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TIPASA, (Géog. anc.) ville de la Mauritanie césariense. Ptolomée, liv. IV. ch. ij. la marque entre Julia-Cæsarea & Via. Selon l’itinéraire d’Antonin, qui lui donne le titre de colonie, elle se trouvoit sur la route du Tingis à Carthage, entre Cæsarea-Colonia & Casæ-Caluenti, à seize milles de la premiere de ces places, & à quinze milles de la seconde. Ortelius croit que ce pourroit être la Tipata d’Ammien Marcellin. On croit que cette ville est aujourd’hui le lieu du royaume d’Alger, qu’on nomme Saça ou Sasa. (D. J.)

TIPHÆ ou SIPHÆ, (Géog. anc.) par Ptolomée & Etienne le géographe ; ville située dans le fond de la Béotie, sur le bord de la mer ; on l’appelle aujourd’hui Rosa, selon Sophien. Elle donna ou prit son nom d’une montagne voisine, nommée Typhaonium par Hésiode, & Typnium dans Hesychius. Pausanias, l. IX. c. xxxij. parle de Tiphæ, & écrit Tipha ; il dit qu’il y avoit dans cette ville un temple dédié à Hercule, & qu’on y célebroit une fête chaque année. Tous les habitans de Tiphæ se vantoient d’être habiles marins ; Aussi Typhis qui y prit naissance, passoit pour être fils de Neptune. Il fut le pilote du vaisseau des Argonautes, & mourut à la cour de Lycus, dans le pays des Mariandiniens. (D. J.)

TIPI, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbrisseau qui croît au Brésil ; sa fleur est blanchâtre, & le fruit noir & rond comme une prune. Ray.

TIPPERARI, (Géog. mod.) comté d’Irlande, dans la province de Mounster. Il a le Queens-County & Kilkenny à l’est, le comté de Thomond à l’ouest, Kings-County au nord-est, & Waterford au sud. On le divise en quatorze baronies. Deux de ses villes tiennent marché public, & cinq députent au parlement de Dublin.

Keating (Geoffroi), connu par une histoire des poëtes irlandois, dont on a donné une magnifique édition à Londres, en 1738, in-fol. étoit natif du comté de Tipperari. Il a publié quelques autres ouvrages en irlandois, & est mort vers l’an 1650. (D. J.)

TIPRA, (Géog. mod.) royaume d’Asie, dans les Indes, aux états du roi d’Ava, sous le tropique du cancer. Il est borné au nord par le royaume d’Asém, au midi par celui d’Aracan, au levant par celui d’Osul, & au couchant par celui de Bengale. Marbagan en est la capitale.

TIPULE, s. m. (Hist. nat. Insectolog.) mouche à deux aîles, dont M. Linnæus, faun. succ. donne trente-deux especes. Le tipule a beaucoup de ressemblance avec le cousin, mais il en differe principalement en ce qu’il n’a point de trompe. Les différentes especes de tipules varient beaucoup pour la grandeur. Voyez Insecte.

TIPUL, s. m. (Hist. nat. Ornithol. exot.) nom donné par les habitans des îles Philippines à une espece de grue commune dans leur pays, & qui est d’une si grande taille, que quand elle se tient droite, elle peut regarder par-dessus la tête d’un homme ordinaire. (D. J.)

TIQUADRA, (Géog. anc.) île d’Espagne, & l’une des petites îles voisines des Baléares. Pline, l. III. c. v. la marque près de la ville Palma. Le nom moderne est Connéjera.

TIQUE, s. m. (Hist. nat. Insectol.) ricinus ; petit insecte noirâtre, qui s’engendre dans la peau des animaux ; il a six pattes, & la tête se termine par une espece de bec pointu & court ; la peau est dure. Cet insecte tourmente beaucoup en été les animaux, & principalement les chiens. Voyez Insecte.

TIQUER, (Maréchal.) c’est avoir le tic. Voyez Tic.

TIQUEUR, s. m. (Maréchal.) on appelle ainsi un cheval qui tique souvent.

