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duire les vaisseaux sur mer ; d’où est venu le proverbe, il a perdu la tramontane, c’est-à-dire, il est déconcerté.

Tramontane, signifie aussi en Italie & sur la mer Méditerranée un vent qui souffle du côté qui est au-delà des monts, par rapport à l’Italie. Chambers.

TRANCHANT, s. m. (Gram.) c’est dans un outil destiné à couper, la partie qui est opposée au dos & qui coupe. On dit le tranchant d’un rasoir, d’un couteau ; mettre à tranchant. Tranchant est aussi le participe du verbe trancher, & se prend adjectivement, comme lorsqu’on dit un instrument tranchant.

TRANCHE, s. f. (Géom.) quand on conçoit qu’un prisme, un cylindre, une pyramide, un cône, &c. sont coupés par des plans paralleles à la base, les sections qui en naissent s’appellent des tranches : on donne même quelquefois ce nom aux portions solides comprises entre deux coupes. (E)

Tranche de marbre, (Arehitect.) morceau de marbre mince, qu’on incruste dans un compartiment, ou qui sert de table pour recevoir une inscription. (D. J.)

Tranche, en terme d’Eperonnier, est un outil en forme de ciseau, logé dans un morceau de bois rond & fendu, dans lequel la tranche est retenue par deux liens de fer ; ce bâton se nomme bois de la tranche. Voyez les fig. Pl. de lÉperonnier.

Tranche, en terme de Doreur sur cuir, est une petite bande d’or pour faire les bords des livres qu’on relie en veau & qu’on dore.

Tranche, terme de Ferranderie, outil dont les Serruriers & les autres ouvriers en fer se servent pour couper & fendre les barres de fer à chaud. Cet outil est d’acier ou de fer bien acéré en forme d’un coin ou gros ciseau, de cinq ou six pouces de long, avec un long manche de bois. (D. J.)

Tranche, sorte de coûteau dont les Fondeurs en sable se servent pour réparer & tailler les moules qu’ils construisent ; c’est une lame de fer roulée par un bout & aiguisée en langue de carpe tranchante des deux cotes par l’autre. Voyez les fig. Pl. du Fondeur en sable.

Tranche, terme de Laboureur ; c’est un outil de fer qui coupe la terre, lequel a divers noms, selon la diversité des contrées ; les uns l’appellent pioche, les autres ouille, quelques uns ouillant. Dict. économiq.

Tranche, (Monnoie.) ce terme de monnoie signifie la circonférence des especes, autour de laquelle on imprime une légende ou un cordonnet, pour empêcher que les faux-monnoyeurs ne les puissent rogner ; on ne peut marquer que les écus de la légende, Domine salvum fac regem, parce que le volume peut porter des lettres sur la tranche ; mais le volume des autres especes, tant d’or que d’argent, ne sauroit porter sur la tranche qu’un cordonnet avec un grenetis des deux côtés, ou seulement une hachure. L’usage de mettre une légende sur la tranche des monnoies, a commencé en Angleterre. François le Blanc dans son traité des monnoies de France, dit qu’il faut esperer qu’un jour on protégera la nouvelle invention qui marque les monnoies sur la tranche, en même tems que la tête & la pile. Ce souhait qu’il faisoit en 1690, ne fut pas long-tems à être accompli dans ce royaume. (D. J.)

Tranche, terme de Relieur ; ce mot s’entend de l’endroit du livre par où il a été rogné sur la presse, c’est-à-dire, de l’extrémité des feuillets que l’on dore, ou que l’on met en couleur. On dit dorer, noircir, rougir & marger sur tranche, selon que c’est de l’or, ou de quelqu’une de ces couleurs que l’on met sur la tranche. (D. J.)

Tranche, (Coutelier, Tailland. Serrur.) & autres ouvriers en fer. Ils en ont de deux sortes ; l’une en forme de coin, prise dans un gros morceau de bois,

fendu par le bout, & retenu dans cette fente par deux cercles de fer. Elle sert à ouvrir les grosses barres de fer. L’autre à queue, qu’on place dans un trou pratiqué vers la base de la bigorne de l’enclume. Elle sert à couper de petits morceaux de fer, à séparer des petits ouvrages, de la barre dont on les a faits. La premiere de ces tranches se pose sur le morceau de fer à trancher ou à ouvrir ; un ouvrier tient le morceau de fer, pose dessus la tranche, dont il tient le manche, & un autre ouvrier avec un gros marteau frappe sur la tête de la tranche. Pour se servir de la seconde au contraire un seul ouvrier suffit. Il pose le fer sur cette tranche fixée dans le trou de la bigorne ; & il frappe sur la piece à séparer de la barre.

TRANCHÉ, adj. m. terme de Blason ; on dit qu’un écu est tranché, lorsqu’il est divisé en deux diagonalement, & que la division vient de l’angle dextre du chef, à l’angle sénestre de la pointe ; quand il est divisé, au contraire, on l’appelle taillé. On dit tranché-crénelé, quand la division du tranché est faite par créneaux ; tranché-endenté est quand les deux parties de l’écu entrent l’une dans l’autre par dentelure. Tranché-retranché, se dit de ce qui est tranché, puis taillé & retranché ; & tranché-tuillé, quand sur le tranché il y a une petite taille ou entaille au cœur de l’écu. Ménétrier. (D. J.)

TRANCHÉE, s. f. (Archit.) ouverture en terre creusée en long & quarrément, pour fonder un édifice, ou pour poser & reparer des conduites de plomb, de fer ou de terre.

Tranchée de mur. Ouverture en longueur hachée dans un mur pour y recevoir & sceller une solive, ou un poteau de cloison, ou une tringle qui sert à porter de la tapisserie.

On appelle encore tranchée de mur, une entaille dans une chaîne de pierre au-dehors d’un mur, pour y encastrer l’ancre du tiran d’une poutre, & la recouvrir de plâtre. On fait aussi de ces tranchées pour retenir les tuyaux de cheminées, qu’on adosse contre un mur. Daviler. (D. J.)

Tranchée, fosse que l’on a creusée dans la terre pour faire écouler les eaux d’un marais, d’un pré, d’un étang, &c. ou pour détourner le cours d’une riviere. Voyez Fossé. Chambers.

Tranchées, (Fortification.) dans l’attaque des places, sont des especes de chemins creusés dans la terre pour arriver à la place sans être vu de ses défenses.

Lorsque la tranchée est parallele à la place ; on la nomme parallele ou place d’armes. Voyez Lignes paralleles ou Place d’armes.

Lorsqu’elle sert de chemin pour arriver à la place, elle se nomme boyau. Voyez Boyau.

Il y a plusieurs especes de tranchées ; savoir :

La tranchée à crochet, la tranchée double, la directe & la tranchée tournante.

La tranchée à crochet est la tranchée ordinaire qui va en zig-zags vers la place.

La tranchée double est celle qui étant vue des deux côtés a un paravant de chaque côté.

La tranchée directe est celle qui va directement aux ouvrages où elle se dirige, parce que le terrein ou la situation ne permet pas de la conduire autrement. On la défile par de fréquentes traverses, & en la faisant plus profonde que la tranchée ordinaire. Voyez ces différentes tranchées, Pl. XVI. de fortification, fig. 1. n°. 2, 3 & 4.

La tranchée tournante est celle qui entoure ou qui forme une espece d’enveloppe autour des ouvrages attaqués ; telle est celle qu’on fait pour le logement du glacis ou du chemin-couvert, Pl. XVI. fig. 1. n°. 1. Cette tranchée F est défilée des ouvrages qui les découvrent par des traverses intérieures G, & des extérieures T.