L’Encyclopédie/1re édition/CARILLON

CARILLON, s. m. (Horlogerie.) horloge ou pendule à carillon ; c’est une horloge qui sonne ou répete un air à l’heure, à la demie, & quelquefois aux quarts.

Ces horloges sont fort communes en Flandre ; on en voit presqu’à toutes les églises : mais dans ce pays-ci elles sont assez rares. L’horloge de la Samaritaine est je crois la seule de cette espece qui soit dans Paris.

Quant aux pendules à carillon, elles sont beaucoup plus en usage en Angleterre qu’ici, où on en fait peu.

Les carillons sont faits sur les mêmes principes que les serinettes, ou les orgues d’Allemagne. Dans celles-ci les tons sont formés par des petits tuyaux d’orgue ; dans les carillons, ils le sont par des timbres ou des cloches, dont les diametres doivent suivre exactement le diapason. Voyez Diapason & l’article Cloche. Ils ont de même un tambour qui a des chevilles sur sa circonférence, lesquelles au lieu de lever des touches comme dans ces orgues, baissent les leviers pour les faire frapper sur les timbres. (T)

Comme les cloches des carillons sont souvent fort éloignées du cylindre étant placées symmétriquement dans une lanterne élevée au-dessus du bâtiment qui contient l’horloge, on transmet à leurs marteaux l’action des chevilles du cylindre par des fils de fer attachés d’un bout à la queue du marteau, & de l’autre au milieu d’une bascule, fixée par une de ses extrémités. Voyez Clavier du grand orgue ; & pour la maniere de noter le cylindre, l’article Serinette. Il faut remarquer que le clavier du cylindre ne peut pas être touché avec les doigts, parce que le cylindre occupe la place de l’Organiste ; & d’ailleurs que les touches sont trop larges & toutes de même longueur, les feintes n’étant point distinguées par ces sortes de claviers. Si donc on veut y en ajuster un que l’on puisse toucher avec les doigts, on placera le clavier où on jugera à propos, & par le moyen d’un ou de plusieurs abrégés (voyez Abregé), on établira la sonnerie entre les touches du clavier & les leviers, ou queues des marteaux.

On conçoit facilement que lorsque le carillon répete par le moyen du cylindre, il faut une puissance qui le fasse tourner comme, par exemple, un ressort, un poids, dont le mouvement est modésé par le moyen d’un roüage, comme, dans les sonneries. Voy. Sonnerie. Il est encore facile d’imaginer qu’il y a une détente qui correspond à l’horloge, au moyen de laquelle le carillon sonne aux heures & aux demies, &c. & que cette détente est disposée de façon, qu’il sonne toûjours avant l’horloge, & que celle-ci ne peut sonner qu’après le carillon.

Quant à la maniere de noter le tambour, elle est la même que pour les orgues d’Allemagne. Voyez Serinette, Orgue d’Allemagne.

Les tableaux mouvans, & les figures qui jouent des airs, soit avec un violon, un tambourin, &c. sont faites sur le même principe ; c’est toûjours un tambour, qui faisant un tour dans un tems donné, leve des bascules, qui par de petites chaînes font mouvoir les doigts, les bras, &c. Tel étoit, par exemple, l’admirable flûteur de M. de Vaucanson. Voyez l’article Androide.