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vert : au reste, il ne laissoit entrer dans la salle, aux heures du repas, que les officiers qui avoient droit d’y manger, & nul autre n’y étoit reçu sans un ordre exprès du grand-maître.

Tinel signifioit aussi la cour du roi, de-sorte que les gens de cour étoient appellés le tinel, d’un nom général. (D. J.)

TINET, s. m. terme de Boucher, espece de machine dont se servent les Bouchers, pour suspendre par les jambes de derriere, les bœufs qu’ils ont assommés, vuidés, soufflés, & écorchés. Trévoux. (D. J.)

Tinet, s. m. terme de Marchand de vin, gros bâton dont on se sert pour porter les tines, & pour descendre du vin dans la cave sans le troubler. (D. J.)

TINETTE, s. f. terme de Chandelier, les maîtres Chandeliers qui font de la chandelle moulée appellent tinette, le vaisseau dans lequel ils mettent leur suif liquide au sortir de la poële. (D. J.)

Tinette, s. f. (Tonnelerie.) espece de vaisseau approchant de la figure conique, le bas étant plus étroit que le haut, fait de douves reliés de cerceaux, ayant du côté le plus large deux especes d’oreilles, chacune percée d’un trou pour y passer un bâton au-travers afin d’en arrêter le couvercle. Les tinettes servent à mettre diverses sortes de marchandises, particulierement les beurres salés & les beurres fondus. Savary. (D. J.)

TINGIS, (Géog. anc.) 1°. ville d’Afrique, dans la Mauritanie tingitane, dont elle étoit la capitale, & à laquelle elle donnoit son nom. Pomponius-Mela, l. I. c. v. & Pline, l. V. c. j. rapportent que c’est une ville très-ancienne, qu’on disoit avoir été bâtie par Antée. Le dernier ajoute, que lorsque l’empereur Claude y transporta une colonie, le premier nom fut changé en celui de Traducta-Julia. Le nom de cette ville est différemment écrit par les anciens. Pomponius-Méla, dit Tinge ; Pline, Tingi ; & Ptolomée, Tingis.

Les habitans de Tingis, dit Plutarque, racontent qu’après la mort d’Antée, sa veuve appellée Tinga, coucha avec Hercule, & en eut un fils nommé Sophax, qui régna dans le pays & fonda cette ville, à qui il donna le nom de sa mere. Plutarque ajoute, que Sertorius ayant pris d’assaut la ville de Tingis, ne pouvant croire ce que les Africains disoient de la grandeur monstrueuse d’Antée qui y étoit enterré, il fit ouvrir son tombeau, où ayant trouvé à ce qu’on dit, un corps de soixante coudées de haut, il fut très-étonné, immola des victimes, fit religieusement refermer le tombeau, & par-là augmenta beaucoup la vénération qu’on avoit pour ce géant dans la contrée, & tous les bruits qu’on en semoit. Strabon donne aussi soixante coudées à ce corps d’Antée ; mais il fait entendre en même tems que c’est une fable, que Gabinius avoit débitée dans son histoire Romaine avec plusieurs autres.

La ville de Tingis étoit située sur le détroit, entre le promontoire, les côtes & l’embouchure du fleuve Valon, selon Ptolomée, l. IV. c. j. qui la surnomma Cæsarea. L’itinéraire d’Antonin la marque à 18 milles du lieu, nommé ad Mercuri ; c’est aujourd’hui la ville de Tanger.

2°. Ville de la Bétique ; Pomponius Méla dit, qu’il étoit de Tingis, en Bétique, colonie de Tingis, capitale de la Mauritanie tingitane, en Afrique. Cette Tingis en Espagne, patrie de Méla, étoit la même que Cetraria. (D. J.)

TINGLE, s. f. terme de Riviere, piece de merrain, dont on se sert pour étancher l’eau qui entreroit dans les bateaux, en mettant de la mousse tout-autour de la tingle.

TINIA, (Géog. anc.) Teneas, par Strabon, l. V. p. 225. fleuve d’Italie, dans l’Umbrie. Silius Italicus, l. VIII. vers. 454. fait entendre que c’étoit un petit

fleuve qui se jettoit dans le Tibre.

