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Pour les peines des vendeurs & les intérêts de l’argent qu’ils avancent, ils reçoivent certains droits qui sont attribués, lesquels leur doivent être payes par les marchands forains, & déduits sur le prix des marchandises qui ont été vendues. Enfin, ceux qui ont acheté, & pour qui le prix de la vente a été avancé aux forains par les vendeurs, peuvent être contraints au payement sans qu’il soit besoin d’aucune sentence ou jugement qui les y condamne.

Chaque communauté de jurés-vendeurs a outre cela de certains droits & fonctions qui leur sont propres, & dont on trouvera un détail très-circonstancié, aussi bien que de leur création, nombre, augmentation, privileges, &c. Dict. de Comm.

Vendeur d’eau-de-vie, Vendeuse d’eau-de-vie, ce sont à Paris de pauvres gens qui gagnent leur vie en débitant à petites mesures, depuis quatre deniers jusqu’à un sou au plus, l’eau-de-vie qu’ils ont achetée au pot ou à la pinte des détailleurs.

L’ordonnance de 1680 défend aux commis des aides, de faire payer ni exiger aucuns droits de ces petits regratiers, revendeurs d’eau-de-vie à porte-col, ou au coin des rues, à peine de concussion. Dict. de Comm.

VENDICATIONS la cour des, (Hist. d’Ang.) la cour des vendications ou prétentions, est un tribunal particulier qui n’a lieu qu’une seule fois sous chaque regne à l’occasion du couronnement. Les prétentions des personnes qui doivent faire alors quelque service, se fondent sur une ancienne possession, & sont portées à ce tribunal particulier, pour y être fait droit ; on a soin de tenir un registre des décisions de cette cour à chaque regne, qu’on nomme registre de la cour des vendications, au couronnement de tel & tel roi. Cette cour n’est au fond qu’une pure formalité ; les décisions en sont toujours à-peu-près les mêmes.

On peut voir à ce sujet, dans l’histoire d’Angleterre de Rapin, un extrait détaillé des registres de la cour des vendications, au couronnement du roi Jacques II. & de la reine Marie son épouse. En voici quelques articles pour exemple.

I. Le lord grand chambellan vendica, c’est-à-dire réclama, au susdit couronnement, le droit d’aller porter ce jour-là la chemise & les habits au roi, & d’habiller sa majesté ; d’avoir quarante verges de velours cramoisi pour une robe, comme aussi le lit du roi & ce qui en dépend ; la garniture de la chambre où il avoit couché la nuit précédente, avec les habits qu’il portoit la veille, & sa robe de chambre ; de présenter de l’eau à sa majesté avant & après dîner, & d’avoir les bassins, les essuiemains, & la coupe d’essai. Accordé, à la reserve de la coupe d’essai. Il reçut les quarante verges de velours, & le reste des profits fut estimé à deux cens livres sterlings.

II. Le comte de Derby contre-vendiqua l’officier du lord grand-chambellan, avec les avantages, &c. Refusé.

III. Le champion du roi vendiqua son office, en qualité de seigneur de Scrivilsbi, fief du comté de Lincoln, de s’acquitter des devoirs de sa charge, & d’avoir une coupe & le couvert d’or, avec le cheval que monte sa majesté, la selle, les armes, les harnois, & vingt verges de satin cramoisi. Accordé, à la reserve du satin.

IV. Le même office fut contre-vendiqué par une autre branche de le même famille. Refusé.

V. Le lord feudataire de Lyston, en Essex, vendiqua le droit de faire des gaufres pour le roi & pour la reine, & de leur servir à table ; d’avoir tous les instrumens d’argent & d’autres métaux qui servoient à cet usage, avec le linge, & des livrées pour lui & pour deux valets. Accordé ; mais le service se fit, avec son agrément, par les officiers du roi, & les profits

furent évalués à 30 livres sterlings.

