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matieres, ne sont pas absolument déterminées ; c’est à celui qui en fait usage à les varier, pour découvrir celles qui produisent des timbres dont le son est le plus agréable.

Comme dans les carillons on a souvent de la peine à assortir les timbres à la suite des tons que l’on veut employer, on est alors obligé de les limer près de leurs bords, pour les rendre plus aigus. Voyez Carillon.

Timbre, s. m. (Pelleterie.) ce mot se dit d’un certain nombre de peaux de martes zibelines ou d’hermines, attachées ensemble par le côté de la tête, qui viennent ainsi de Moscovie & de Laponie ; chaque timbre, que l’on appelle aussi masse, est composé de vingt paires ou couples de peaux. Une caisse de marte zibeline assortie telle qu’elle vient de Moscovie contient dix timbres, qui font quatre cens peaux. On dit aussi un demi timbre, pour dire vingt peaux ou la moitié d’un timbre. Autrefois le timbre étoit en France de trente paires, ou soixante peaux. Le lunde de peaux contient trente-deux timbres. Savary. (D. J.)

Timbre, terme de Blason, ce mot se dit de tout ce qui se met sur l’écu qui distingue les degrés de noblesse ou de dignité, soit ecclésiastique, soit séculiere, comme la tiare papale, le chapeau des cardinaux, évêques & protonotaires, les croix, les mitres, les couronnes, bonnets, mortiers, & sur-tout les casques, que les anciens ont appellés particulierement timbres, parce qu’ils approchoient de la figure des timbres d’horloges, ou parce qu’ils résonnoient comme les timbres quand on les frappoit. C’est l’opinion de Loyseau qui prétend que ce mot vient de tintinnabulum.

Les armoiries des cardinaux sont ornées d’un chapeau rouge qui leur sert de timbre. Les rois & les princes portent le timbre ouvert ; les ducs, les marquis & les comtes le portent grillé & mis de front ; les vicomtes, les barons & les chevaliers le portent un peu tourné, & on le nomme alors de trois quartiers. (D. J.)

TIMBRÉ, TIMBRER, voyez Timbre, Jurisprudence.

TIMBRÉES, armes, terme de Blason, armes qui sont chargées d’un timbre, & qui n’appartiennent qu’aux nobles, suivant les regles du blason. Voyez Timbre. (D. J.)

TIMESQUIT, (Géog. mod.) ville d’Afrique, & l’une des principales de la province de Dara, selon Marmol, qui dit qu’elle a un gouverneur avec des troupes, pour arrêter les courses des béréberes de Gezula, & pour recueillir les contributions du pays qui abonde en dattes, en blé, en orge & en troupeaux. (D. J.)

TIMETHUS, (Géog. anc.) fleuve de Sicile. Son embouchure est placée par Ptolomée, l. III. c. iv. sur la côte septentrionale, entre Tyndarium & Agathyrium. Le nom moderne, selon Fazel, est Traina. (D. J.)

TIMIDE, adj. m. & f. TIMIDITÉ, s. f. (Gram. & Morale.) appréhension, retenue dans ses discours ou dans ses actions ; il y a une aimable timidité qui vient de la crainte de déplaire ; on doit la chérir, c’est la fille de la décence. Il y en a une autre qui vient d’un certain manque d’usage du monde, & dont il est dangereux de reprendre les personnes qu’on en veut corriger. Il y a aussi une timidité stupide, naturelle à un sot embarrassé de savoir que dire. Enfin il y a une quatrieme espece de timidité, qui procede du mal aise d’un libertin qui ne se sent pas à sa place auprès d’une honnête fille. (D. J.)

TIMIDENSIS, (Géog. anc.) siege épiscopal d’Afrique, dans la province proconsulaire, où Benenatus est qualifié Timidensis episcopus. Le nom de cette ville étoit Timida regia. (D. J.)

