L’Encyclopédie/1re édition/BOURRE

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* BOURRE, s. f. dans plusieurs Arts méchaniques, poil de plusieurs animaux, comme taureaux, bœufs, vaches, veaux, bufles, chevaux, cerfs, &c. qu’on détache par le moyen de la chaux, ou qu’on rase avec un couteau de dessus leurs peaux ou cuirs lorsqu’on les prépare dans les tanneries, ou chez les Mégissiers, Chamoiseurs, ou Hongrieurs. La bourre sert à garnir des selles, des bâts, des chaises, des tabourets, des banquettes ou formes, &c.

A Paris ce sont les Marchands de fer, qui sont du corps de la Mercerie, qui font presque tout le négoce de cette espece de bourre, quoiqu’il soit permis aux marchands Epiciers de le faire. Ceux qui en font commerce, l’achetent en gros des ouvriers qui preparent les cuirs, & la revendent ensuite en détail aux artisans qui en ont besoin.

* Bourre de laine, chez les Bonnetiers, c’est la partie qui tombe sous la claie quand on la bat.

* Bourre-lanisse, laine que les Laineurs ou Eplaigneurs tirent de dessus les draps, les ratines, & autres étoffes, quand ils les préparent sur la perche avec le chardon avant que de les tondre.

* Bourre-tontisse, laine qui provient de la tonte des draps.

Les faiseurs de matelas & autres ouvriers qui employent la laine, trompent souvent, soit en mêlangeant les bonnes laines avec ces mauvaises, soit en les leur substituant. Il faut y prendre garde.

* Bourre de soie, Filoselle, ou Fleuret, c’est la partie de soie qu’on rebute au dévidage des cocons : on la file, & on la met en écheveaux comme la bonne. On en fait des padous, des ceintures, des lacets, du cordonnet, &c.

* Bourre, (rouge de) en Teinture : il se fait avec le poil de chevre le plus court. On fait bouillir le poil plusieurs fois dans la garance ; ainsi préparé, il se fond dans la cuve à teindre par le moyen de quelqu’alkali, comme la cendre gravelée, l’urine, &c. & donne le rouge ou nacarat de bourre, un des sept bons rouges.

* Bourre de Marseille, (Commerce.) étoffe moirée dont la chaîne est toute de soie, & la trame toute de bourre de soie. Les premiers bourres se sont faits à Marseille : il s’en fabrique à présent à Montpellier, à Nîmes, & ailleurs.

* Bourre, chez les Corroyeurs, c’est le vieux tan qui est resté des peaux de mouton au sortir de la tannerie. On ébourre ces peaux avec l’estire. Bourre, en terme d’Artillerie, c’est tout ce que l’on met sur la poudre en chargeant les armes à feu, papier, foin, &c. Voyez Charge & Tampon. (Q)

Bourre, se dit de la premiere sorte de bourgeons des vignes & des arbres fruitiers.

Bourre se dit aussi de la graine d’anemone. (K)