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assez de bourgeois qui pussent financer en particulier autant de dix-huit mille livres qu’il falloit de vaisseaux, on associoit plusieurs citoyens, pour faire ensemble ce qu’un seul auroit fait ; mais personne ne pouvoit se plaindre. Le bourgeois qui vouloit se faire décharger de cette dépense, n’avoit qu’à justifier qu’un autre étoit plus riche que lui ; le plus riche étoit mis à la place du dénonciateur.

On peut juger aisément de ce détail, que le nombre des triérarques dut varier selon les besoins de l’état, & la nécessité des conjonctures. D’ailleurs, il se faisoit des vicissitudes continuelles dans les fortunes des familles, qui changeoient nécessairement la triérarchie, & la bouleversoient. Par toutes ces raisons, on fixa finalement le nombre des triérarques à douze cens hommes ; & voici de quelle maniere on s’y prit. Athènes étoit composée de dix tribus : on nomma donc pour fournir à la dépense des armemens, six vingt citoyens des plus riches de chaque tribu ; de cette maniere chacune des dix tribus fournissant six vingt hommes, le nombre de triérarques monta à douze cens.

Toutes les contradictions apparentes qui regnent dans les récits des anciens sur les triérarques, ne naissent que des changemens qui se firent dans la triérarchie, avant qu’elle fût fixée ; & comme chaque auteur en a parlé selon l’état où elle se trouvoit de son tems, ils en ont presque tous parlé différemment ; voilà l’explication du cahos que Sheffer & autres commentateurs ont trouvé si difficile à débrouiller. (D. J.)

TRIESTE, (Géog. mod.) ville d’Italie, dans l’Istrie, sur le golfe de même nom, à dix milles au nord de capo d’Istria, avec une citadelle toute moderne. L’impératrice, reine de Hongrie, a fait augmenter les fortifications de Trieste, & agrandir le port dont le mouillage n’étoit pas bon. Elle a rendu ce port franc, & y a établi des chantiers pour la construction des vaisseaux. Cette ville a été bâtie des ruines de l’ancienne Tergeste, & elle étoit évêché dans le vj. siecle sous Aquilée.

On peut consulter l’Istoria di Trieste, del P. Ireneo della Croce, dans laquelle il fait l’éloge de quelques savans qui y sont nés, mais qui maintenant sont à peine connus dans la république des lettres. Long. 31. 50. latit. 45. 52. (D. J.)

TRIÉTERIDE, s. f. terme de Chronologie, espace, nombre, ou révolution de trois années. Selon Censorin, de die natali, c. xviij. l’année étoit disposée de sorte que tous les trois ans on ajoutoit un mois intercalaire, les deux premieres années étant de douze mois, & la troisieme, qu’on nommoit la grande-année, étoit de treize mois. Cette période de trois ans s’appelloit triéteride, mot formé de τρὶς, trois, & ἔτος, année. (D. J.)

TRIÉTERIES ou TRIETERIQUES, s. f. plur. (Antiq. greq.) fêtes de trois en trois années que faisoient les Béotiens & les Thraces en l’honneur de Bacchus, & en mémoire de son expédition des Indes qui dura trois ans. Cette solemnité étoit célébrée par des matrones divisées par bandes, & par des vierges qui portoient les thyrses ; les unes & les autres saisies d’enthousiasme ou d’une fureur bachique, chantoient l’arrivée de Bacchus pendant le cours de cette fête, qui finissoit par des sacrifices en l’honneur du dieu. Triéteries est formé de deux mots grecs, τρὶς, trois, & ἔτος, année. (D. J.)

TRIEU, le, ou le TRIEUX, (Géog. mod.) petite riviere de France, dans la Bretagne. Elle se jette dans la Manche à trois lieues de Tréguier. (D. J.)

TRIFANUM, (Géog. anc.) lieu d’Italie, dans la Campanie. Tite-Live, l. VIII. c. xj. dit que ce lieu étoit entre Sinuessa & Minturnae. (D. J.)

