Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/875

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir soin ; je veillerai à votre affaire. M. Despreaux s’est servi fort agréablement du verbe veiller.

Ces pieux fainéans veilloient à bien dormir.


(D. J.)

Veiller, (Jurisprud.) signifie en cette matiere être attentif à la conservation de ses droits ; c’est en ce sens que l’on dit que vigilantibus jura prosunt. Un créancier, en formant son opposition, veille pour empêcher que l’on ne purge ses droits par un decret, par des provisions d’un office, par des lettres de ratification d’une rente sur le roi. Le tuteur est obligé de veiller à la conservation des biens de ses mineurs. Tant que le vassal doit, le seigneur veille, & vice versâ, c’est-à-dire que le seigneur qui a saisi, fait les fruits siens, tant que le vassal néglige de prêter la foi, ou au contraire que le vassal gagne les fruits, tant que le seigneur ne saisit pas. Voyez Créancier, Decret, Opposition, Saisie, Tuteur, Seigneur, Vassal. (A)

Veiller, (Marine.) c’est prendre garde à quelque chose. On dit qu’il faut veiller les mâts & non le côté, quand on veut faire entendre que les mâts d’un vaisseau sont bons, & qu’ils vireront plutôt que de démâter. On dit encore qu’une ancre est à la veille, quand elle est prête à être mouillée, & qu’une bouée est à la veille, lorsqu’elle flotte sur l’eau, & qu’elle montre où l’ancre est mouillée.

Veiller, (terme de Fauconnerie.) c’est empêcher l’oiseau de dormir, afin de le dresser.

VEILLOIR, s. m. terme d’ouvriers en cuir ; on nomme ainsi parmi les ouvriers qui travaillent en cuir, comme bourreliers, maletiers, cordonniers, savetiers, &c. une petite table sur laquelle les compagnons mettent leur chandelle & leurs outils lorsqu’ils commencent à veiller, & autour de laquelle ils s’arrangent pour profiter tous de la lumiere. Savary. (D. J.)

VEILLOTE, s. f. terme de Faucheur ; petit tas de foin qu’on fait, lorsque l’arbre du pré est fauché, & qu’on fane à dessein de la réduire le plutôt qu’il est possible en foin (D. J.)

VEINE, s. f. en Anatomie, est le nom que l’on donne aux vaisseaux ou conduits qui reçoivent le sang de toutes les parties du corps, où les arteres l’ont distribué, & le rapportent au cœur. Voyez Pl. d’Anatom. Angeiol. Voyez aussi Sang, &c.

Les veines ne sont qu’une continuation des extrémités des arteres capillaires, qui se réfléchissent vers le cœur. Voyez Capillaire & Artere.

Comme elles se réunissent à mesure qu’elles approchent du cœur, elles forment à la fin trois grosses veines ou troncs ; savoir, la veine cave descendante, qui rapporte le sang de toutes les parties au-dessous du cœur. La veine cave ascendante, qui rapporte le sang de toutes les parties au-dessus du cœur. Et la veine porte, qui va se rendre au foie. Voyez Cave, Cœur, Porte, &c.

L’anastomose des veines & des arteres a été vue au microscope dans les piés, les queues, &c. des grenouilles, & d’autres animaux amphibies, premierement par Leuwenhoeck : mais depuis elle a été observée en d’autres annimaux, & surtout dans l’épiploon du chat, par Cowper ; on l’a remarquée dans différentes parties du corps humain ; mais elle n’est pas constante, &c. Voyez Anastomose, Circulation, &c.

Les tuniques des veines sont quatre, & les mêmes que celles des arteres, excepté que la tunique musculaire est fort mince dans toutes les veines, ainsi que dans les arteres capillaires ; la pression du sang contre les parois des veines étant moindre que contre celles des arteres, parce que la force du cœur est ort affoiblie dans les capillaires. Voyez Pl. anatom.

(Angieol.) Voyez aussi l’article Phlébotomie.

Les veines n’ont point de battement, parce que le sang y est poussé d’une maniere uniforme, & qu’il coule d’un canal étroit dans un plus grand. Mais elles ont un mouvement péristallique, qui dépend de leur tunique musculaire. Voyez Pouls, &c.

Les veines capillaires s’unissent les unes avec les autres, comme il a été dit des arteres capillaires ; mais leur direction est entierement contraire : car au-lieu qu’une artere est un tronc qui se divise en plusieurs branches & plusieurs capillaires, une veine est un tronc formé de la réunion de plusieurs capillaires. Voyez Capillaire.

Dans toutes les veines qui sont perpendiculaires à l’horison, excepté dans celles de la matrice, & dans la veine porte, il y a de petites valvules ou soupapes. Quelquefois il n’y en a qu’une, quelquefois il y en a deux, & d’autres fois trois, placées ensemble, comme autant de demi-dez attachés aux parois des veines, avec leurs ouvertures tournées vers le cœur.

Ces valvules sont pressées contre les parois des veines par le sang qui coule vers le cœur ; mais elles empêchent le sang de revenir du cœur, & en fermant les veines, soutiennent le poids du sang dans les gros troncs. Voyez Valvule.

Les veines sont distinguées par rapport à leur situation, en supérieure & inférieure, ascendante & descendante ; en droite, comme la mésentérique, & en gauche, comme la sphérique ; en interne, comme la basilique, & en externe, comme la céphalique.

Plusieurs veines tirent aussi leurs noms des parties où elles se trouvent, comme les jugulaires, les diaphragmatiques, les rénales, les iliaques, les hypogastriques, les épigastriques, les axillaires, les crurales, les ombilicales, les surales, la sciatique, la saphene, la médiane, la céphalique, la thorachique, la souclaviere, l’intercostale, la coronale, l’hémorrhoïdale, la cervicale, la thymique, la mammillaire, la gastrique, la stomachique, l’épiploïque, la splénique, &c.

On distingue aussi les veines à raison de leurs fonctions particulieres, en spermatiques, émulgentes, &c. Voyez toutes ces veines représentées dans la Pl. anat. (Angéiol.) & leur descriptions particulieres dans leur articles propres. Voyez Jugulaire, &c.

Veine, (Maréchal.) presser la veine. Voyez Presser. Barrer la veine. Voyez Barrer.

Veines, se dit aussi des raies ou des ondes de différentes couleurs qu’on apperçoit sur plusieurs sortes de bois, de pierres, &c. comme si elles y eussent été peintes ; & que les peintres même imitent souvent, en peignant les menuiseries, &c.

En général le marbre est rempli de pareilles veines. Voyez Marbre.

Le lapis lazuli a des veines qui ressemblent à de l’or. Voyez Lapis.

Ovide parlant des métamorphoses des hommes en pierres, dit : quæ modo vena fuit, sub eodem nomine mansit.

Les veines dans les pierres sont un défaut qui vient pour l’ordinaire d’inégalité dans leur consistance, comme d’être trop dures ou trop tendres ; défaut qui fait éclater & fendre les pierres dans ces endroits.

Veine est un mot qui se dit aussi dans le même sens que stratum, pour exprimer les différentes dispositions ou especes de terre qu’on rencontre en creusant. Voyez Stratum.

Ainsi on dit une veine de sable, une autre de roc, &c. une veine d’ocre, de vitriol, d’alun, de calamine, de charbon, &c. Les eaux minérales acquierent leurs différentes qualités en passant par des veines de vitriol, de souffre, &c. Voyez Minéral.

On dit dans le même sens une veine d’or, d’argent,