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lâches dans leurs trous, augmentoient le bruit des anneaux, & produisoient le même son que les baguettes qui traversoient les sistres.

Sur un tombeau gravé dans le recueil de Pietro-Santi Bartoli, on voit un cerceau qui a des anneaux, des chevilles, & de plus un oiseau qui paroît y être attaché : singularité qui ne donneroit lieu qu’à des conjectures bien vagues. (D. J.)

TROENE, s. f. (Hist. nat. Bot.) ligustrum, genre de plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir ; le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur, & il devient dans la suite un fruit presque rond, mou & plein de suc ; ce fruit renferme le plus souvent quatre semences plates d’un côté, & relevées en bosse de l’autre. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Troene, ligustrum, arbrisseau qui vient communément en Europe dans les haies, les bois & les lieux incultes, où sa hauteur ordinaire est de six ou huit piés, mais avec quelque culture on peut le faire monter jusqu’à douze piés. Il se garnit de quantité de branches qui sont menues, flexibles & fort droites. Il a l’écorce unie & cendrée ; ses racines s’étendent & tracent beaucoup. Ses feuilles sont lisses, oblongues, pointues & sans aucune dentelure ; elles sont placées opposément sur les branches, & leur verdure est un peu brune. Ses fleurs viennent en grapes au bout des branches dans le commencement du mois de Juin ; elles sont blanches, odorantes, de longue durée & d’un aspect assez agréable. Les fruits qui succedent, sont des baies rondes, molles, noires & fort ameres, qui renferment quatre semences anguleuses d’un goût fort desagréable. Ces baies sont en maturité à la fin de l’automne, & elles restent sur l’arbrisseau pendant tout l’hiver. Le troëne se trouve presque partout ; il est très-robuste ; il vient promptement, il réussit dans toutes sortes de terreins, quoique cependant il se plaise particulierement dans ceux qui sont pierreux & humides ; il se multiplie aisément par tous les moyens connus, & il n’est nullement sujet à être attaqué par les insectes.

Le troëne étoit fort en usage dans le dernier siecle, pour faire de petites haies ou de moyennes palissades, & on lui faisoit prendre quantité d’autres formes ; mais il a passé de mode, soit parce qu’il est trop commun, ou plutôt parce que ses rameaux poussent trop vigoureusement, & qu’ils prennent une direction trop horisontale : ce qui exige de fréquentes attentions pour le tailler & lui conserver une forme réguliere. Cependant quelques gens l’admettent encore, parce qu’il se soutient bien de lui-même, qu’il est de longue durée, & qu’il réussit dans des endroits serrés, ombragés, & dont le terrein est de si mauvaise qualité, que d’autres arbrisseaux ne pourroient pas y venir ; mais ce qui n’est pas moins à son avantage, c’est que ses feuilles sont toutes les dernieres à tomber, & que souvent elles restent sur l’arbrisseau pendant tout l’hiver, lorsqu’il n’est pas rigoureux.

On tire quelques services des baies du troëne pour les arts. On en fait une couleur noire & un bleu turquin dont les Teinturiers se servent, & surtout les enlumineurs d’estampes ; on en peut faire d’assez bonne encre, & les frélateurs les emploient quelquefois pour donner de la couleur au vin, mais fort aux dépens du goût. Enfin ces baies sont la derniere ressource des oiseaux dans les rudes & longs hivers. On fait aussi quelque usage en médecine de la feuille & de la fleur de cet arbrisseau, qui sont détersives, astringentes & antisceptiques.

Le bois du troëne est blanc, dur, souple & assez durable. On s’en sert utilement pour des perches de vigne, & on en trouve souvent de huit & dix piés de longueur. On l’emploie aussi à faire la poudre à canon, & les Vanniers font usage des jeunes branches

de l’arbrisseau dans quelques-uns de leurs ouvrages.