TRIFILERIE, en terme d’Epinglier, n’est autre

chose qu’un banc garni d’une filiere, à-travers laquelle passe le fil qu’on tire par des tenailles qui sont prises par un crochet, répondant à une bascule qu’un ouvrier foule en avançant la tenaille de chaque coup. Il y a encore des trifileries à l’eau, dont les bascules sont foulées par roues. Voyez l’article Épinglier, où l’on a décrit une de ces trifileries, & l’article Grosses-Forges, où l’on a décrit l’autre.

TRIFOLIUM, (Jardinage.) voyez Cytisus.

TRIFORMIS DEA, (Mythol.) la déesse à trois faces, ou à trois têtes ; c’étoit Hécate, qui, selon Servius, présidoit à la naissance, à la vie & à la mort. Entant qu’elle présidoit à la naissance, elle est appellée Lucine ; entant qu’elle a soin de la santé, on l’appelle Diane ; le nom d’Hécate lui convient en ce qu’elle préside à la mort. (D. J.)

TRIG ABOLI, (Géog. anc.) peuples toscans, que Polybe place à l’embouchure du Pô. Léander, descr. di tutta Ital. p. 344. prétend que les Trigaboles habiterent anciennement entre les deux bouches du Pô, appellées Magna Vacca & Volana. (D. J.)

TRIGAMIE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) est le crime de celui qui épouse en même tems trois femmes, comme la bigamie est le crime de celui qui en a deux ; ce crime est compris sous le terme de poligamie. Voyez Bigamie & Poligamie. (A)

TRIGE, s. f. terme d’Antiquaire, char à trois chevaux. La trige n’étoit tirée que par deux chevaux, ainsi c’étoit proprement une bige ; mais elle avoit un troisieme cheval attaché aux deux autres par une laisse ou une longe, comme un cheval de main, apparemment pour changer. La trige ne se voit sur aucun monument ancien : elle a cependant été très-long-tems en usage à Rome dans les jeux du cirque, mais chez les Grecs on l’abandonna de bonne heure. Le troisieme cheval de la trige s’appelloit παρήορος, selon Hésychius, & σειραῖος, selon Denis d’Halicarnasse. Stace, dans sa Thébaïde, l. VI. vers. 461. l’appelle en latin equus funalis, cheval de laisse ou de longe. Trévoux. (D. J.)

TRIGLA, s. m. (Mythol.) femme à trois têtes, que les anciens habitans de la Lusace adoroient. On nourrissoit dans son temple un cheval noir qui étoit spécialement consacré à la déesse ; & lorsqu’il y avoit demeuré quelques années, le prêtre qui en prenoit soin le menoit à la guerre pour en tirer des présages. (D. J.)

TRIGLOCHINES, valvules, voyez Tricuspides.

TRIGLYPHE, s. m. (Archit.) espece de bossage par intervalles égaux, qui, dans la frise dorique, a des gravures entieres en angles, appellées glyphes ou canaux, & séparés par trois côtes d’avec les deux demi-canaux des côtés. Il a dans le milieu deux cannelures ou coches en triangle, & deux demi-cannelures sur les deux côtés. On appelle côte ou listel chaque espace qui est entre les deux cannelures. Les triglyphes sont distribués sur la frise dorique, de façon qu’il y en a toujours un qui répond sur le milieu des colonnes, & qui a de largeur le demi-diametre de la colonne prise sur le pié. Le mot triglyphe vient du grec triglyphos qui a trois gravures. (D. J.)

TRIGONE, adj. en Astronomie, signifie l’aspect de deux planetes lorsqu’elles sont éloignées l’une de l’autre de la troisieme partie du zodiaque, c’est-à-dire de 120 degrés. On appelle plus communément cet aspect trine. Voyez Trine.

Trigone des signes, c’est un instrument dont on se sert en gnomonique, pour tracer les arcs des signes.

Pour bien entendre la construction & l’usage de cet instrument, sur lequel est tracée la projection de l’écliptique sur le colure des solstices, il faut se souvenir que l’écliptique fait avec l’équateur un angle