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VECTIS, (Géog. anc.) île de la mer Britannique. Ptolomée ; liv. II. c. ij. la marque au midi du grand port ; mais quelques exemplaires, au-lieu de Vectis, lisent Victesis, οὐικτέσις. Pline, l. IV. c. xvj. la connoit sous le nom de Vectis ; & Eutrope, aussi-bien que le panégyriste de Maximilien, écrivent Vecta. Je jugerois, dit Ortélius, que ce seroit l’Icta de Diodore de Sicile ; mais je n’adopterois pas les fables qu’il débite par rapport au reflux de la mer ; le nom moderne de cette île est Wight. (D. J.)

VEDAM, s. m. (Hist. superst.) c’est un livre pour qui les Brammes ou nations idolâtres de l’Indostan ont la plus grande vénération, dans la persuasion où ils sont que Brama leur législateur l’a reçu des mains de Dieu même. Cet ouvrage est divisé en quatre parties à qui l’on donne des noms différens. La premiere que l’on nomme rogo, roukou ou ouroukou. Vedam traite de la premiere cause & de la matiere premiere ; des anges ; de l’ame ; des récompenses destinées aux bons, des peines réservées aux méchans ; de la production des êtres & de leur destruction ; des péchés, & de ce qu’il faut faire pour en obtenir le pardon, &c. La seconde partie se nomme jadara ou issurevedam, c’est un traité du gouvernement ou du pouvoir des souverains. La troisieme partie se nomme sama-vedam, c’est un traité de morale fait pour inspirer l’amour de la vertu & la haine du vice. Enfin la quatrieme partie appellée addera-vedam, brama-vedam, ou latharvana-vedam, a pour objet le culte extérieur, les sacrifices, les cérémonies qui doivent s’observer dans les temples, les fêtes qu’il faut célébrer, &c. On assure que cette derniere partie s’est perdue depuis long-tems, au grand regret des bramines ou prêtres, qui se plaignent d’avoir perdu par-là une grande partie de leur considération, vû que si elle existoit, ils auroient plus de pouvoir que les rois mêmes ; peut-être sont-ce ces derniers qui, jaloux de leur autorité, ont eu soin de soustraire les titres sacrés sur lesquels celle des prêtres pouvoit être établie aux dépens de la leur.

On voit par-là que le vedam est le fondement de la théologie des Brames, le recueil de leurs opinions sur Dieu, l’ame & le monde ; on ajoute qu’il contient les pratiques superstitieuses des anciens pénitens & anachoretes de l’Inde. Quoi qu’il en soit, la lecture du vedam n’est permise qu’aux bramines ou prêtres & aux rajahs ou nobles, le peuple ne peut pas même le nommer ni faire usage des prieres qui y sont contenues, non-seulement parce que ce livre contient des mysteres incompréhensibles pour le vulgaire, mais encore parce qu’il est écrit dans une langue qui n’est entendue que des prêtres ; on prétend même que tous ne l’entendent point, & que c’est tout ce que peuvent faire les plus habiles docteurs d’entre eux. En effet, on assure que le vedam est écrit dans une langue beaucoup plus ancienne que le sanskrit qui est la langue savante connue des bramines. Le mot vedam signifie science. Les Indiens idolâtres ont encore d’autres livres sur qui la religion est fondée ; tels sont le shaster & le pouran. Voyez ces deux articles. Le respect que les bramines ont pour le vedam est cause qu’ils n’en veulent communiquer des copies à personne ; malgré ces obstacles les jésuites missionnaires sont parvenus à obtenir une copie du vedam par le moyen d’un bramine converti ; le célebre dom Calmet en a enrichi la bibliotheque du Roi en 1733. Voyez l’Histoire universelle d’une société de savans d’Angleterre, hist. mod. tom. VI. in-8o.

VEDE, la, (Géog. mod.) petite riviere de France, dans la Touraine. Elle passe à Richelieu, & se jette dans la Vienne, près de Chinon. (D. J.)

