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haut, desquels pendent de distance en distance des morceaux de drap ou de laine. Les vigognes effrayés à cette vue, s’arrêtent sans penser à forcer ou franchir ce léger obstacle, à-moins que quelques lamas plus hardis ne leur montrent l’exemple, & alors les Péruviens ou les tuent à coups de fleches, ou les arrêtent en vie avec des lacs de cuir. Frezier, voyage de la mer du Sud. (D. J.)

Vigogne, laine, s. m. (Lainage.) elle vient du Pérou qui est le seul lieu au monde où l’on trouve l’animal qui la porte, & dont elle a emprunté le nom. Les rois d’Espagne ont souvent tenté inutilement d’y faire transporter de ces sortes d’animaux, dans l’espérance de les faire peupler, & de rendre par-là leur laine plus commune & moins chere, en épargnant les frais, & évitant les risques de la mer ; mais soit faute de pâturages qui leur conviennent, soit que le climat ne leur soit pas propre, ils y sont toujours morts ; en sorte que depuis long-tems les Espagnols ont abandonné ce dessein.

La laine de vigogne est de trois sortes, la fine, la carmeline ou bâtarde, & le pelotage ; la derniere est très-peu estimée ; elle s’appelle de la sorte, parce qu’elle vient en pelotes. Toutes trois néanmoins entrent dans les chapeaux qu’on appelle vigogne, mais non pas seules ; il faut nécessairement les mêler avec du poil de lapin, ou partie poil de lapin, & partie poil de lievre. (D. J.)

VIGORTE, s. f. (Artillerie.) c’est un modele sur lequel on entaille le calibre des pieces d’artillerie. (D. J.)

VIGOTS DE RACAGE, (Marine.) Voyez Bigots.

VIGUERIE, s. f. (Gram. & Jurisp.) vicaria, est la jurisdiction du viguier ; elle a pris son nom du titre de viguier qui est un mot corrompu du latin vicarius. Ces vicaires ou viguiers, qui étoient les lieutenans des comtes, furent par succession de tems appellés dans certain pays vicomtes ; ailleurs ils retinrent le nom de vicarii, & en françois viguiers, d’où leur office & jurisdiction a été appellée viguerie.

Il y avoit pourtant, à ce que l’on croit, quelque différence entre les viguiers & vicomtes, en ce que les viguiers n’ayant pas le commandement des armées, & ne s’étant pas rendus seigneurs & propriétaires de leur viguerie ou district, ils demeurerent simples officiers, de maniere qu’ils ne tiennent d’autre rang que celui des prevôt & châtelain.

Il y a encore plusieurs vigueries dans le ressort du parlement de Toulouse. Voyez Ragueau, Pasquier, Ducange, & le mot Viguier. (A)

VIGUEUR, s. f. (Gramm.) grande force ; il se dit des hommes, des plantes, & des animaux, de l’ame & du corps, des membres & des qualités. Il est dans la vigueur de l’âge. Bacon est plein d’idées vigoureuses. Lorsque les lois sont sans vigueur, les mauvaises actions sans châtimens, les bonnes sans récompense ; il faut que l’anarchie s’introduise, & que les peuples tombent dans l’avilissement & le malheur. Quelques actions de vigueur de la part d’un prince intelligent & ferme, suffisent pour relever un état chancelant. Il y a peu d’auteurs qui aient plus de vigueur dans le style, que Montagne. Les plantes sur la fin de l’été sont sans vigueur. La vigueur du corps & de l’esprit est rare sous les climats très-chauds.

VIGUIER, s. m. (Gram. & Jurisp.) vicarius, & par corruption vigerius, est le lieutenant d’un comte. C’est le même office qu’on appelle ailleurs vicomte, prevôt, châtelain. Les titres de viguier & de viguerie sont usités principalement dans le Languedoc. Voyez Viguerie. (A)

VIHERS, (Géogr. mod.) petite ville de France, dans l’Anjou, avec titre de comté, sur un étang, à cinq lieues de Montreuil-Bellay. Long. 17. 8. latit. 47. 10. (D. J.)

