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L’histoire de l’académie, année 1737, fait mention d’une trombe de terre qui parut à Capestan près de Béziers ; c’étoit une colonne assez noire qui descendoit d’une nue jusqu’à terre, & diminuoit toujours de largeur en approchant de la terre où elle se terminoit en pointe ; elle obéissoit au vent qui souffloit de l’ouest au sud-ouest ; elle étoit accompagnée d’une espece de fumée fort épaisse, & d’un bruit pareil à celui d’une mer fort agitée, arrachant quantité de rejetons d’olivier, déracinant des arbres, & jusqu’à un gros noyer qu’elle transporta jusqu’à 40 ou 50 pas, & marquant son chemin par une large trace bien battue, où trois carrosses de front auroient passé. Il parut une autre colonne de la même figure, mais qui se joignit bientôt à la premiere, & après que le tout eut disparu, il tomba une grande quantité de grêle. Ibid.

Cette espece de trombe paroît être encore différente des deux autres ; il n’est pas dit qu’elle contenoit de l’eau, & il semble, tant parce qu’on vient d’en rapporter, que par l’explication qu’en a donnée M. Andoque lorsqu’il a fait part de ce phénomene à l’académie, que cette trombe n’étoit qu’un tourbillon de vent épaissi & rendu visible par la poussiere & les vapeurs condensées qu’il contenoit. Voyez l’hist. de l’académ. an. 1727, pag. 4 & suiv. Dans la même histoire, année 1741, il est parlé d’une trombe vue sur le lac de Genève ; c’étoit une colonne dont la partie supérieure aboutissoit à un nuage assez noir, & dont la partie inférieure, qui étoit plus étroite, se terminoit un peu au-dessus de l’eau. Ce météore ne dura que quelques minutes, & dans le moment qu’il se dissipa on apperçut une vapeur épaisse qui montoit de l’endroit où il avoit paru, & là même les eaux du lac bouillonnoient & sembloient faire effort pour s’élever. L’air étoit fort calme pendant le tems que parut cette trombe, & lorsqu’elle se dissipa il ne s’en suivit ni vent ni pluie. « Avec tout ce que nous savons déjà, dit l’historien de l’académie, sur les trombes marines, ne seroit-ce pas une preuve de plus qu’elles ne se forment point par le seul conflit des vents, & qu’elles sont presque toujours produites par quelque éruption de vapeurs souterreines, ou même de volcans, dont on sait d’ailleurs que le fond de la mer n’est pas exempt. Les tourbillons d’air & les ouragans, qu’on croit communément être la cause de ces phénomenes, pourroient donc bien n’en être que l’effet ou une suite accidentelle. Voyez l’hist. de l’académ. an. 1741. pag. 20 ».

TROMBONE, s. m. (Musiq. instrum.) nom que les Italiens donnent à une espece de trompette ; il y en a de plusieurs grandeurs qui servent à exécuter diverses parties de la musique. Il y en a une petite qui peut servir pour la haute-contre, & la partie notée qui lui est destinée s’intitule ordinairement trombone. 1°. Il y en a une autre un peu plus grande qu’on nomme trombone maggiore, qui peut servir pour la taille ; on intitule sa partie trombone. 2°. Il y en a une troisieme encore plus grande nommée par les Italiens trombone grosso qu’on pourroit suppléer par nos quintes de violons & de hautbois ; on intitule sa partie trombone. 3°. Enfin il y en a une qui est la plus grande de toutes, qui se fait entendre surtout dans le bas ; on intitule sa partie trombone. 4°. On lui donne ordinairement la clé de F ut fa sur la quatrieme ligne, mais aussi fort souvent sur la cinquieme ligne d’en-haut, à cause de la gravité & profondeur de ses sons. Brossard. (D. J.)

