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de se corrompre dans le monde. En 1526, la Trappe eut des abbés commendataires ; en 1662, l’abbé Jean le Boutilier de Rancé, converti non par la mort subite, je crois, de la belle madame de Montbazon, dont il étoit amant favorisé, mais par une circonstance extraordinaire qui l’a suivie, porta la réforme la plus austere à la Trappe. C’est-là que se retirent ceux qui ont commis quelques crimes secrets dont les remords les poursuivent ; ceux qui sont tourmentés de vapeurs mélancoliques & religieuses ; ceux qui ont oublié que Dieu est le plus miséricordieux des peres, & qui ne voient en lui que le plus cruel des tyrans ; ceux qui réduisent à rien les souffrances, la mort, & la passion de Jesus-Christ, & qui ne voient la religion que du côté effrayant & terrible. C’est de-là que partent des cris, & là que sont pratiquées des austérités qui abregent la vie, & qui font injure à la divinité.

TRAPPÉ, (Jardinage.) signifie bien ramassé, bien venu. Il se dit ordinairement des melons ; voilà un melon qui trappe.

TRAQUENARD, s. m. (terme de Manege.) entrepas qui est un train ou amble rompu, qui ne tient ni du pas ni du trot, mais qui approche de l’amble. Le cheval qui a cette sorte d’allure, se nomme traquenard, ex eo quod intricat pedes, dit Saumaise.

Traquenard, s. m. (terme de Chasse.) sorte de piege composé d’ais rangés en forme de cercueil, & dont on fait usage pour prendre des chats sauvages, des belettes, des fouines, &c. On fait des traquenards simples & doubles ; mais ces derniers sont les meilleurs. (D. J.)

TRAQUER, v. act. (terme de Chasse.) entourer un bois, y envelopper les bêtes fauves de telle maniere qu’elles ne puissent se sauver, sans être apperçues de quelque chasseur. (D. J.)

TRAQUET, TARIER, GROULARD, subst. m. (Hist. nat. Ornithol.) œnanthe tertia Rai, musicapa tertia Ald. rubetra bellonii, oiseau qui est de la grosseur de la linotte ; la tête & le cou sont noirs ; il y a de chaque côté une tache blanche, disposée de façon qu’il semble que cet oiseau ait un collier ; les plumes du milieu du dos sont noires & ont les bords roux, il y a au-dessus du croupion une tache blanche. La poitrine est rousse ou d’un jaune rougeâtre, le ventre a une couleur blanche, mêlée d’une teinte de rouge. Le mâle & la femelle ont sur les aîles près du dos une tache blanche. Ils different principalement des autres oiseaux de leur genre par ce caractere qui leur est particulier. Le bec, les piés & les ongles sont noirs. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.

Traquet, s. m. (terme de Meunier.) cliquet de moulin ; c’est une petite soupape qui ouvre & ferme l’ouverture de la trémie, pour laisser tomber le grain peu-à-peu sur la meule. (D. J.)

TRASELLE, s. m. (Poids étranger.) poids en usage dans quelques villes de l’Arabie, particulierement à Mocha, célebre par son grand négoce ; le traselle pese 28 liv. il en faut 15 pour le bahars ; dix manus font un traselle. Savary. (D. J.)

TRASI, s. m. (Hist. nat. Botan.) nom vulgaire qu’on donne au souchet rond & bon à manger ; il croît dans les pays chauds, & sur-tout en Italie ; delà vient que Gerard le nomme cyperus esculentus, trasi Italorum. Il est appellé par Tournefort, & par tous les autres botanistes, cyperus rotundus, esculentus, angusti folius. Ses tiges hautes d’environ deux piés, portent en leurs sommités des fleurs à plusieurs étamines ramassées en tête, de couleur jaunâtre ; ces têtes sont composées de diverses feuilles en écaille, sous chacune desquelles il vient, lorsque la fleur est passée, une graine relevée de trois coins. Les racines du trasi sont chargées de tubercules charnus, gros comme de petites noisettes, couverts d’une écorce

ridée jaunâtre, ayant la chair blanche, ferme, d’un goût doux, approchant de celui de la chataigne, & sans odeur. (D. J.)

