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de l’argent & la nécessité d’en avoir, obligent de déroger aux lois de l’économie, il est surprenant qu’on ait assez peu calculé la force de l’intérêt, pour recourir aux rentes viageres, & sur-tout aux tontines, sans essayer quelque combinaison d’un avantage mitoyen. Les rentes viageres font un tort irréparable aux familles, dont le prince devient insensiblement l’héritier ; mais de tous les expédiens de finance, les tontines sont peut être les plus onéreuses à l’état, puisqu’il faut environ un siecle pour éteindre une tontine, dont en même tems les intérêts sont d’ordinaire à un très-fort denier.

Il semble donc qu’un état qui n’est pas absolument dépourvu de ressources, devroit recourir à de toutes autres voies. Il pourroit, par exemple, se procurer avec promptitude une grande somme d’argent, en établissant des annuités viageres, c’est-à-dire, un emprunt dont le capital seroit remboursé certainement par égales portions dans un nombre d’années, soit que les prêteurs vécussent ou non ; mais on y attacheroit un intérêt qui ne cesseroit qu’à la mort du prêteur. Il est évident que le remboursement annuel d’une partie du capital, mettroit les familles en état de replacer à intérêt les sommes, à-fur-à-mesure de ce remboursement. Ainsi lorsque le capital entier seroit rentré, le prêteur jouiroit en sus de son intérêt ordinaire, de la rente viagere sur l’état. Si le prêteur venoit à mourir dès la premiere année du prêt, la famille n’auroit jamais perdu que partie des intérêts, & recouvreroit en entier le capital aux termes fixés. Ainsi 1°. l’intérêt de cet emprunt devroit être fort bas ; 2°. il n’est pas néanmoins de chefs de famille qui n’eût à cœur de placer quelque somme de cette maniere sur la tête de ses enfans : car s’ils vivent, c’est augmenter leurs revenus ; s’ils ne vivent pas, il n’y a qu’une partie des intérêts de perdue. On croit donc qu’en fixant cet intérêt à deux & demi pour cent, l’état trouveroit des prêteurs en abondance, en revêtissant son emprunt de toutes les sûretés suffisantes pour le rendre solide, & l’accréditer invariablement. (D. J.)

Tontine, le jeu de la, le jeu de la tontine n’est guere connu à Paris ; mais on le joue dans les provinces assez communément. On y peut jouer douze ou quinze personnes, & plus l’on est plus le jeu est amusant. On y joue avec un jeu de cartes entier où toutes les petites cartes sont. Avant de commencer à jouer, on donne à chaque joueur le même nombre de jettons, quinze ou vingt, plus ou moins, & chacun en commençant la partie, doit mettre trois jettons au jeu, & celui qui mêle, ayant fait couper à sa gauche, tourne une carte de dessus le talon pour chaque joueur & pour lui ; celui dont la carte tournée est roi, tire trois jettons à son profit, pour une dame deux, pour un valet un, & pour un dix il ne prend rien, cette carte n’ayant d’autre avantage pour celui qui l’a, que de lui épargner un jetton que l’on donne aux joueurs pour toutes les autres cartes inférieures. Celui qui a un as, donne un jetton à son voisin à gauche ; celui qui a un deux, en donne deux à son second voisin à gauche ; un trois, pareil nombre à son troisieme voisin ; mais celui qui a au-dessus du trois une carte de nombre pair, comme quatre, six, huit, met deux jettons au jeu, & celui qui a une carte de nombre impair, comme cinq, sept & neuf, n’en met qu’un. On doit se faire payer exactement ; ensuite celui qui a été le premier, mêle tout, & les coups se jouent de la même maniere, chacun mêlant à son tour. Un joueur avec un seul jetton devant lui, joue comme s’il en avoit davantage, & s’il en perd plus d’un, il donne le seul qui lui reste, & on ne peut lui demander rien de plus, lors même qu’il reviendroit en jeu, se faisant alors payer de tout ce qu’il gagne à celui à qui il est redevable, sans égard pour ce qu’il doit.

