si il suit une noire d’un seul tems, il la faut encore tirer, c’est-à-dire du même coup, en soulevant un peu l’archet.

Quand chaque mesure est composée de noires & de blanches qui syncopent en levant, il faut suivre l’archet, & quand ce mélange cesse, on recommence à observer les regles.

A la mesure de ou trois pour huit, il faut observer le coup d’archet sur les croches, comme on l’observe sur les noires dans la mesure à trois tems.

Dans toutes les mesures quand on trouve une noire ou croche pointée en tirant, il faut tirer la suivante du même coup, autant que la mesure le permet.

A la mesure de six pour quatre, , il faut observer les mêmes préceptes que pour le triple simple, & faisant deux mesures d’une, la mesure étant compo-

sée de six noires, sur les trois premieres & sur les

trois dernieres desquelles on observera les regles du triple.

A la mesure six pour huit, , & dans tous les mouvemens de gigue, il faut suivre le coup d’archet, quoique souvent les notes pointées se trouvent en tirant ; il faut seulement observer que dans cette mesure, soit en mouvement de gigue ou non, lorsqu’il se rencontre une noire en tirant, qui est la premiere ou la troisieme note de la mesure, il faut tirer du même coup la croche suivante.

Aux airs de mouvement de la mesure à deux tems sur les noires, il faut pousser la premiere partie du premier & du second tems, & si la note qui commence la mesure vaut un tems, il faut tirer les deux suivantes d’un seul coup, & les marquer également ; mais si la premiere note est la seconde ou quatrieme partie d’un tems, il faut commencer en tirant.

A la mesure de quatre pour huit, , il faut observer les regles du coup d’archet sur les croches, comme on les observe aux autres signes de deux tems ; quand les croches sont beaucoup mêlées de doubles croches, il faut suivre le coup d’archet.

Dans toutes les mesures où le mouvement n’est point marqué, & où il n’y a point de chute de chant, il faut suivre le coup d’archet sur les notes égales, particulierement dans tous les mouvement vîtes.

Quand on trouve une note syncopée en tirant, il faut tirer la suivante du même coup : si ce n’est que cette suivante fût une seconde syncope ; car alors il faudroit suivre le coup d’archet ; cette regle doit être particulierement observée aux airs de mouvement.

A la mesure à quatre tems, les croches doivent être touchées également, c’est-à-dire, qu’il n’en faut pas marquer une : mais pour les doubles croches, il faut un peu marquer la premiere, troisieme, &c.

A la mesure en deux tems, dans les airs de mouvement sur des croches, il faut un peu marquer la premiere, troisieme, &c. de chaque mesure ; il faut prendre garde de les marquer un peu trop rudement.

A la mesure à trois tems sur les croches, il faut un peu marquer la premiere de chaque mesure, & suivre les autres également ; il faut observer la même chose au triple double sur les noires aux airs de mouvement.

Toutes ces regles peuvent servir pour le violon, & les autres instrumens qui lui ressemblent, c’est-à-dire, que l’on tient comme lui pour en toucher, en changeant seulement le mot tirer en pousser, & le mot pousser en tirer.

Il y a quatre genres de pieces qu’on peut jouer sur la viole ; 1°. les pieces de mélodie, autrement de beaux chants. Voyez Mélodie.

2°. Les pieces d’harmonie ou par accords, dont les parties satisfont agréablement l’oreille quand elles sont bien ménagées dans la composition, & bien touchées dans l’exécution. Voyez Harmonie.

3°. Le jeu de s’accompagner soi-même lorsqu’on sait bien conduire sa voix & toucher la basse agréablement.

4°. Le jeu d’accompagnement dans les concerts de voix & d’instrumens. Voyez Accompagnement.

On pratique sur la viole les mêmes agrémens que fait la voix, qui sont la cadence ou tremblement, le port de voix, l’aspiration, la plainte, la chûte, la double cadence, & en outre le marchement, le battement, & la langueur. On fait tous ces agrémens sur la viole comme sur tous les autres instrumens, en exécutant les unes après les autres les notes que les agrémens renferment.

Il y a trois de ces agrémens qui n’ont point de