TIQUMIT, s. m. (Calend. des Abyssins.) nom du

quatrieme mois des Abyssins, qui répond au mois d’Avril. (D. J.)

TIR, s. m. (Art milit.) se dit de la ligne suivant laquelle on tire une piece d’artillerie.

Les cannoniers, selon M. de Saint-Remy, disent quelquefois qu’ils ont fait un bon tir, quand ils ont fait un bon coup ; mais ce terme n’est plus guere usité. On se sert plus communément de celui de jet. Voyez Jet.

TIRA, s. m. (Hist. mod. Culte.) c’est ainsi que l’on nomme au Japon, les temples consacrés aux idoles étrangeres. Ces temples sont sans fenêtres, & ne tirent de jour que de leurs portiques, qui conduisent à une grande salle remplie de niches, dans lesquelles on place des idoles. Au milieu du temple est un autel isolé, qui est communément très-orné, & sur lequel on place une ou plusieurs idoles d’une figure monstrueuse. On place devant elles un grand chandelier à plusieurs branches, où l’on allume des bougies odoriférantes ; le tout est ordinairement surmonté d’un dôme. Quelques-uns de ces temples sont d’une grandeur prodigieuse, & qui excede de beaucoup nos plus grandes églises d’Europe. A côté des tiras l’on voit ordinairement des édifices somptueux, destinés à la demeure des bonzes ou des prêtres, qui ont toujours eu soin de choisir des emplacemens agréables.

TIRADE, s. f. (Littérat.) expression nouvellement introduite dans la langue, pour désigner certains lieux communs dont nos poëtes, dramatiques sur-tout, embellissent, ou pour mieux dire, défigurent leurs ouvrages. S’ils rencontrent par hasard dans le cours d’une scène, les mots de misere, de vertu, de crime, de patrie, de superstition, de prêtres, de religion, &c. ils ont dans leurs porte-feuilles une demi-douzaine de vers faits d’avance, qu’ils plaquent dans ces endroits. Il n’y a qu’un art incroyable, un grand charme de diction, & la nouveauté ou la force des idées, qui puissent faire supporter ces hors d’œuvre. Pour juger combien ils sont déplacés, on n’a qu’à considérer l’embarras de l’acteur dans ces endroits ; il ne sait à qui s’adresser ; à celui avec lequel il est en scène, cela seroit ridicule : on ne fait pas de ces sortes de petits sermons à ceux qu’on entretient de sa situation ; au parterre, on ne doit jamais lui parler.

Les tirades quelque belles qu’elles soient, sont donc de mauvais goût ; & tout homme un peu versé dans la lecture des anciens les rejettera, comme le lambeau de pourpre dont Horace a dit : Purpureus late qui splendeat unus & alter assuitur pannus ; sed non erat his locus. Cela sent l’écolier qui fait l’amplification.

Tirade, en Musique ; lorsque deux notes sont séparées par un intervalle disjoint, & qu’on remplit cet intervalle par plusieurs autres notes qui passent diatoniquement de l’une à l’autre, cela s’appelle une tirade.

Les anciens nommoient en grec ἀγωγὴ, & en latin ductus, ce que nous appellons aujourd’hui tirade ; & ils en distinguoient de trois sortes. 1°. Si les sons se suivoient en montant, ils appelloient cela εὐθεῖα, ductus rectus : 2°. s’ils se suivoient en descendant, c’étoit ἀνακάμπτουσα, ductus revertens : 3°. que si après avoir monté par bémol, ils redescendoient par béquarre, cela s’appelloit περιφερὴς, ductus circumcurrens. On auroit bien à faire, aujourd’hui que la musique est si prodigieusement composée, si l’on vouloit donner des noms à tous ces différens passages. (S)

TIRAGE des traîneaux & des chariots, (Méchan.) M. Couplet nous a donné sur ce sujet des réflexions dans plusieurs volumes des mémoires de l’académie. Son principe général est que la puissance tirante doit se décomposer en deux, dont l’une soit parallele au terrein, & l’autre perpendiculaire à ce même terrein. De ces deux puissances il n’y a que la premiere qui agisse pour tirer, l’autre étant détruite ou par