Variété du troëne. 1. Le troëne commun. 2. Le troëne panaché de jaune. 3. Le troëne panaché de blanc. Ces deux arbrisseaux panachés ont de l’agrément dans ce genre ; on peut les multiplier de branche couchée, de bouture & de greffe. On doit avoir attention de les mettre dans un terrein sec, si l’on veut en conserver la bigarure. L’arbrisseau panaché de blanc est un peu plus sensible au froid que les autres sortes.

4. Le troëne toujours verd. Quoique cet arbrisseau soit originaire d’Italie, il est cependant aussi robuste que l’espece commune. On le qualifie toujours verd, parce que ses feuilles ont un peu plus de tenue, & qu’il faut un hiver très rigoureux pour les faire tomber. Mais ce n’est pas là ce qui constitue la seule différence de ce troëne avec le commun ; il fait un plus grand arbre qui s’éleve à 15 ou 18 piés. Ses feuilles sont plus larges & d’un verd plus foncé ; ses grappes de fleurs sont plus grandes & d’une blancheur plus parfaite, & ses baies sont plus grosses & d’un noir plus luisant. Quand on ne cultiveroit pas ce troëne pour l’agrément qu’il a de plus, il seroit toujours fort utile de le multiplier pour son bois qui fourniroit plus de ressources.

Troene, (Mat. méd.) on ne fait point, ou on fait très-rarement usage du troëne intérieurement ; cependant quelques auteurs recommandent le suc des feuilles & des fleurs jusqu’à la dose de quatre onces, & la décoction jusqu’à six ou huit contre le crachement de sang ; les hémorrhagies & les fleurs blanches. On les emploie très-utilement à l’extérieur en gargarisme dans les ulceres de la bouche, inflammations & excoriations de la luette, de même que dans le relâchement & la chûte de cette derniere partie. On s’en sert aussi dans les aphtes ou ulceres de la gorge, ou dans les ulceres des gencives. Geoffroy, Mat. méd.

TROEZENE ou TROEZEN, (Géog. anc.) en grec τροιζήνη, & par Polybe τροιζῆνα ; ville du Péloponnèse, dans l’Argolide, sur la côte orientale, un peu au-delà du promontoire Scyllæum, à l’entrée du golfe Saronique ; le territoire de cette ville est nommé Troëzénide par Thucydide. Voici la description de la ville par Pausanias.

Dans la place de Troëzene, dit cet historien, l. II. c. xxxj. & xxxij. on voit un temple & une statue de Diane conservatrice ; les Troëzéniens assuroient que ce temple avoit été consacré par Thésée, & que l’on avoit donné ce surnom a la déesse, lorsque ce héros se sauva si heureusement de Crete, après avoir tué Astérion, fils de Minos. Dans ce temple il y a des autels consacrés aux dieux infernaux.

Ces autels cachoient, à ce qu’on disoit, deux ouvertures : par l’une de ces ouvertures Bacchus retira Sémélé des enfers, & par l’autre Hercule emmena avec lui le cerbere. Derriere le temple étoit le tombeau de Pithée, sur lequel il y avoit trois sieges de marbre blanc, où l’on dit qu’il rendoit la justice avec deux hommes de mérite, qui étoient comme ses assesseurs. Près de là on voyoit une chapelle consacrée aux muses : c’étoit un ouvrage d’Ardalus, fils de Vulcain, que les Troëzéniens disoient avoir inventé la flûte ; & de son nom on appella les muses Ardalides. Ils assuroient que Pithée enseignoit dans ce lieu l’art de bien parler, & on voyoit un livre composé par cet ancien roi. Au-delà de cette chapelle il y avoit un autel fort ancien ; la tradition vouloit qu’il eût été consacré par Ardalus. On y sacrifioit aux muses & au Sommeil ; car de tous les dieux, disoient-ils, c’est le Sommeil qui est le plus ami des muses.

Auprès du théatre on voyoit un temple de Diane Lycéa bâti par Hippolyte. Pausanias juge que ce surnom de Diane venoit, ou de ce qu’Hippolyte avoit purgé le pays des loups dont il étoit infesté, ou de ce