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VADE-MECUM ou VENI-MECUM, s. m. (Gram.) phrase latine & familiere, pour exprimer une chose que l’on a toujours à la main, & que l’on porte ordinairement sur soi : on l’applique le plus souvent à quelque livre favori ; quelques-uns font leur vade-mecum de Virgile, d’autres d’Horace, d’Epictete, de Thomas à Kempis, &c. c’est ce que les Grecs appelloient ἐγχειρίδιον, & que nous appellons autrement manuel. Les Arabes ont une phrase pour dire la même chose, savoir habib al feir, compagnon de voyage.

VADIARE DUELLUM, (Hist. mod.) espece de cartel ou de défi pour s’engager dans un combat, qui devoit se donner à jour nommé, c’est à-dire lorsqu’une personne provoquoit quelqu’un pour décider une dispute par un combat ou duel, & qu’il jettoit à bas son gantelet, ou faisoit quelque signe semblable de défi ; si alors l’autre ramassoit le gantelet ou acceptoit la provocation, on appelloit cette action vadiare duellum, donner & prendre un gage mutuel du combat.

Dans l’affaire des templiers, le grand-maître Jacques de Molai ayant comparu devant l’archevêque de Narbonne & d’autres commissaires ecclésiastiques, leur dit que s’il avoit affaire à des juges laïcs, les choses ne se passeroient pas comme on les traitoit, donnant à entendre qu’il provoqueroit au combat & les accusateurs & les juges, pour soutenir son innocence & celle de ses chevaliers. L’archevêque lui répondit : Nous ne sommes pas gens à recevoir un gage de bataille. Et en effet les ecclésiastiques étoient dispensés de cette sorte d’épreuve. Voyez Épreuve, Combat, Champion, &c.

VADICASSII, (Géog. anc.) peuples de la Gaule celtique ou lyonnoise, selon Ptolomée, l. II. c. viij. Ce sont les Vadicasses de Pline, l. IV. c. xviij. Le p. Briet, p. 355. sans appuyer son sentiment par aucune preuve, dit que ces peuples faisoient partie des Ædui, & il leur donne pour ville Noviodunum Æduorum, ou Nivernium, aujourd’hui Nevers. (D. J.)

VADI-GAMUS, (Géog. anc.) vallée d’Egypte. C’est une vallée étroite entre deux montagnes, qui sont aussi hautes l’une que l’autre & plates au sommet. Cette vallée ressemble à un bufle, & le mot de vadi-gamus veut dire la vallée du bufle. Elle s’étend vers le sud-est jusqu’à une demi-heure de chemin, puis elle s’éleve peu-à-peu entre les deux montagnes jusqu’à leur sommet.

Il y a à chaque côté de ces deux montagnes qui s’entre-regardent, deux rangs de carrieres, dont quelques-unes sont fort hautes, vastes, & irrégulieres en-dedans ; ce sont ces carrieres que plusieurs voyageurs ont prises pour des grottes. Voyez Thébaïde, grottes de la. (D. J.)

VADIMONIS-LACUS, (Géog. anc.) lac d’Italie, dans l’Hétrurie, au voisinage d’Améria, & près de la maison de plaisance de Calpurnius Fabatus, appellée Amerina-Prædia. Pline le jeune, l. VIII. epist. 20. nous a donné la description de ce lac. Il est, dit-il, dans un fond, & sa figure est celle d’une roue couchée. Il est par-tout égal, sans aucun recoin, sans aucun angle ; tout y est uni, compassé, & comme tiré au cordeau. Sa couleur approche du bleu, mais tire plus sur le blanc & sur le verd. Ses eaux sentent le soufre ; elles ont un goût d’eaux minérales, & sont propres à consolider les fractures.

