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timorée a son danger, ainsi qu’une conscience peu délicate ; en nous montrant sans cesse des monstres où il n’y en a point, elle nous épuise à combattre des chimeres ; & à force de nous effaroucher sans sujet, elle nous tient moins en garde contre les péchés véritables, & nous les laisse moins discerner. (D. J.)

TIMOTHÉE, herbe de, (Hist. nat. Bot. Economie rustique.) en anglois timothy grass, espece de gramen ou de lolium.

Le nom de cette plante lui vient de M. Timothée Hanson, qui, de Virginie, l’a apportée dans la Caroline septentrionale, d’où sa graine a été transportée en Angleterre, où on la cultive avec le plus grand succès. Elle réussit parfaitement, & croît avec une promptitude merveilleuse, sur-tout dans les terreins bas, aquatiques & marécageux, en trois semaines de tems elle y forme un gazon suffisant pour porter les bestiaux ; elle s’éleve fort haut, & ressemble assez à du blé ou à du seigle. Les chevaux & les bestiaux la mangent avec avidité & par préférence même au trefle & au sain-foin ; on peut la leur laisser paître verte, ou la leur donner séchée ; mais pour la donner seche, il faut qu’elle ait été fauchée dans toute sa seve & avant qu’elle fleurisse, sans quoi elle deviendroit trop dure. Des expériences réitérées faites en Angleterre ont fait connoître l’utilité de cette plante. Voyez le Weckly, amusement de Février 1763, p. 154.

TIMOTHIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés) hérétiques ainsi appellés de leur chef Timotheus Ælurus, qui prétendit dans le v. siecle que les deux natures s’étoient tellement mêlées dans le sein de la Vierge, qu’il en étoit résulté une troisieme qui n’étoit ni la divine ni l’humaine. On leur donna dans la suite le nom de Monothélites & de Monophysites. Voyez ces articles.

TIMPFEN, s. m. (Monnoie.) monnoie de compte dont on se sert à Konisberg & à Dantzich pour tenir les livres de marchands. Le timpfen, qu’on nomme aussi florin polonois, vaut trente gros polonois. (D. J.)

TIMURIDE, s. m. terme d’Histoire, nom que l’on donne à la famille des Tamerlans qui regnerent dans la Transoxane jusqu’en l’année 900 de l’hégire, qui répond à l’an 1494 de Jesus-Christ. (D. J.)

TIN-laurier, (Botan.) le laurier-tin, en anglois the laurustine, est un arbrisseau, dont Tournefort distingue trois especes ; la premiere est nommée tinus prior dans ses I. R. H. Il croît a la hauteur d’un cornouillet femelle, poussant plusieurs verges longues, quarrées, rameuses. Ses feuilles sont grandes, larges, presque semblables à celles du cornouiller femelle, & approchantes de celles du laurier, rangées deux à deux, l’une vis-à-vis de l’autre le long des branches ; ces feuilles sont noirâtres, luisantes, velues, toujours vertes, sans odeur, d’un goût amer, avec un peu d’astriction : ses fleurs naissent aux sommets des rameaux en bouquets, blanches, odorantes ; chacune d’elles est un bassin découpé en cinq parties. Quand cette fleur est passée, son calice devient un fruit qui approche en figure d’une olive, mais plus petit, & un peu plus pointu par le bout d’en-haut où il est garni d’une espece de couronne ; sa peau est un peu charnue, & d’une belle couleur bleue : on trouve dans ce fruit une semence couverte d’une peau cartilagineuse. Cet arbrisseau vient aux lieux rudes & pierreux.

La seconde espece de laurier-tin est appellée par le même Tournefort, tinus altera, I. R. H. Cet arbrisseau differe du précédent, en ce qu’il est plus rameux & en ce que ses branches sont plus fermes, couvertes d’une écorce rouge-verdâtre ; ses feuilles sont un peu plus longues, plus étroites & plus vei-

neuses ; sa fleur n’est pas si odorante, & elle tire un

peu sur le purpurin ; son fruit est plus petit & d’une couleur plus brune. Cet arbrisseau croit aux lieux incultes & maritimes.

La troisieme espece est le tinus tertia, I. R. H. C’est un arbrisseau plus petit en toutes ses parties que les précédens ; il fleurit deux fois l’année, au printems & en automne ; son fruit est d’un bleu noirâtre, d’ailleurs tout-à-fait semblable aux autres. On le cultive dans les jardins à cause de sa beauté, mais sa fleur a très-peu d’odeur.

Les fruits du laurier-tin, & principalement ceux de la derniere espece, sont fort âcres & brulans ; ils purgent par les selles avec violence, & il n’est pas à propos de s’en servir à cause de leur âcreté caustique. (D. J.)

Tin-laurier, (Agricult.) la beauté du laurier-tin consiste principalement dans ses fleurs qui croissent à Noël, & pendant la plus grande partie de l’hiver. On le multiplie en semant son fruit, & en le gouvernant de même que celui du houx ; cependant la voie la plus prompte est de coucher en terre dès le mois de Septembre ses branches les plus tendres qui prendront racine aussi-tôt, & fourniront des plantes telles qu’on les veut. Le laurier tin croît fort vîte, mais il devient rarement un grand arbre. On en forme souvent une plante à tête, que l’on place dans les parterres parmi les houx & les ifs ; il convient mieux de le planter auprès d’un mur, ou dans des bosquets où on pourroit éviter de le tailler à cause de ses fleurs, dont une main mal-adroite nous prive assez souvent en le taillant mal-à-propos.

Cette plante, ainsi que toutes les plantes exotiques, est disposée à fleurir dans la saison où tombe le printems dans leur climat naturel. Bradley prétend que toutes les plantes qui viennent du cap de Bonne-Espérance poussent leurs rejettons les plus forts, & commencent à fleurir vers la fin de notre automme, qui est le tems du printems dans cette partie de l’Afrique d’où on nous les apporte. Pareillement toutes les autres qui viennent des différens climats, conservent l’ordre naturel de leur végétation. Ainsi c’est dans notre saison du printems qu’on doit tailler ces plantes exotiques, afin qu’elles puissent mieux se disposer à pousser dans l’hiver de fortes tiges à fleurs.

Le laurier-tin, quoique tendre à la gelée, aime à croître à l’ombre, & fleurit fort bien dans la terre franche, sans le secours d’aucun engrais, qui le feroit avancer trop vîte, le rendroit plus sensible au froid, & sujet à employer sa seve pour des tiges inutiles qui empêcheroient l’arbre de fleurir. (D. J.)

Tins, s. m. pl. (Marine.) grosses pieces de bois, qui soutiennent sur terre la quille & les varangues d’un vaisseau, quand on le met en chantier & qu’on le construit. Voyez Construction & Lancer un vaisseau a l’eau.

TINAGOGO, s. m. terme de relation, nom d’une idole des Indiens, imaginée par Fernand Mandez Pinto ; elle a, selon lui, un temple magnifique dans le royaume de Brama, près de la ville de Meydur.

Ce voyageur romanesque s’est amusé à décrire le temple de cette idole, ses prêtres, ses processions, la quantité de peuples qui s’y rendent chaque année, les milliers de personnes qui traînent avec des cordes le char de Tinagôgô, les martyrs qui viennent se faire couper en deux sous les roues du char, les autres dévots à l’idole qui se taillent par morceaux, s’égorgent, se fendent le ventre sur la place, & autres contes semblables, qui forment peut-être l’article le plus long & le plus faux du dictionnaire de Trévoux.

Toutes les fictions du récit de Pinto sautent aux