TRASIMENE, lac de, (Géog anc.) lac d’Italie dans la Toscane, fatal aux Romains du tems de la guerre punique ; car c’est où Annibal vainquit le consul Flaminius. Polybe, liv. III. ch. lxxxij. dit Τρασιμένην λίμνην ; Strabon, liv. V. comme la plûpart des auteurs latins écrit Τρασιμένην, par un Τ simple ; mais ces deux anciens se trompent dans la pénultieme, que les poëtes latins font longue ; Ovide, l. VI. Fast. v. 765.

. . . Trasimenaque littora testis.


Silius Italicus, l. IV. v. 740. en use de même :

. . . Stagnis Trasimenus opacis.


Et Stace, l. I. Silvar. car. jv. v. 86.

. . . Gaudet Trasimenus & Alpes
Cannensesque animæ.

Le nom moderne de ce lac est Lago di Perugia. (D. J.)

TRASMAUR, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la basse Autriche, sur la droite du Drasain, près de son confluent avec le Danube.

TRASSER, ou TRACER, (Comm.) terme qui est de quelque usage parmi les négocians & banquiers. Il signifie tirer une lettre de change sur quelqu’un, ou prendre de l’argent à change. Voyez Change. Dict. de Comm.

TRASTRAVAT, cheval, (Manege.) on appelle en termes de manege, un cheval trastravat, celui qui a des balzanes à deux piés qui se regardent diagonalement & en croix de S. André, comme au pié montoir de devant, & au pié hors-montoir du derriere, ou-bien au pié hors montoir du devant, & au pié montoir du derriere. On appelle travat, celui qui a des balzanes aux deux piés du même côté. Le cheval travat, ainsi que le trastravat ne sont pas estimés. (D. J.)

TRATRATRATRA, s. m. (Hist. nat.) animal quadrupede de l’île de Madagascar. Les voyageurs ne nous en apprennent rien, sinon qu’il est de la grandeur d’une génisse de deux ans, qu’il a une tête ronde qui a du rapport avec celle d’un homme. Il ressemble par-devant & par-derriere à un gros singe, & se tient dans les deserts.

TRATTES, s. f. pl. (Charpent.) ce sont des pieces de bois, longues de trois piés, & grosses de seize pouces, que l’on pose au-dessus de la chaise d’un moulin à vent, & qui en porte la cage. (D. J.)

TRAVADES, s. f. (Marine.) ce sont certains vents inconstans qui parcourent quelquefois les trente-deux rumbs en une heure. Ils sont ordinairement accompagnés d’éclairs, de tonnerres, & d’une pluie abondante.

TRAVAIL, s. m. (Gramm.) occupation journaliere à laquelle l’homme est condamné par son besoin, & à laquelle il doit en même tems sa santé, sa subsistance, sa sérénité, son bon sens & sa vertu peut-être. La Mythologie qui le considéroit comme un mal, l’a fait naître de l’Erebe & de la Nuit.

Travail, (Critiq. sacrée.) ce mot dans l’Ecriture se prend pour la fatigue du corps, Job. v. 7. pour celle de l’esprit, Ps. xxjv. 18. pour les fruits du travail. Deut. xxviij. 33. & finalement par une figure de Rhétorique : pour l’injustice, sous la langue du méchant, est le travail de l’iniquité, Ps. x. 7. (D. J.)

Travail, s. m. (Art milit.) est le remuement des terres, le transport & l’arrangement des gabions, des sacs à terre, des briques, des fascines, & de tout ce que l’on fait pour se loger & se couvrir. Ainsi les travailleurs sont des pionniers, & le plus souvent des soldats commandés pour remuer les terres, ou s’occuper à quelqu’autres travaux. Dict. militaire.