L’Encyclopédie/1re édition/TIRE-BALLE

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Tire-balle, s. m. instrument de Chirurgie, qui tire son nom de son usage. Il y en a de plusieurs especes : le premier, fig. 4. Pl. III. est un vilebrequin avec une pointe en double vis, appellée par les ouvriers meche, longue de cinq ou six lignes, terminée par deux petits crochets : le corps de ce vilebrequin, qui est une espece de poinçon, est une longue tige d’acier, ronde, polie, longue d’environ un pié ; son extrémité postérieure est une vis garnie par le bout, d’un treffle ou d’un anneau pour servir de manche : ce poinçon se met dans une canule dont la base est un écrou pour recevoir sa vis, & qui est affermie par deux traverses soutenues sur deux colonnes : on introduit cet instrument dans la plaie, la vis cachée dans la canule, & lorsque l’extrémité de la canule touche la balle, on tourne le poinçon pour faire enfoncer la meche dans ce corps étranger, pour le retirer doucement.

L’on ne prescrit l’usage de ce tire-fond que pour les balles enclavées dans les os ; mais si le corps étranger, au-lieu d’être une balle, étoit par exemple un morceau de fer tellement enchassé dans l’os qu’aucun des instrumens consacrés pour l’extraction des corps étrangers, ne pût avoir prise sur lui, on voit bien que cet instrument ne pourroit pas le percer : dans ce cas, on pourroit dans quelques circonstances, trépaner l’os aux parties voisines du corps étranger, & passer dessous celui-ci des élévatoires, ou d’autres instrumens pour l’ôter.

Le second tire-balle, (fig. 5. Pl. III.) est à-peu-près semblable au précédent ; mais au-lieu de meche, l’extrémité antérieure de la tige est divisée en trois lames minces, élastiques, longues de quatre pouces, recourbées en-dedans & polies en-dehors : elle forment chacune une petite cueillier ; en tournant la vis qui est au bas de la tige, de gauche à droite, on fait écarter les trois cueilliers ; en la tournant de droite à gauche, on les fait rapprocher l’une de l’autre, & l’instrument se ferme : il doit être fermé quand on l’enfonce dans la plaie ; lorsqu’on touche la balle, on l’ouvre doucement, on embrasse le corps étranger avec les cueilliers, & on le retire après avoir refermé un peu l’instrument.

Ce tire-balle approche fort de celui qui se nommoit alphonsin ; mais il n’avoit point de canule : les trois cueilliers se fermoient par le moyen d’un anneau coulant, en le passant en avant ; & s’ouvroient en le retirant. La partie cave des cueilliers étoit garnie de dents pour mieux saisir les balles.

Les becs de grue, de cane, de corbeau, &c. sont pareillement des especes de tire-balle.

L’ancienne Chirurgie, qui n’avoit point encore apperçu la nécessité d’aggrandir les plaies d’armes à feu par les incisions & contr’ouvertures convenables, avoit beaucoup multiplié les especes de tire-balles dont l’usage est actuellement fort borné. (Y)