VI. Le lord maire avec les citoyens de Londres ; vendiqua le droit de servir du vin au roi après le dîner, dans une coupe d’or, & de garder la coupe & le couvercle pour sa peine ; avec douze autres citoyens qu’ils avoient choisis d’entr’eux, d’assister le grand sommelier d’Angleterre dans son office, & d’avoir une table à main gauche de la salle. Refusé, sous le regne du roi Jacques, parce que ce prince s’étoit emparé alors des libertés de la cité. Malgré cela ils firent l’office par grace ; ils dînerent dans la salle, & ils eurent la coupe pour leur peine.

VII. Le même lord maire & les citoyens de Londres vendiquerent le droit de servir la reine de la même maniere. Refusé dans ce tems-là par la même raison.

VIII. Le maire & les bourgeois d’Oxford, vendiquerent en vertu d’une patente, le droit de servir le roi dans l’office de sommelerie, conjointement avec les citoyens de Londres, avec tous les profits qui en dépendent ; entr’autres trois coupes d’érable pour leur salaire ; comme aussi, par la grace du roi, une grande jatte dorée avec son couvercle. Accordé.

IX. Le seigneur feudataire de Bardol d’Addington, en Surrey, vendiqua le privilege de trouver un homme qui fît un mets de gruau dans la cuisine du roi, & pour cela demanda que le chef de cuisine de sa majesté en fît l’office. Accordé, & le susdit seigneur feudataire l’apporta sur la table du roi, &c.

La cour des vendications s’établit par proclamation avant chaque couronnement, décide les différentes prétentions, & fait insérer dans les registres les vendications qu’elle a accordées ou refusées. (D. J.)

VENDITION, s. f. (Jurisprud.) est la même chose que vente. Voyez ci-après Vente.

VENDOME, (Géog. mod.) ville de France, dans la Beauce, capitale du Vendômois, sur la droite du Loir, à sept lieues au nord-est de Blois, à quinze au nord-est de Tours, & à trente-sept au sud-ouest de Paris. Il y a bailliage, élection, maréchaussée, grenier-à-sel, & plusieurs couvens, entr’autres de cordeliers, de capucins, d’ursulines, &c.

Les écrits qui ont été faits dans le dernier siecle pour prouver la sainte larme de Vendôme, ne sont ni philosophiques, ni raisonnables. Je suis fâché d’y trouver celui du p. Mabillon en réponse à la dissertation de M. Thiers, qui démontroit la fausseté de cette relique, & en conséquence il en avoit demandé la suppression à M. l’évêque de Blois. Long. de Vendôme 18. 44. latit. 47. 46.

Cette ville a la gloire d’avoir eu d’augustes seigneurs dont descendoit Henri IV.

Louis, prince de Condé, frere du roi de Navarre, naquit à Vendôme en 1530, & fut tué en 1569 à la bataille de Jarnac, près d’Angoulème. Voyez Jarnac (Géog. mod.)

Il eut pour fils Henri de Bourbon I. du nom, prince de Condé, sur lequel voyez Jean d’Angeli, Saint, (Géog. mod.)

Souchay (Jean-Baptiste) peut être regardé comme né à Vendôme ; mais il a fait ses études à Paris, où il mourut en 1746, à 59 ans ; il fut reçu de l’académie des Inscriptions en 1726, professeur d’éloquence au college royal en 1732, & deux ans après il obtint un canonicat.

On a de lui 1°. une édition d’Ausone, 2°. une traduction françoise de la Pseudodoxia epidemica du savant Thomas Brown, médecin, en deux vol. in-12, sous le titre d’essai sur les erreurs populaires, 3°. une édition des œuvres diverses de M. Pélisson en trois vol. in-12, 4°. des remarques sur la traduction de Josephe, par M. d’Andilly, Paris 1744, six volumes in-12, 5°. une édition des œuvres de Boileau en 1740, deux vol. in-4°, 6°. une édition mal conçue de l’As-