VIKIL, s. m. (Commerce.) nom que les Persans donnent aux commis qu’ils tiennent dans les pays étrangers pour la facilité de leur commerce. C’est ce que nous appellons commissionnaires ou facteurs. Voyez Commissionnaire & Facteur. Diction. de commerce.

VIL, adj. (Gram.) c’est celui qui a quelque mauvaise qualité, ou qui a commis quelque mauvaise action, qui marque dans son ame de la pusillanimité, de l’intérêt sordide, de la duplicité, de la lâcheté ; il y a des vices qui se font abhorrer, mais qui supposant quelque énergie dans le caractere, n’avilissent pas. Comme ce sont les usages, les coutumes, les préjugés, les superstitions, les circonstances mêmes momentanées qui décident de la valeur morale des actions ; il y a telle action vile chez un peuple, indifférente ou même peut-être honorable chez un autre ; telle action qui étoit vile chez le même peuple, dans un certain tems, & qui a cessé de l’être ; la morale n’est guere moins en vicissitude chez les hommes, & peut-être dans un même homme, que la plûpart des autres choses de la nature ou de l’art ; multa renascentur, multa cecidére cadentque quæ nunc sunt in honore. C’est ce qu’on peut dire des vertus & des vices nationaux, comme des mots. Tacite nous apprend que les Romains regardoient les Juifs, le peuple de Dieu, celui qu’il s’étoit choisi, pour lequel tant de miracles s’étoient opérés, comme la partie la plus vile des hommes.

VILAIN, adj. (Gram.) laid, mal-propre, incommode, qui a quelque qualité qui cause du dégoût ou du mépris : on dit un vilain tems, un vilain chemin, un vilain animal, une vilaine action, un vilain discours : on dit aussi quelquefois un vilain tout court, d’un homme possedé d’une avarice sordide.

Vilain, en Fauconnerie, on appelle oiseau vilain, celui qui ne suit le gibier que pour la cuisine, qu’on ne peut affaiter ni dresser, tels que sont les milans & les corbeaux, qui ne chassent que pour les poulets.

VILAINE la, ou la Villaine, (Géogr. mod.) en latin Vivinovia, & par Ptolomée Vidiana ; riviere de France. Elle prend sa source aux confins du Maine, & après avoir baigné Vitry, Rennes, & autres lieux, elle se perd dans la mer, vis-à-vis de Belle-Isle. (D. J.)

VILANELLE, s. f. sorte de danse rustique, dont l’air doit être gai, & marqué d’une mesure très-sensible. Le fond en est ordinairement un couplet assez simple, sur lequel on fait ensuite plusieurs doubles & variations. Voyez Doubles, Variations. (S)

VILEBREQUIN, s. m. (Outil d’ouvriers.) outil qui sert a percer, trouer ou forer diverses matieres dures, comme le bois, le marbre, & la pierre, même quelques métaux.

Le vilebrequin est composé de quatre pieces, de la poignée, du fust ou de la manivelle, de la boîte, & de la meche ; la meche est de fer acéré, un peu creuse en forme d’une gouge, & amorcée par le bout. La boîte est de bois ou de fer, suivant que la monture du vilebrequin est de l’un ou de l’autre ; elle est percée par en-bas pour y mettre la queue de la meche ; le fust ou la manivelle qui a la figure d’un arc, est attaché d’un bout solidement à la boîte, & de l’autre à la poignée du vilebrequin ; mais par cette derniere extrémité elle est mobile. Une grande quantité d’ouvriers & d’artisans se servent du vilebrequin, mais entre autres les charpentiers, les menuisiers, & les serruriers : la monture des vilebrequins de ceux-ci est de fer ; celle des autres est de bois. (D. J.)

Vilebrequin, s. m. (outil d’Arquebusier.) ce vilebrequin sert aux arquebusiers pour poser une meche & pour forer des trous dans du bois. Il n’a rien de particulier, & ressemble aux vilebrequins des menuisiers, serruriers, &c.