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la ville de Trente, appellée Trento par les Italiens, & Triende par les Allemands. (D. J.)

TRIDENTULE, (Hist. nat.) nom donné par quelques naturalistes à des glossopêtres ou dents de poissons pétrifiées, à cause de leur forme triangulaire.

TRIEL, (Géog. mod.) lieu de l’île de France, au Vexin françois, diocèse de Rouen, élection de Paris. Ce lieu qui contient environ mille habitans dans son étendue, est situé sur la Seine, à une lieue de Poissy, à 2 de Meulan, à 3 de Pontoise. C’est le siége d’une prevôté royale ; la taille y est personnelle ; la cure vaut 4000 liv. & il y a une communauté de filles Ursulines. Son église paroissiale est décorée d’un tableau du Poussin, qui est fort estimé ; il représente l’adoration des mages à Bethléem. Sa hauteur est de 18 piés, sa largeur de 12, & les figures y sont de grandeur naturelle. Ce beau tableau avoit été donné par le pape à Christine, reine de Suede, pendant son séjour à Rome. Il fut envoyé à l’église de Triel, par le sieur Poiltenet, natif du lieu, & valet de-chambre de la reine Christine. (D. J.)

TRIENNAL, adj. (Hist. mod.) épithete que l’on applique le plus ordinairement aux officiers alternatifs de trois en trois ans, ou aux charges & emplois que l’on quitte tous les trois ans.

C’est ainsi que l’on dit un gouvernement triennal, & il a lieu dans certaines charges politiques, & dans la plûpart des monasteres où les religieux élisent leurs supérieurs. Ceux-ci sont ordinairement triennaux, c’est-à-dire, que leur autorité leur est confiée pendant trois ans, après lesquels on la leur continue, ou on la leur ôte en procédant à une nouvelle élection.

En 1695, on fit en Angleterre un acte pour tenir des parlemens triennaux, c’est-à-dire, des parlemens qui devoient être dissous, & dont les membres devoient être élus de nouveau tous les trois ans.

Jusque-là le roi d’Angleterre avoit eu le pouvoir de proroger, ou de continuer son parlement tant qu’il le jugeoit à propos. Mais comme cet usage étoit une porte ouverte à la corruption & à mille autres abus qui tendoient à faire prédominer les intérêts de la cour sur ceux de la nation & de la liberté publique ; l’esprit du bill triennal fut d’y apporter remede.

Cependant d’autres vues ont fait abolir depuis ce bill triennal ; les brigues qui se font ordinairement aux élections, la fermentation considérable qui dans ces occasions a coutume de régner parmi le peuple, la dépense excessive, & d’autres considérations, déterminerent en 1717 la puissance législative à changer ces parlemens triennaux en d’autres qui doivent durer sept ans ; terme suffisant à la cour pour s’acquérir les membres qui pourroient être opposés. Voyez Parlement.

TRIENS, s. m. terme d’Antiquaire ; ce mot signifie, 1°. une monnoie de bronze qui étoit la troisieme partie de l’as ; il étoit marqué d’un côté d’une tête de Janus, & de l’autre d’un radeau. Voyez sur cette monnoie Gronovius, de pecun. veter. lib. IV. c. ij. Pline, lib. XXXIII. c. iij. & l. XXXIV. c. xiij. rapporte que la famille Servilia avoit un triens qu’elle conservoit comme quelque chose de sacré ; mais je ne pense pas que tous ceux de cette famille en fissent le même cas. 2°. Le triens étoit une tasse à boire, dont on se servoit ordinairement, & qui contenoit la quatrieme partie du septier ; presque tous les poëtes en parlent, témoin Properce, Eleg. III. viij. Perse, Sat. III. c. Martial, Epig. CVII. v. viij. (D. J.)