TONTONG, s. m. (Hist. mod.) instrument usité par les negres qui habitent la côte du Sénégal. C’est un tambour d’une grandeur démesurée dont le bruit s’entend à plus de deux lieues. Chaque village en possede un sur lequel on frappe à l’approche de l’ennemi.

TONTURE, s. f. (Marine.) c’est un rang de planches dans le revêtement du bordage contre la ceinte du franc tillac.

Ce terme a une autre signification quand on le joint avec le mot vaisseau, & il signifie alors un bon arrimage & une bonne assiette.

Tonture, (Marine.) c’est la rondeur des préceintes qui lient les côtes du vaisseau, & des baux qui ferment le pont.

Tonture de laine, (Tapissier.) on appelle ainsi ce qu’on tire ou qu’on coupe du drap ou de quelqu’autre étoffe de laine que l’on tond : c’est ce qu’on nomme ordinairement boure-tomisse. Voyez Boure-tomisse.

TOO, s. m. (Hist. nat. Botan.) c’est un arbrisseau des jardins du Japon, qui sert à garnir les treillages & les berceaux. Ses feuilles sont longues, sans découpures ; il jette un grand nombre de fleurs longues d’un empan & plus, qui durent tout le printems, & qui étant suspendues comme des grappes de raisin, font un charmant spectacle. Elles sont en papillons & sans odeur. De grandes places sont quelquefois ombragées par une seule ou par deux ou trois de ces plantes. Les curieux mettent au pié, de la lie de sacki, qui est de la bierre de riz, pour les engraisser & leur faire produire des épis de trois ou quatre empans de long. On visite ces lieux par curiosité, & les poëtes font des vers à leur honneur. La couleur des fleurs est toute blanche ou toute purpurine. Il y a un too sauvage dont les fleurs & les feuilles sont moins belles.

TOOKAIDO, (Géog. mod.) une des sept grandes contrées du Japon. Tookaido veut dire la contrée au sud-est. Elle comprend quinze provinces dont les revenus se montent en tout à 494 monkokfs de riz. On se rappellera qu’un man contient dix mille kokfs, & un kokf trois mille balles ou sacs de riz. (D. J.)

TOOSANDO, (Géog. mod.) c’est le nom d’une des sept grandes contrées de l’empire du Japon. Toosando signifie la contrée orientale. Elle comprend huit grandes provinces qui sont Oomi, Mino, Fida, Sinano, Koodsuke, Simoodsuke, Mutsu & Dewa. Les revenus de ces huit provinces de la contrée orientale montent à 563 mankokfs de riz. (D. J.)

TOOTOMI, (Géog. mod.) une des quinze provinces de l’empire du Japon, dans la contrée du sud-est. Cette province est une des plus fertiles & des plus belles de cette contrée par l’agréable variété de ses collines, rivieres, plaines, villes & villages. On compte sa longueur de deux journées & demie de l’est à l’ouest, & elle se divise en quatorze districts. (D. J.)

TOPARCHIE, s. f. (Théolog.) du grec τοπαρχεία, formé de τόπος, lieu ou pays, & d’ἀρχὴ, commandement, puissance.

Ce mot signifie seigneurie, gouvernement d’un lieu, d’un canton. Il est souvent parlé dans les Macchabées de trois toparchies, Apherima, Lydda & Ramatha. Pline, l. V. c. xiv. marque dix toparchies de la Judée, savoir Jéricho, Emmaüs, Lydda, Joppe, l’Acrabatene, la Gophnitique, la Thamnitique, la Bekepthtephene, la Montueuse où étoit Jérusalem, & enfin Herodium. Josephe, lib. III. de bell. jud. c. iv. en nomme aussi dix dont Jérusalem étoit comme le centre, Gophna, Acrabate, Thamna, Lydda, Ammaüs, Pella, l’Idumée, Herodium, Jéricho. Ailleurs il nomme trois toparchies ajoutées à la Judée, la Samarie, la Galilée, la Perée ; & dans ses antiquités, l. XIII. c. viij. il fait