VEDETTE, s. f. (Art milit.) c’est dans le service de la cavalerie ce qu’on appelle sentinelle dans celui de l’infanterie. Les vedettes se placent dans les lieux les

plus favorables, pour découvrir le plus d’étendue de terrein qu’il est possible dans les environs du camp ; elles sont tirées des grand-gardes ou gardes ordinaires. Voyez Garde ordinaire. (Q)

VEDIANTII, (Géog. anc.) peuples d’Italie, dans les Alpes, selon Pline, liv. III. c. v. qui nomme leur ville Cemelium Vedantiorum civitas. Ces peuples, dit le P. Hardouin, faisoient partie des Liguriens Capillati. Ptolomée, l. III. c. nomme leur ville Cemelenum vendiontiorum, & la place dans les Alpes maritimes ; c’est aujourd’hui Cimiez, près de Nice. (D. J.)

VEDRA, (Géogr. anc.) fleuve de la grande Bretagne. Ptolomée, l. II. c. ij. marque l’embouchure de ce fleuve, entre celle de l’Alaunus & Dunum sinus, sur la côte orientale de l’île ; cette riviere se nomme présentement Weere. (D. J.)

VEDRO, s. m. (Commerce.) mesure de liquides usitée en Russie, qui contient environ 25 pintes.

VEERE, (Géog. mod.) Voyez WEERE.

VÉHEUR, s. m. (Jurisprud.) vieux terme de pratique, qui n’est usité qu’en Normandie, où il se dit des témoins qui assistent à la vue ou visite d’un héritage. Voyez Visite.

VEGA-RÉAL, (Géog. mod.) grande plaine de l’île Hispagnola. Cette plaine a environ soixante-dix lieues de long du nord au sud, & dix dans sa plus grande largeur. Elle est arrosée de quelques grandes rivieres aussi larges que l’Ebre ou le Guadalquivir, & d’un nombre prodigieux de petits ruisseaux, d’une eau pure & fraîche. La plus grande partie de cette plaine formoit autrefois un royaume, dont la capitale étoit au même lieu, où les Espagnols bâtirent depuis la ville de la Conception de la Vega. (D. J.)

VEGEL, VEGER, & BEGÈ ou BEGER, (Géog. mod.) dans quelques cartes ; petite ville d’Espagne, dans l’Andalousie, à l’entrée du détroit de Gibraltar, sur une colline, près du rivage de l’Océan, à 7 lieues au midi de Cadix, dans un terroir sec & aride. Long. 11. 30. latit. 36. (D. J.)

VEGESELA, (Géog. anc.) l’itinéraire d’Antonin marque deux villes de ce nom en Afrique, l’une dans la Numidie, & l’autre dans la Byzazene ; la derniere étoit un siege épiscopal. (D. J.)

VÉGÉTABLE, adj. en Physiologie, est un terme qu’on applique à toutes les plantes, entant qu’elles sont capables de croître, c’est-à-dire à tous les corps naturels qui ont les parties organisées pour la génération & pour l’accroissement, mais non pas pour la sensation. Voyez Plante.

On suppose que dans les végétaux il y a un principe de vie, que l’on appelle communément l’ame végétative. Voyez Végétatif & Végétation.

Boerhaave définit savamment le corps végétable, un corps engendré de la terre, à laquelle il adhere ou tient par des parties, nommées racines, par le canal desquelles il reçoit la matiere de sa nourriture & de son accroissement, & formé de sucs & de vaisseaux distingués sensiblement les uns des autres ; ou bien, c’est un corps organisé, composé de sucs & de vaisseaux que l’on peut toujours distinguer les uns des autres, & auquel croissent des racines ou des parties, par lesquelles il adhere à quelqu’autre corps dont il tire la matiere de sa vie & de son accroissement.

Cette définition nous donne une idée juste & parfaite du corps végétable ; car en disant qu’il consiste en sucs & en vaisseaux, on le discerne du fossile ; & en disant qu’il adhere à quelqu’autre corps & qu’il en tire sa nourriture, on le distingue parfaitement d’un animal. Voyez Fossile, Animal.

On le définit un corps organisé, parce qu’il est formé de différentes parties, lesquelles concourent ensemble à l’exercice des mêmes fonctions. Voyez Organisé.

Il adhere par quelques unes de ses parties à un autre corps ; puisque nous ne connoissons point de