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& qu’ils imaginoient les rendre encore plus saints & plus vénérables ; sans ces inaugurations, un édifice sacré ne se pouvoit appeller un temple, templum, mais on le nommoit simplement, ædes sacra.

Ædiculum & sacellum, signifioient une espece de petit temple, avec cette différence que les ædicules étoient couvertes, & les petits lieux sacrés dit sacella, étoient sans couverture.

Fanum, désignoit une autre espece de temple, ainsi nommé à fando, à cause des paroles que le pontife proféroit en les consacrant aux empereurs après leur apothéose. Voyez Fanum.

Delubrum signifie quelquefois un édifice sacré, un temple, ou seulement une partie d’un temple. Je vois ce mot employé pour le temple entier dans ce passage d’Ammien Marcellin au sujet du temple Capitolin ; Jovis Tarpeii delubra quantum terrenis divina præcellunt ; mais il ne marque qu’une portion de temple dans cet autre passage, Proserpinæ tabula fuit in Capitolio, in Minervæ delubro. Ce mot se prend dans Pline pour une des trois parties du même temple Capitolin ; & alors les Latins employoient volontiers pour son synonyme le mot de cellæ ou de consortia, comme dans ce vers d’Ausone :

Tria in Tarpeio fulgent consortia templo. (D. J.)

Templum, (Géog. anc.) nom que Tacite, in vitâ Agricolæ, donne à une partie de la Ligurie. Voici le passage : nam classis Othoniana licenter vaga dum in Templo (Liguriæ pars est), hostiliter populatur, matrem Agricolæ in prædiis suis interfecit. On soupçonne qu’il y a faute dans cet endroit de Tacite, & qu’au-lieu de dum in Templo, il faut lire dum Intemelios. Un ancien manuscrit porte, dum Intemelium, Liguriæ urbs est. Il sembleroit que cette derniere façon de lire devroit être préférée, étant appuyée sur un manuscrit. La seule difficulté qui arrête, c’est qu’on connoît un peuple de Ligurie nommé Intemelii, & qu’on ne voit point de lieu appellé Intemelium. (D. J.)

TEMPO DI GAVOTTA, (Musiq. ital.) c’est un air composé dans le mouvement de la gavotte, sans s’assujettir à suivre le nombre des mesures, ni les reprises ordinaires à la gavotte ; il y a souvent des morceaux de cette nature dans les sonnates.

Tempo di minuetto est un mouvement semblable à celui du menuet, & qui est de trois tems légers. (D. J.)

TEMPORAL, le, adj. en Anatomie, ce qui appartient aux tempes, est un os de chaque côté de la tête, ainsi nommé à cause de sa situation dans les tempes. Voyez Tempes.

La figure de cet os est presque circulaire. La partie antérieure & la supérieure sont très-minces, & ne sont composées que d’une seule table. La partie inférieure & la postérieure sont épaisses, dures & inégales. Voyez Crane.

L’os temporal est joint à l’os coronal par la suture écailleuse ; c’est pourquoi il est appellé en cet endroit os écailleux. Sa partie inférieure est jointe à l’os occipital & au sphénoïde. Il est joint à ce dernier, comme aussi aux os de la mâchoire supérieure, par le moyen de certaines apophyses, & en cet endroit il porte le nom d’os pierreux. Voyez l’article Pierreux.

Quoique l’os temporal ne soit composé que d’une seule piece dans les adultes, on y remarque dans les enfans trois pieces différentes, savoir l’écailleux qui occupe le dessus de l’os, l’os pétreux ou le rocher, & le cercle qui s’ossifie à l’extrémité du conduit auditif. Ce cercle dans l’adulte est uni de telle sorte au reste de l’os, qu’on ne trouve aucun vestige qui puisse donner à juger qu’il en ait été séparé ; il croît de maniere avec le reste de l’os, qu’il forme un canal, lequel fait dans l’adulte une partie du conduit de l’oreille. (D. J.)

Temporal, est un muscle qui vient par une origine charnue & demi-circulaire d’une partie de l’os coronal, de la partie inférieure du pariétal, & de la partie supérieure du temporal ; de-là passant sous l’arcade zygomatique, & se réunissant comme dans un centre, il se termine par un fort & court tendon à l’apophyse coronoïde de la mâchoire inférieure qu’il tire en haut. Voyez nos Pl. d’Anatomie, & leur explication.

Ce muscle se nomme aussi crotaphite, & il est couvert d’une expansion tendineuse & forte appellée calotte aponevrotique. Voyez Crotaphite.

Il est bon d’observer ici que quand on est obligé de découvrir l’os situé sous le muscle temporal pour appliquer le trépan, il faut faire l’incision selon la direction des fibres de ce muscle, qui vont de la circonférence au centre, c’est-à-dire de haut en bas, par une seule section faite en son milieu ou en deux endroits en forme d’V majuscule, ou en 7 de chiffre ; mais cette incision n’est pas indifférente à cause des gros vaisseaux qui montent en cet endroit à la tête, & qui peuvent occasionner une grande hémorrhagie. Ajoutez ici l’avis que donne Hippocrate, qu’une incision étant faite au muscle de la tempe, principalement en-travers, la convulsion survient au côté opposé, & réciproquement du côté gauche au côté droit, ce qui arrive par la cessation de l’équilibre. Il faut pourtant convenir que l’expérience apprend tous les jours qu’on peut sans danger, si le cas le requiert absolument, couper ce muscle en-travers, principalement dans sa partie supérieure & dans sa partie moyenne. (D. J.)

TEMPOREL, adj. & subst. se dit des biens & des possessions de la terre par opposition aux biens spirituels.

En certaines occasions on oblige les évêques & les autres bénéficiers à exécuter les lois du prince, sous peine de saisie de leur temporel.

Temporel des rois, en Théologie, signifie tant les terres ou possessions qui appartiennent aux souverains, que l’autorité avec laquelle ils gouvernent leurs peuples.

C’est une question vivement agitée dans les écoles que de savoir si le pape ou même l’Eglise ont un pouvoir, soit direct, soit indirect sur le temporel des rois, ou si ni l’un ni l’autre ne leur appartiennent en aucune maniere.

Tous les ultramontains prétendent que la puissance ecclésiastique a pour objet non-seulement le spirituel des états, & en conséquence ils accordent au pape, qu’ils regardent comme le seul principe & l’unique source de la jurisdiction spirituelle, le pouvoir de disposer de tous les biens terrestres, des royaumes-mêmes & des couronnes. Mais ils se partagent sur la nature de cette autorité. Les uns soutiennent qu’elle est directe, les autres se contentent d’enseigner qu’elle est indirecte.

Dire que l’Eglise & le pape ont un pouvoir direct sur le temporel des rois, c’est reconnoître qu’ils peuvent immédiatement l’un & l’autre, par la nature-même de la puissance dont Jesus-Christ leur a confié l’administration, dépouiller les hommes, même les rois de leurs dignités, de leurs charges & de leurs biens quand ils manquent à leur devoir, & que cette sévérité est nécessaire pour la tranquillité des royaumes. Bellarmin lui-même, quoique très-zélé pour les droits & pour les privileges des souverains pontifes, rejette cette doctrine & la combat avec force. Voyez son traité de roman. pontif. lib. V. c. j.

Avancer que l’Eglise & le pape en sa personne ont un pouvoir indirect sur le temporel des rois, c’est prétendre qu’ils sont l’un & l’autre en droit d’en disposer lorsqu’ils ne peuvent par des peines spirituelles ramener les pécheurs, & qu’ils jugent que l’infliction