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pour ne point troubler leur sommeil. Quand les thyiades furent éveillées, & revenues de leur phrénésie, les Amphissiennes leur donnerent à manger, les traiterent avec honneur, & obtinrent permission de leurs maris de les reconduire jusqu’en lieu de sûreté. Seconde preuve.

Les Eléens avoient une compagnie de ces femmes consacrées à Bacchus, qu’on appelloit les seize, parce qu’elles formoient toujours ce même nombre. Dans le tems qu’Aristotime qui avoit occupé la tyrannie, traitoit ce peuple avec la derniere dureté, ils lui envoyerent les seize, dans le dessein d’obtenir de lui quelque grace. Chacune d’elles étoit ornée d’une des couronnes consacrées au dieu Bacchus. Le tyran se tenoit alors dans la grande place, entouré de soldats de sa garde, qui voyant arriver les thyiades, se rangerent par respect de côté & d’autre pour les laisser approcher d’Aristotime ; mais dès que le tyran eut appris le sujet de leur venue, il les fit chasser, & les condamna chacune à deux talens d’amende. Ce procédé indigna tellement les Eléens, qu’ils conspirerent sa perte, & se défirent de lui. (D. J.)

THYIASES, (Antiq. greq.) on appelloit ainsi les danses des bacchantes en l’honneur du dieu qui les agitoit. Il y a d’anciens monumens qui nous représentent les gestes & les contorsions affreuses qu’elles faisoient dans leurs danses ; l’une paroît un pié en l’air, haussant la tête vers le ciel, ses cheveux négligés flottans au-delà des épaules, tenant d’une main un thyrse, & de l’autre une petite figure de Bacchus ; une autre bacchante, plus furieuse encore, les cheveux épars, le corps à demi-nud, dans la plus violente contorsion, tient une épée d’une main, & de l’autre la tête d’un homme qu’elle vient de couper. (D. J.)

THYELLIES, s. f. pl. (Antiq. greq.) fêtes en l’honneur de Vénus, qu’on invoquoit dans les orages ; θύελλα, orage, tempête. (D. J.)

THYIES, (Mythol.) ce sont les fêtes de Bacchus honoré par les Thyiades. Voyez Thyia. (D. J.)

THYITES, (Hist. nat.) nom donné par Dioscoride à une terre compacte, & endurcie comme une pierre qui se trouvoit en Egypte, & dont on vantoit les vertus dans les maladies des yeux. Il paroît par ses vertus que cette terre pouvoit être vitriolique. Quelques-uns ont cru que Dioscoride avoit voulu désigner sous ce nom la turquoise, d’autres ont cru que c’étoit un marbre verd.

THYLACION, (Méd. anc.) θυλάκιον ; ce mot grec désigne dans les anciens auteurs, la bourse qui est formée par les membranes du fœtus à l’orifice des parties naturelles peu avant l’accouchement. Il n’y a que les Grecs qui ayent exprimé par un seul mot des phénomenes aussi cachés à nos yeux. (D. J.)

THYLLA, (Antiq. greq.) θύλλα ; fête particuliere en l’honneur de Vénus. (D. J.)

THYM, ou THIM, s. m. (Hist. natur. Botan.) thymus ; genre de plante à fleur monopétale labiée, dont la levre supérieure est relevée, & le plus souvent divisée en deux parties, & l’inférieure en trois.

Le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les tiges sont dures & ligneuses, & que les fleurs sont réunies en maniere de tête. Tournefort, I. R. H. Voyez Plante.

Entre les douze especes de thym que compte Tournefort, il y en a bien deux ou trois dont il faut dire un mot ; le principal est le thym de Crete, thymus capitatus, qui Dioscoridis, I. R. H. en anglois, the headed-thyme from Creta.

C’est un sous-arbrisseau qui croît à la hauteur d’un

pié ; il pousse plusieurs rameaux, grêles, ligneux, blancs, garnis de petites feuilles opposées, menues, étroites, blanchâtres, qui tombent l’hiver en certains lieux, selon Clusius, & qui sont d’un goût âcre. Ses fleurs naissent en maniere de tête aux sommets des rameaux, petites, purpurines, formées en gueule ; chacune est un tuyau découpé en deux levres avec quatre étamines à sommets déliés. Quand cette fleur est passée, il lui succede quatre semences presque rondes, renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur.

Cette plante, dont l’odeur est agréable, est des plus communes en Candie, dans l’île de Corfou, dans toute la Grece, en Espagne, en Sicile, le long des côtes maritimes tournées au midi, sur les montagnes, & aux autres lieux exposés au soleil ; on la cultive dans les jardins des curieux ; sa fleur varie en couleur suivant le terroir.

Thym, (Chimie & Mat. médic.) plante aromatique de la classe des labiées de Tournefort.

Toute cette plante répand une odeur très-agréable, quoique assez forte. Elle a un goût âcre & amer. On emploie principalement ses feuilles & ses fleurs, ou plutôt leurs calices ; car on doit compter les pétales à-peu-prés pour rien comme dans toutes les fleurs des plantes de cette classe.

La marjolaine & le serpolet sont celles des plantes labiées avec lesquelles le thym a le plus de rapport. M. Cartheuser assure que l’huile essentielle de thym est plus âcre que celle de marjolaine, & que la premiere plante contient aussi une plus grande quantité du principe camphré, dont nous parlerons plus bas. L’huile essentielle de thym est d’une couleur dorée ou rouge. M. Cartheuser en a retiré environ un gros & demi d’une livre de plante. Cette huile est, selon une expérience de Neumann, rapportée dans le miscellanea berolinensia, en partie liquide, & en partie concrete, dès le tems même de la distillation ; c’est-à-dire qu’en distillant le thym avec l’eau, selon la méthode ordinaire, il s’éleve un principe huileux concret, un vrai camphre capable d’obstruer le bec de l’alembic, &c. Voyez Camphre.

Le thym est rarement employé dans les remedes magistraux destinés à l’usage intérieur. Il est sûr cependant que réduit en poudre, ou bien infusé dans l’eau, dans le vin, &c. il pourroit servir utilement dans tous les cas pour lesquels on emploie les feuilles ou les fleurs de sauge, & qu’il fourniroit même dans tous ces cas un remede plus efficace ; on peut regarder ces remedes, & sur-tout la poudre, comme de bons emmenagogues, aristolochiques, &c. comme stomachiques, cordiaux, vulnéraires, &c.

L’usage du thym pour les remedes extérieurs est plus fréquent. On le fait entrer assez généralement dans la composition des vins aromatiques, des lotions & des demi-bains qu’on destine à fortifier les membres, à en dissiper les enflures, à en calmer les douleurs, &c.

Le thym que les botanistes appellent de Crete, qui est celui de Dioscoride & des anciens, & qui est absolument analogue à notre thym commun, a été employé dans plusieurs anciennes compositions officinales, telles que la confection hamech, l’aurea alexandrina, &c. Les modernes emploient le thym vulgaire dans un grand nombre de compositions tant externes qu’internes, & ils y font entrer aussi ses principes les plus précieux, son huile essentielle par exemple, dans le baume nervin & dans le baume apoplectique ; son eau distillée dans une eau composée, appellée aromatique par excellence, aqua odorata, seu milleflorum, de la pharmacopée de Paris. (b)

THYMBRE, s. f. (Hist. nat. Botan.) thymbra, genre de plante qui ne differe du thym, de la sarriette & du calament, qu’en ce que ses fleurs sont disposées