TRIENTALIS, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante ainsi caractérisée par Linnæus : le calice subsiste, & est composé de six feuilles étroites, pointues, & déployées. La fleur est du genre des radiées, & est formée de sept pétales, applatis, joints légerement ensemble au sommet, & un peu plus longs que

les feuilles du calice. Les étamines sont sept filets chevelus de la longueur du calice, mais plantés dans la fleur ; les bossettes sont simples ; le germe du pistil est rond ; le stile est capillaire, & a la même longueur que les étamines ; le stigma est gros sur le haut ; le fruit est une baie seche, globulaire, couverte d’une peau fort mince, & contenant une seule loge ; les graines sont peu nombreuses, & de forme angulaire ; cependant leur receptacle seroit assez grand pour en contenir beaucoup ; enfin, le nombre des feuilles du calice, qui est communément de six, varie quelquefois. Linnæi, gen. plant. p. 187. (D. J.)

TRIENTIUS-AGER, (Géog. anc.) terre d’Italie, à cinquante milles de Rome. Tite-Live, liv. XXXI. c. xiij. dit qu’on lui donna ce nom, à cause qu’elle fut partagée à divers particuliers en payement de la troisieme partie de l’argent qu’ils avoient avancé à la république pour les frais de la guerre de Carthage. (D. J.)

TRIER, v. act. (Gram. & Commerce.) mettre à part, faire choix de ce qu’il y a de meilleur dans plusieurs choses d’une même espece.

M. Savari pense que dans le Commerce en général, on a fait ce mot trier, du terme trayer, qui est propre aux monnoies, où l’on dit trayer le fort du foible, c’est-à-dire, choisir les especes qui ont plus de trait, qui sont plus trébuchantes. Voyez Trébuchant & Trayer. Dictionnaire de Commerce.

Trier ou délisser le chiffon, terme de Papeterie, qui signifie l’action par laquelle on sépare le chiffon en différentes classes, selon la beauté & la finesse de la toile. Ce sont ordinairement des femmes, qu’on emploie à cet ouvrage, & que l’on appelle pour cette raison trieuses. Pour cet effet, elles ont devant elles des tas de chiffons & une grande caisse de bois, divisée en plusieurs cases, dans lesquelles elles jettent le chiffon suivant le degré de finesse. Elles ont devant elles une machine de bois, faite comme le boisseau des Boutonniers, & lorsqu’il se rencontre des chiffons crottés, elles les grattent avec un couteau fait exprès avant que de les jetter dans les cases de la caisse ; on en fait ordinairement quatre classes séparées, qu’on appelle grobin fin, grobin second, grobin troisiéme ; pour le reste, ce sont des chiffons que la saleté empêche de reconnoître jusqu’à ce qu’ils ayent été lavés. Voyez les Pl. de Papeterie.

Trier, en terme de Raffineur ; c’est l’action de séparer en plusieurs tas ou monceaux, les différentes especes de matieres, selon les différentes qualités qui se trouvent dans un même baril. Pour faire ce triage, c’est ordinairement sur la couleur qu’on se regle ; cependant il y a des cas où l’on a plus besoin d’expérience que d’yeux. C’est quand le grain est assez fin pour faire juger de sa bonté indépendamment de sa couleur. Cette variété de couleur & de qualité vient des différentes couches du barril, pendant lesquelles le syrop a filtré à-travers la matiere, & taché la plus proche des parois du barril en y séjournant.

Trier, en terme de Vergettier, c’est mettre ensemble les soies, ou les plumes de même grosseur.

TRIÉRARQUE, s. m. (Antiq. d’Athènes.) τριήραρχος ; ce mot triérarque, signifie par lui-même commandant de galere ; mais l’usage lui donna dans Athènes une autre signification. On entendit par ce mot, les citoyens aisés qui étoient obligés comme tels, & à proportion de leurs richesses, d’équiper à leurs dépens un certain nombre de vaisseaux. Quelle belle police pour l’emploi des richesses au bien public ! Dès qu’un bourgeois avoit dix-huit mille livres de bien, il étoit triérarque, & armoit un vaisseau ; il en armoit deux, s’il avoit deux fois la valeur de ce bien ; mais il n’étoit pas obligé d’en armer au-delà de trois. Quand il ne se trouvoit pas