Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/744

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce qu’ils se sont séparés du tout, telles sont les esquilles des os, une escharre, &c.

Les corps étrangers venus de dehors, sont entrés dans le corps en faisant une division, ou sans faire de division. Un dard, une balle de fusil, un éclat de bombe, & tous les corps portés avec violence sont dans le premier cas. Ceux qui entrent sans division, sont les corps de toute espece qui s’introduisent dans les ouvertures naturelles ; telles que le nez, les yeux, le gosier, les oreilles, l’anus, le vagin, l’uretere, la vessie.

Quelques-uns mettent au rang des corps étrangers l’air qui, en s’insinuant dans l’interstice des parties, forme des tumeurs qui tirent différens noms, suivant les différentes parties qu’il occupe. Voyez Emphysème.

Tous les corps étrangers doivent être tirés dès qu’il est possible de le faire, de crainte que ceux qui sont engendrés dans le corps, tels que les pierres de la vessie, n’augmentent en volume, ou que ceux qui sont venus de dehors n’occasionnent, par leur pression, des accidens qui empêchent leur extraction, ou qui la rende difficile.

Il y a différentes manieres d’extraire les corps étrangers. On ne peut tirer les uns que par une ouverture qu’on est obligé de faire, comme la lythotomie, pour l’extraction de la pierre urinaire. Voyez Taille. On peut tirer les autres sans faire aucune division.

Si on tire un corps étranger par l’endroit par lequel il est entré, cette maniere s’appelle attraction ou expulsion. Si au contraire on le fait sortir par une ouverture opposée à celle où il est entré, cette maniere s’appelle impulsion.

La diversité des corps étrangers qui peuvent entrer les différens endroits où ils se placent, les moyens singuliers qu’il faut quelquefois inventer pour en faire l’extraction, enfin les accidens que ces corps étrangers occasionnent, demandent quelquefois de la part des chirurgiens beaucoup de génie & d’adresse. On trouve, dans le premier volume des mémoires de l’académie royale de Chirurgie, un grand mémoire très-intéressant sur les différens moyens de procurer la sortie des corps étrangers de l’œsophage, par M. Hevin, secrétaire de cette académie pour les correspondances, & premier chirurgien de madame la dauphine.

Avant que de faire l’extraction d’un corps étranger de quelque espece qu’il soit, on doit se rappeller la structure de la partie où il est placé ; s’informer & s’assûrer, s’il est possible, de la grosseur, de la grandeur, de la figure, de la matiere, de la quantité, de la situation du corps étranger, & de la force avec laquelle il a été poussé dans le corps, s’il est venu de dehors : il faut outre cela mettre le malade & la partie dans une situation commode, & telle que les muscles soient dans un état de relâchement, & enfin faire choix des instrumens les plus convenables pour en faire l’extraction.

Les corps étrangers entrés & engagés dans quelque ouverture naturelle, doivent être tirés promptement. On doit auparavant faire des injections d’huile d’amande-douce pour lubrifier le passage, & faciliter par ce moyen la sortie du corps. Quant aux corps étrangers qu’on ne peut tirer sans faire de division, ou sans agrandir l’ouverture déja faite par le corps, voyez Incision, & Plaie avec corps étranger.

Les instrumens dont on se sert pour faire l’extraction des corps étrangers sont les curettes, pour tirer ceux qui sont engagés dans l’oreille ou dans l’urethre ; les différentes especes de repoussoir & de pincettes pour tirer ceux qui sont engagés dans le gosier ; les tenettes, les pinces de différentes especes pour tirer les pierres, les balles, & autres corps semblables. Voyez

Tireballe. Lorsque le corps étranger peut être saisi avec les doigts, ils sont préférables à tout autre instrument. Voyez Corps étrangers, & sur ceux qui sont dans la trachée artere, l’article Trachéotomie. (Y)

TUMULTUAIRE, TUMULTUEUX, (Synon.) il semble qu’il y ait au propre quelque différence entre ces deux mots, le premier signifiant ce qui se fait à la hâte, avec trouble, sans ordre ; tumultueux désignant plus ce qui se fait avec sédition ; une assemblée tumultuaire, une assemblée tumultueuse, ne disent donc pas précisément la même chose. Les mutins sortirent tumultuairement du camp ; les rebelles s’assemblerent tumultueusement. Mais tumultueux au figuré veut dire confus, ému, en desordre, & il s’emploie mieux que tumultuaire. Il est difficile d’appaiser une passion aussi tumultueuse que la vengeance. Si la naissance de l’amour est tumultueuse, ses progrès le sont encore davantage. (D. J.)

TUMULTUS, (Langue latine.) les Romains donnoient le nom de tumulte aux guerres les plus dangereuses, & qui mettoient la république en péril. Dans la révolte des alliés, le péril parut si grand aux Romains, qu’il fut déclaré qu’il y avoit tumulte. On publia que la guerre des Gaulois étoit tumulte, tumultus. (D. J.)

TUNBRIDGE, (Géograph. mod.) bourg d’Angleterre, dans le comté de Kent, à quinze milles de Rochester, & à vingt-cinq milles de Londres, sur la Medway. Il y a un château qui fut bâti par Richard de Clare, qui avoit eu Tunbridge par échange pour Brion en Normandie. Ce bourg est fort renommé par ses eaux minérales, & par l’affluence de gens de qualité qui viennent les boire, s’amuser, & y prendre de l’exercice dans une saison convenable.

C’est un plaisir, dit Pavillon dans une lettre à madame Pélissari, que d’être malade dans ce pays, car sitôt qu’on l’est, ou qu’on croit l’être, ou qu’on veut l’être, on vous envoie aux eaux de Tunbridge ; or ce Tunbridge est la plus charmante médecine que l’on puisse prendre ; c’est une fontaine au bout d’une foire aussi magnifique que celle de S. Germain. Il faut avoir la complaisance de croire que ceux qui y vont boivent de ces eaux, & qu’ils en ont besoin.

Ce qui m’en fait douter, c’est que ceux qui les prennent,
Sont à jouer assiduement ;
Caquetent sans cesse, ou toujours se promenent,
Et ne pissent que rarement.
Mille fraîches beautés parent la promenade,
Et l’on trouveroit en ce lieu
Plus malaisément un malade
Qu’un homme sain à l’Hôtel-dieu.

Comme j’étois surpris de voir tous ces prétendus malades en si bonne santé, je demandai avec empressement, continue Pavillon, de quel mal cette fontaine guérissoit ; mais je n’en pus être éclairci. Pour toute réponse, les uns haussoient les épaules, les autres me rioient au nez, &c. Il finit en disant à madame Pélissari : « Enfin, madame, ce pays est si beau & si bon, que si par hasard quelque magicien, selon l’ancienne coutume, me détient ici enchanté durant deux ou trois mille ans, je vous prie de ne me plaindre point, & d’attendre patiemment mon retour ».

Ces lieux sont pour moi pleins d’appas,
Je n’y vois ni procès, ni moine, ni misere,
On y sonne très-peu ; l’on n’y travaille guere,
Et l’on y fait de longs repas.

(D. J.)

TUNDES, s. m. (Hist. mod. superstit.) les Japonois désignent sous ce nom des prêtres revêtus d’une dignité ecclésiastique de la religion de Budsdo, qui ré-