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de cet arbre est une poulie E autour de laquelle la corde de l’archet cd est entortillé ; par le moyen de cet archet, on fait tourner l’arbre ab qui fait tourner la meche ou foret d, contre la pointe duquel on appuie les sautereaux garnis de leurs languettes que l’on perce tout ensemble : on met ensuite une petite épingle dans le trou du foret qui doit être très-menu pour que l’épingle le remplisse exactement ; il n’y a que le trou de la languette qui doit être plus grand, afin qu’elle puisse tourner librement, c’est pourquoi on l’accroît avec l’outil appellé voie de sautereaux. Voyez la fig. Pl. XVII. de Lutherie, fig. 10.

Tourniquet, dans les orgues, on appelle ainsi un morceau de bois de forme quarrée A, fig. 52. Pl. d’orgue, fixée par une cheville par un de ses angles à un des angles de couverture supérieur de tuyau, représentée par le rectangle BCDE, qui fait voir en même tems comment les quatre planches du tuyau de bois sont assemblées à rainures & languettes. Le tourniquet sert à accorder les tuyaux, où on en met en les avançant pour les faire baisser de ton, ou en le retirant pour le faire hausser, s’il se trouve trop bas. Voyez la fig. 51 qui représente un tuyau sur lequel est placé un tourniquet a.

Tourniquet, s. m. (terme de Menuisier.) petit morceau de bois grand comme le pouce, un peu creusé par les deux bouts, attaché au bord d’un chassis, & servant à soutenir le chassis quand il est levé. (D. J.)

Tourniquets, (à la Monnoie.) ce sont des barrils dans lesquels, & par le moyen du mercure, on assemble toutes les parties du métal restées dans les terres.

Tourniquet, (terme de Serrurier.) petit morceau de fer plat, dont l’un des bouts a un piton rivé où l’on met le crochet de la tringle de fer, & l’autre a un trou où entre le bout de la fiche de la colonne du lit.

Tourniquet, (terme de Tabletier.) machine de bois ronde ou quarrée, autour de laquelle sont marquées symmétriquement divers nombres en chiffres ; il y a au milieu de cette machine un piton de fer avec une aiguille de même métal, qu’on fait tourner, & qui selon l’endroit du tourniquet où elle s’arrête, fait le bon & le mauvais destin du jeu du tourniquet. (D. J.)

Tourniquet, instrument de l’art militaire, est une poutre garnie de pointes de fer qu’on place dans une ouverture, dans une breche ou à l’entrée du camp pour disputer le passage à l’ennemi. Voyez Cheval de frize. (Q)

Tourniquet, torcular, instrument de Chirurgie ; machine avec laquelle on suspend la circulation du sang dans un membre, jusqu’à ce qu’on y ait fait les opérations qui conviennent.

Les anciens se servoient d’un lac tissu de soie ou de fil, dont ils entouroient le membre, & le serroient jusqu’à la suspension parfaite du cours du sang ; cette ligature avoit encore, selon eux, l’avantage d’engourdir le membre & de modérer les douleurs des opérations.

La douleur, la meurtrissure & la contusion que ce tourniquet occasionnoit, produisant fréquemment la gangrene, ou des abscès consécutifs, on chercha de nouveaux moyens d’éviter les hémorrhagies : on perfectionna d’abord l’application du lien circulaire, pour faire moins de douleur & de meurtrissure à la peau, on entoura le membre avec une compresse assez épaisse, sur laquelle on mettoit le lac : on posoit ensuite deux petits bâtons sous le lac, l’un en-dedans l’autre en-dehors du membre ; & on les tournoit jusqu’à ce qu’il fût suffisamment serré. C’est de cette maniere, dit M. Dionis, dans son traité d’opération, que les voituriers serrent avec un bâton, les cordes qui tiennent les balots sur leur charrettes. Cet

auteur donne l’époque de l’invention de ce tourniquet : il en fait honneur à un chirurgien de l’armée françoise, pendant le siege de Besançon en Franche Comté. Je crois avoir lu quelque part que ce chirurgien étoit aide-majeur de l’armée, & qu’il se nommoit Morel. Il a paru depuis peu une dissertation dans les journaux, pour prouver que ce Morel étoit chirurgien de la ville de Besançon.

Le tourniquet a encore bien des inconvéniens ; les modernes y ont fait des corrections notables. Pour arrêter le sang dans le tronc de l’artere, il faut comprimer le moins qu’il est possible les parties voisines ; c’est pourquoi l’on met longitudinalement sur le cordon des vaisseaux, une compresse étroite & épaisse de deux pouces ; avant l’application de la compresse circulaire par dessus cette derniere compresse, & à la partie opposée au trajet des vaisseaux, on met une compresse quarrée en six ou huit doubles, recouverte d’une lame de corne ou de carton, on fait sur cet appareil deux tours, avec le cordon de soie ou de fil, que l’on noue sur la lame d’écaille ou de corne, &c. mais on le doit nouer assez lâche, pour pouvoir faire une anse des deux circulaires, sous laquelle on fera passer un petit bâton pour serrer ensemble les deux tours du lien : la compresse épaisse qui est appliquée sur les vaisseaux, les comprime alors, & empêche que le lac ne fasse des contusions aux parties latérales en les serrant trop. La plaque d’écaille un peu courbe, ou le morceau de carton, de cuir, &c. placés sur la partie opposée à celle où l’on doit faire la compression, empêchent que le garot, ou petit bâton, ne pince la peau. Voyez l’application de ce tourniquet à la cuisse & au bras droit de la fig. 1. Pl. XXX.

M. Petit a présenté à l’académie royale des Sciences, en 1718, un tourniquet de son invention, beaucoup plus parfait que l’ancien, tout rectifié qu’il paroisse. Voyez Pl. XVIII. fig. 1. il est composé de deux pieces de bois, l’une supérieure, & l’autre inférieure : l’inférieure est longue d’environ quatre pouces & demi, large de près de deux pouces, un peu ceintrée en-dessous, légerement convexe en-dessus, & échancrée par ses extrémités : de son milieu s’éleve une éminence ronde, haute de sept lignes, sur huit lignes & demie de diametre. La supérieure est à-peu-près semblable, mais un peu plus courte ; L’éminence qui s’éleve de son milieu, a six lignes de hauteur, & son diametre un pouce & demi : cette éminence est percée verticalement par un trou dont la cavité est un écrou qui sert à loger une vis de bois dont le sommet est un bouton applati des deux côtés pour le tourner. Les pas de cette vis sont au nombre de quatre ou cinq, chacun doit avoir quatre lignes de diametre, afin qu’elle fasse son effet par le moyen d’un demi tour : enfin toute la machine est assujettie par une cheville de fer qui traverse les deux pieces par le milieu, & la vis dans toute sa longueur, & qui est rivée sous la piece inférieure, & sur le sommet du bouton, de maniere pourtant que la vis peut tourner sur cette cheville comme sur un pivot.

Pour se servir du tourniquet, on entoure la partie avec une bande de chamois double, large de quatre travers de doigts ; c’est la compresse la plus douce dont on puisse se servir : à une des extrémités de cette bande est attachée un double coussinet, de la longueur & de la largeur de la piece inférieure du tourniquet. Voyez Pl. XVIII. fig. 3. il faut de plus une compresse étroite, ou pelote cylindrique, pour comprimer la route des vaisseaux. Cette pelote est construite d’une bande de linge roulée assez ferme, & couverte de chamois (fig. 4.) ; sur la partie externe de cette pelote, est cousu par ses extrémités un ruban de fil, appellé tire-botte, ce qui forme une passe pour la