TROMBUS, s. m. terme de Chirurgie, petite tumeur qui survient à l’occasion d’une saignée. Voyez Trumbus. (Y)

TROMELIA, (Géog. anc.) ville de l’Achaïe, selon Athénée : cette ville donnoit son nom à un ex-

cellent fromage qui s’y faisoit, & que les anciens

nommoient Tromelius caseus. (D. J.)

TROMENTUS-CAMPUS, (Géog. anc.) campagne d’Italie. Festus dit qu’elle avoit donné son nom à la tribu Tromentine. Plusieurs anciennes inscriptions font mention de cette tribu. Elle fut, selon Tite-Live, l. VI. c. v. une des quatre tribus qui furent ajoutées aux vingt-une anciennes, l’an 368 de la fondation de Rome. On croit que Tromentus-Campus étoit dans l’Etrurie. (D. J.)

TROMPE, s. f. (Conchyl.) ce mot désigne la partie inférieure du buccin ; coquille que les Hollandois appellent trompette. (D. J.)

Trompes de Fallope, en Anatomie, sont deux canaux qui partent du fond de la matrice, l’un d’un côté, l’autre de l’autre, & qui aboutissent aux ovaires : elles ont beaucoup de part dans les opérations de la conception. Voyez Conception.

On les appelle tubæ, c’est-à-dire, trompes à cause de leur forme ; parce qu’à leur commencement ou à leur extrémité qui est dans la matrice, elles sont si étroites, qu’on auroit peine à y introduire une aiguille à tricotter ; mais à mesure qu’elles s’avancent vers les ovaires, elles deviennent plus grosses, & sont enfin assez larges pour y mettre le doigt ; d’où elles se contractent encore, & aux extrémités qui sont proches des ovaires, elles s’étendent comme un feuillage qui est garni tout autour d’une frange faite d’un nombre infini de petites fibres qui ressemblent assez au pavillon d’une trompette.

Les trompes de Fallope ont quatre ou cinq pouces de long : elles sont composées d’une double membrane qui vient des membranes internes & externes de l’uterus. Leur extrémité vers l’ovaire, dans le tems de la conception, tems auquel toute la trompe se dilate, s’attache à l’ovaire & l’embrasse, quoique dans un autre tems elle paroisse en être un peu distante & ne toucher que superficiellement avec sa frange le côté inférieur de l’ovaire.

L’usage de ces trompes est de transporter la semence, ou plutôt les œufs de la femme & des autres animaux, des testicules ou ovaires dans l’uterus ou la matrice. Voyez Ovaire & Matrice.

Elles sont composées pour la plus grande partie de fibres charnues dont les unes sont longitudinales & les autres circulaires, & d’un tissu de veines & d’arteres qui forment une espece de corps réticulaire ou creux, qui est semblable au clitoris. Cette structure les rend capables de dilatation & de contraction, suivant la quantité & l’obstacle que le sang y apporte ; & par conséquent, suivant la maniere dont elles se redressent & embrassent l’ovaire pendant le coït ; ce qu’elles ne peuvent pas faire dans leur état naturel. Voyez Génération.

Elles tirent leur dénomination de Fallope de Modène, qui mourut en 1562, & qu’on regarde comme celui qui les a découverts le premier : cependant nous trouvons que Rufus d’Ephèse en a fait une description exacte, long-tems avant Fallope.

Les œufs ou embryons sont quelquefois arrêtés dans les trompes de Fallope, sans pouvoir descendre dans la matrice. Voyez Fœtus.

On en a souvent trouvé des exemples dans les dissections : mais le plus remarquable est celui qu’a rapporté Abraham Cyprianus, célebre médecin d’Amsterdam, dans une lettre adressée à monsieur Thomas Millington, dans laquelle il fait une description de la maniere dont il tira un fœtus de vingt & un mois, hors de la trompe de Fallope, d’une femme qui a vécu & a eu plusieurs enfans depuis cette opération. Voyez Planch. anat. (Myol.) fig. 9. c. c. & fig. 11. e. e.

Il est fait mention, Mem. de l’Acad. royale des Sc. année 1702. de deux observations sur un fœtus hu-