Narque albescentibus undi
In Tibrim properans, Teneæ que inglorius humor.

Le nom moderne, selon Cluvier, Ital. Ant. l. II. c. x. est, il Topino. (D. J.)

TINIAN, (Géog. mod.) île de l’Océan oriental, au sud-est de Saipan, & à l’ouest d’Acapulco. C’est une des principales îles Marianes ; elle s’étend du sud sud-ouest, au nord nord-est ; sa longueur est d’environ 12 milles, & sa largeur va à-peu-près à la moitié. Elle est sans habitans ; les Espagnols l’appellent Buona Vista, à cause de la beauté de sa vûe. En effet, cette île offre de tous côtés, en bois, en eau pure, en animaux domestiques, bœufs, cochons sauvages, & en légumes, tout ce qui peut servir à la nourriture, aux commodités de la vie, & au radoub des vaisseaux. L’amiral Anson y trouva même en 1742. une espece d’arbre, dont le fruit ressemble pour le goût au meilleur pain ; trésor réel, dit M. de Voltaire, qui transplanté, s’il se pouvoit, dans nos climats, seroit bien préférable a ces richesses qu’on va ravir parmi tant de périls au bout de la terre. L’île de Tinian gît à 15 deg. 8 min. de lat. septent. & à la longit. de 114 deg. 50. min. (D. J.)

TINKAL, s. m. (Hist. nat.) c’est le nom que les Indiens donnent au borax brut & impur qui n’a point encore été purifié. Voyez Borax & Sel Sédatif.

TINNEIA ou TINEIA, ou THINNEIA, (Géog. anc.) Servius fait la remarque suivante sur ce vers de Virgile, Æneid. l. III. v. 399.

Hic & Naritii posuerunt moenia Locri.

Les Locres épizéphyriens & ozoles furent, dit-il, les compagnons d’Ajax Oiléen ; mais ayant été séparés par la tempête, les Epizéphyriens aborderent en Italie, dans le pays des Brutiens & s’y établirent, tandis que les Ozoles jettés sur les côtes d’Afrique, s’établissoient dans la Pentapole. On lit encore, par rapport aux Ozoles, ajoute Servius, qu’ayant été portés à Tinneia, ils pénétrerent dans le pays, & y bâtirent une ville qu’on nomme aujourd’hui Usalis ou Ozalis. (D. J.)

TINNEL, s. m. (Lang. franç.) vieux mot qui signifioit le son d’une cloche du palais de nos rois pour indiquer l’heure des repas que le prince donnoit à sa cour aux grands seigneurs, ou aux officiers de sa maison. (D. J.)

TINNEN, (Géog. mod.) ville des états de l’empire Russien, dans la Sibérie ; les Tartares & les Samoïdes y portent quantité de pelleteries pour le commerce. (D. J.)

TINO, (Géog. mod.) les François disent Tin, petite île de la mer Méditerranée, sur la côte d’Italie, à l’entrée du golfe de la Spécie, au midi oriental de l’île Palmaria. Latit. 44. 8. (D. J.)

TINTAMARRE, s. m. (Science étymolog.) bruit que faisoient nos anciens vignerons & laboureurs, en frappant sur leurs marres ou leurs instrumens de labour, pour se donner quelque signal ; tintamarre signifie donc tinte ta marre.

Ce mot est purement françois, & vient du mot tinter & de celui de marre qui signifie béche ; c’est comme si l’on disoit, faire du bruit en frappant sur la marre.

Pasquier, l. VIII. c. ij. de ses Recherches, dit que les paysans des environs de Bourges avertissent leurs compagnons de quitter leur besogne en frappant avec des pierres sur leurs marres ; pourquoi, continue-t-il, ce ne seroit point à mon jugement, mal deviner, d’estimer que d’autant qu’au son du tint qui se faisoit sur la marre, s’excitoit une grande huée entre vignerons ; quelques-uns du peuple françois, avertis de cette façon, aient appellé tintamarre à la similitude de ceci, tout grand bruit & clameur qui se fait quelque part. (D. J.)