Ce lac n’est pas fort grand, continue Pline, mais il l’est assez pour être agité de vagues quand les vents soufflent. On n’y trouve point de bateaux, parce qu’il est consacré : mais au-lieu de bateaux, vous y voyez flotter au gré de l’eau plusieurs îlotes chargées d’herbages, couvertes de joncs, & de tout ce qu’on a coutume de trouver dans les meilleurs marais & aux extrémités d’un lac. Chaque île a sa figure & sa grandeur particuliere ; chacune a ses bords absolument

secs & dégarnis, parce que souvent elles se heurtent l’une l’autre, & heurtent le rivage. Elles ont toutes une égale légereté, une égale profondeur ; car elles sont taillées par-dessous, à-peu-près comme la quille d’un vaisseau. Quelquefois détachées, elles se montrent également de tous côtés, & sortent autant hors de l’eau qu’elles y entrent. Quelquefois elles se rassemblent, se joignent, & forment une espece de continent. Tantôt le vent les écarte ; tantôt elles flottent séparément dans le lieu où le calme les a surprises ; souvent les plus petites suivent les plus grandes, & s’y attachent comme de petites barques aux vaisseaux de charge. Quelquefois vous diriez que les grandes & les petites luttent ensemble, & se livrent combat. Une autre fois poussées au même rivage, elles se réunissent & s’accroissent : tantôt elles chassent le lac d’un endroit, tantôt elles l’y ramenent, sans lui rien ôter quand elles reviennent au milieu. Il est certain que les bestiaux, suivant le pâturage, entrent dans ces îles comme si elles faisoient partie de la rive, & qu’ils ne s’apperçoivent que le terrein est mouvant que lorsque le rivage s’éloignant d’eux, la frayeur de se voir comme emportés & enlevés dans l’eau qu’ils voient autour d’eux les saisit. Peu après ils abordent où il plaît au vent de les porter, & ne sentent pas plus qu’ils reprennent terre, qu’ils avoient senti qu’ils la quittoient.

Ce même lac, ajoute Pline, se décharge dans un fleuve, qui, après s’être montré quelque tems, se précipite dans un profond abîme. Il continue son cours sous terre, mais avec tant de liberté, que si, avant qu’il y entre, on y jette quelque chose, il la conserve & la rend quand il sort.

Divers autres auteurs ont parlé de ce lac, entr’autres Polybe, l. II. c. xx. qui le nomme Ὀάδμονα. Tite-Live, l. IX. c. xxxix. Florus, l. I. c. xiij. & Pline, l. II. c. xcv. On l’appelle aujourd’hui Lagodi Bessanello, selon le p. Hardouin, qui le met dans le patrimoine de S. Pierre environ à trois milles du Tibre. (D. J.)

VADIMONIUM, s. m. (Jurisprud. rom.) ce mot signifie ajournement, obligation de comparoître en justice au jour assigné ; il faut donc savoir que dans les affaires d’injures le demandeur demandoit contre sa partie l’action ou le jugement au préteur, c’est-à-dire qu’il le prioit de poursuivre sa partie, & le défendeur de son côté demandoit un avocat. Après ces préliminaires, le demandeur exigeoit par une formule prescrite que le défendeur s’engageât sous caution à se représenter en justice un certain jour, qui, pour l’ordinaire, étoit le sur-lendemain ; c’est ce qu’on appelloit de la part du demandeur reum vadari, demander une caution, un répondant ; & de la part du défendeur vadimonium promittere, promettre de comparoître en justice : s’il ne paroissoit pas, on disoit qu’il avoit manqué à l’assignation, qu’il avoit fait défaut, ce qui s’exprimoit par les deux mots latins, vadimonium deserere. Trois jours après, si les parties n’avoient point transigé, le préteur les faisoit appeller, & pour-lors le demandeur ayant proposé son action dans la formule réglée, le préteur lui donnoit un tribunal ou un arbitre. S’il lui donnoit un tribunal, c’étoit celui des commissaires, qu’on appelloit recuperatores, ou celui des centumvirs.

Les mots vadimonium & vadari se trouvent si fréquemment dans Cicéron, Horace, Plaute, & les historiens, qu’on ne sauroit trop les expliquer pour pouvoir entendre leurs écrits, & les allusions qu’ils y font. Ainsi dans Cicéron vadimonia constituta signifient les jours assignés pour comparoître ; actio vadimonii deserti, est le défaut qu’on accordoit pour avoir manqué à l’ajournement ; obire vadimonium, sistere vadimonium, veut dire, se présenter au jour & lieu marqués ; debere vadimonium cuipiam, signifie être tenu par promesse de se trouver à l’assignation prise