TIMOK, le, ou le TIMOC, (Géog. mod.) riviere de la Turquie européenne, dans la Bulgarie, où elle se joint au Danube. On croit que c’est le Cebrus d’Antonin, si tant est que le mot Cebrus dans ce géographe désigne une riviere. (D. J.)

TIMON, s. m. (Marine.) piece de bois longue & arrondie, dont l’une des extrémités répond du côté de l’habitacle à la manivelle que tient le timonnier, où elle est jointe par une cheville de fer qui lui est attachée, & qui entre dans la boucle de la manivelle. De-là elle passe par la sainte-barbe ; & portant sur le traversin, elle entre dans la jauniere, & aboutit à la tête du gouvernail qu’elle fait jouer à stribord & à bas-bord, selon qu’on la fait mouvoir à droite ou à gauche. Voyez Marine, Pl. IV. fig. 1. n°. 177. barre du gouvernail.

Timon, s. m. (Charronage.) longue piece de bois de frêne ou d’orme mobile, qui fait partie du train d’un carrosse où l’on attele les chevaux, & qui sert à les séparer & à reculer. Un timon de carrosse doit avoir au-moins neuf piés de longueur, & trois piés neuf pouces & demi en quarré par le menu bout quand il est en grume.

Le timon d’une charrue est cette longue piece de bois formée effectivement en timon, au bout d’enbas de laquelle sont attachées le manche de la charrue & les autres parties qui contribuent à fendre la terre, & le bout d’en-haut de ce timon se pose sur la sellette, où il est arrêté par le moyen de l’anneau d’une chaîne de fer.

Le timon d’une charrette, nommé plus communément limon, sont les pieces de bois entre lesquelles on met le cheval qui tire la charrette. (D. J.)

TIMONIUM, (Géog. anc.) 1°. lieu fortifié dans la Paphlagonie, selon Etienne le géographe. Il donnoit son nom à une contrée nommée Timonitis, par Strabon, l. XII. p. 562. & Ptolomée, l. V. c. j. C’étoit la partie de la Paphlagonie, qui étoit limitrophe de la Bithynie. Les peuples de cette contrée sont appellés Timoniacenses par Pline, l. V. c. xxxij.

2°. Timonium, Strabon, l. XVII. p. 794. nomme ainsi la maison qu’Antoine bâtit auprès d’Alexandrie d’Egypte pour sa retraite. Plutarque en parle aussi. Antoine quittant la ville d’Alexandrie, & renonçant au commerce du monde, se fonda une retraite secrette auprès du Phare sur une jettée qu’il fit dans la mer, & se tint là en fuyant la compagnie des hommes ; il déclara qu’il aimoit & vouloit imiter la vie de Timon, parce qu’il avoit éprouvé la même infidélité & la même perfidie ; qu’enfin n’ayant reçu de ses amis qu’injustice & qu’ingratitude, il se défioit de tous les humains, & les haïssoit tous également. C’est l’origine du nom de Timonium ou de la maison de Timon, qu’il avoit donné à sa retraite maritime. Voyez le mot Triumvirat. (D. J.)

TIMONNIER, s. m. (Marine.) c’est celui qui, posté au-devant de l’habitacle, tient le timon du gouvernail pour conduire & gouverner un vaisseau.

Timonnier, s. m. terme de Messager, cheval qu’on met au timon du carrosse, de voiture ou autre, & qui est opposé à celui qu’on met à la volée. (D. J.)

TIMOR, METUS, (Lang. lat.) ceux qui sont versés dans la latinité recherchée savent que ces deux mots ne sont pas entierement synonymes. Timor regarde la frayeur d’un péril prochain ; metus, la crainte d’un danger éloigné. (D. J.)

Timor, (Géog. mod.) île de la mer des Indes, au midi des Moluques & au levant de celle de Java. On lui donne soixante lieues de long, & quinze dans sa plus grande largeur. On en tire du bois de Santal, de la cire & du miel. Les Hollandois y ont un fort assez bien situé pour le commerce de la compagnie. (D. J.)

TIMORÉE, conscience, (Morale.) la conscience